« En ce qui me concerne, ce n’était pas une grossesse à risque. C’est survenu sans prévenir », se rappelle Sophie Layer, 38 ans. La jeune femme parle de l’accouchement de son deuxième enfant, Maxence. Il a eu lieu à 31 semaines d’aménorrhée, soit 6 mois et demi de grossesse. Maxence est ce que l’on appelle un grand prématuré : un enfant né entre 22 semaines et 32 semaines d’aménorrhée, quel que soit son poids de naissance, alors qu’une grossesse normale dure entre 40 et 41 semaines.
Les grossesses prématurées augmentent significativement depuis 1992. En France en 2010, 6,6 % des enfants sont nés prématurément. Alors que la France se situait au 7e rang européen des plus faibles taux de mortalité infantile en 1999, elle dégringolait à la 20e place en 2009 (1). L’une des causes invoquées pour expliquer ces chiffres est justement la progression du taux de naissances prématurées (2).
En moyenne, 60 % des accouchements prématurés sont d’origine spontanée et 40 % induits par les médecins d’après l’Inserm. Les facteurs de risque sont par exemple « l’âge maternel, les femmes ayant bénéficié d’un traitement contre l’infertilité, les comportements à risque tels que fumer, boire, ou encore le surpoids » énumère le Pr Elie Saliba, pédiatre, chef de service au CHU de Tours et également président de la Société française de néonatologie.
Mais il existe toutefois des grossesses qui ne sont pas à risque et qui aboutissent sans que l’on sache déterminer pourquoi à une naissance prématurée. « N’importe quelle grossesse peut être à risque », indique le Pr Elie Saliba. Cela a été le cas pour Charlotte Bouvard, fondatrice de SOS Préma, qui a accouché à 32 semaines et 2 jours à la suite d’un décollement placentaire.
Ecoutez Charlotte Bouvard, fondatrice de SOS Préma, présidente du Collectif prématurité : « J’aurai dû pouvoir reconnaître des symptômes précurseurs de cet accouchement prématuré ».
Pour la fondatrice de SOS Préma, les femmes ne sont pas assez informées sur le sujet de la prématurité. La prévalence pourrait ainsi en être réduite. C’est le propos du Collectif prématurité, une plateforme créée ce jour à l’initiative de cette association et de la Société française de néonatologie, pour réunir les acteurs concernés par le sujet. Elle a proposé 5 axes d’actions « afin d’améliorer la prise en charge de la prématurité », dont des actions de prévention.
Mieux informées, les futures mamans seraient en mesure de se rendre plus rapidement à l’hôpital dans le cas de signes avant-coureurs d’un accouchement précoce, et ainsi d’améliorer leur prise en charge par la suite. « On m’avait préconisé du repos, raconte Sophie Layer, la maman de Maxence. Je prenais soin de moi, mais je n’ai pas été assez vigilante lorsque j’ai ressenti des contractions. Je n’étais pas informée… »
« En France, nous avons un très bon système de suivi de grossesse. Mais les femmes doivent être mises au courant des modalités de surveillance qui existent », a déclaré le Pr Elie Saliba, qui prend la vice-présidence du Collectif prématurité. Par exemple, l’entretien prénatal précoce qui doit être systématiquement proposé, reste insuffisamment pratiqué relève le Collectif. Seulement 25% des femmes cadres et 18% des femmes non cadres y ont accès. Cela reflète également que la précarité en particulier reste une cause importante de prématurité, y compris en ce qui concerne les comportements à risque. « La prévention passe par l’éducation et l’information », rappelle le Pr Saliba.
« Nous réclamons une politique de santé prématurité spécifique », conclut Charlotte Bouvard. La création du Collectif prématurité est une première étape. A leur initiative, des assises devraient être tenues dans 6 mois. Elles seront l’occasion d’émettre des propositions concrètes sur le sujet.