Les Français s’inquiètent de ce qu’ils mangent, mais pas toujours des produits qu’ils appliquent sur leur visage ou leur corps. Une grande partie des perturbateurs endocriniens présents dans l’organisme pourraient pourtant être éliminés en supprimant les cosmétiques bio, d’après une étude américaine publiée dans Environmental Health Perspectives.
100 adolescentes ont été recrutées par l’université de Berkley et la Clinica de Salud del Valle de Salinas pour analyser les modifications engendrées par un changement de gamme de cosmétiques vers le bio. Elles avaient à leur disposition des produits sans phtalates, sans parabène, sans triclosan et sans oxybenzone, quatre perturbateurs endocriniens que l’on retrouve couramment dans les paniers des consommatrices.
« Parce que les femmes sont les principales consommatrices de beaucoup de produits d’hygiène, elles sont plus susceptibles d’être exposées à ces produits chimiques », explique Kim Harley, responsable de l’étude et directrice adjointe du Center for Environmental Research and Children’s Health de l’université de Berkeley. « Le risque pourrait être encore plus important pour les adolescentes, qui sont à une phase clé du développement de leur système reproductif, et qui utilisent plus de produits cosmétiques que la moyenne des femmes adultes, selon des études ».
Deux fois moins de parabène en trois jours
L’analyse des échantillons d’urine des adolescentes, effectuée trois jours après le début de l’étude, a montré que le taux de phtalate de diéthyle – présent dans les parfums – avait baissé de 27 %. Deux types de parabène utilisés pour la conservation des produits cosmétiques avaient presque disparu de moitié (44 % et 45 %). Les concentrations de triclosan (savons antibactériens, dentifrice) et l’oxybenzone (crème solaire) avaient diminué de 36 %.
Des résultats très significatifs, et très rapides. Les scientifiques ont cependant tenu à préciser que le taux de deux types de parabène plus rares avait légèrement augmenté, sans doute en raison de la présence non déclarée dans les produits ou d’une contamination accidentelle lors de l’expérience.
Moins de produits chimiques, moins de risques
« L’un des objectifs de cette étude était aussi d’alerter les participantes du nombre de produits chimiques présents dans les produits quotidiens, et ainsi de les aider à prendre conscience de ce qu’ils utilisaient », s’est félicitée Maritza Cárdenas, étudiante à Berkeley et co-auteur de l’étude, en estimant que le contrat était rempli.
« L’observation de telles chutes dans les taux de produits chimiques, seulement après trois jours d’expérience, montre que des mesures simples, comme choisir des produits moins chimiques, peuvent faire une différence », a ajouté la chercheuse.
Elle avoue d’ailleurs avoir elle-même décidé de changer ses habitudes en tant que consommatrice. « C’est difficile, car en tant qu’étudiant, nous n’avons pas beaucoup d’argent, déplore-t-elle. Mais quand on ne peut pas faire le meilleur choix possible à cause du coût, on peut au moins essayer de limiter l’utilisation des produits que l’on achète. »