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Bientôt en France

Greffe d'utérus : une première réalisée aux Etats-Unis avec une donneuse décédée

Par Fabien Nizon

Un centre hospitalier américain a réussi une greffe d'utérus sur une femme à partir d'une donneuse décédée. En France, deux équipes se préparent à ce type d'opération.

AP/SIPA

Après une tentative infructueuse en 2013 en Turquie et en 2009 en Arabie saoudite, une équipe de la Cleveland Clinic, aux États-Unis, a réussi le 24 février la première greffe d'utérus à partir d'une donneuse décédée.
La patiente, âgée de 26 ans, est aujourd'hui dans un état « stable », selon les médecins. Elle devra toutefois attendre un an avant d'essayer de tomber enceinte, le temps de son rétablissement. Une grossesse signerait alors la réussite complète de l'opération, et d'une alternative intéressante à celles réalisées à partir de donneuses vivantes.

Des grossesses à risque

En Suède, neuf transplantations de ce type ont en effet déjà été effectuées. Sept utérus se sont avérés fonctionnels, et cinq femmes ont pu vivre une grossesse normale et accoucher. Une réussite, qui va bien au-delà des prévisions des médecins. Mais ces opérations sont d'une grande complexité, avec notamment des risques opératoires importants pour les donneuses : lésions de l'uretère, hémorragie, thrombose. Les greffes à partir de femmes décédée évitent ces risques.

Dans les deux cas, les grossesses sont cependant cependant délicates.  Les médicaments immunosuppresseurs, indispensables pour empêcher le rejet de l'utérus implanté, sont des traitements assez lourds. Ils n'affectent pas le fœtus, mais augmentent notamment l'hypertension artérielle et le risque de prématurité. L'utérus est d'ailleurs enlevé après la naissance d'un ou deux enfants, afin de permettre à la femme de ne plus suivre ce traitement.

Une course au bébé

Avec ce succès, les Etats-Unis prennent donc un peu d'avance sur la France. Le CHU de Limoges espérait fin 2015 devenir le premier au monde à donner naissance à un enfant à partir d'un utérus provenant d'une défunte. L'équipe de gynécologie obstétrique, conduite par Tristan Gauthier et Pascal Pivert, a obtenu en novembre le feu vert des autorités de santé. Elle pourrait ainsi conduire une première greffe dès la fin 2016, avec l'espoir d'une première naissance à la fin 2018. À l'hôpital Foch de Suresnes, les Prs Jean-Marc Ayoubi et René Frydman se préparent également à cette opération.