Au cœur des saisons mais aussi des âges de la vie. Le Congrès francophone d’allergologie se tient Porte Maillot (Paris) du 19 au 22 avril. Au cœur des présentations, le rôle saisonnier des allergies. Les spécialistes se sont aussi massés autour d’une thématique non moins négligeable : le poids des variations de la vie hormonale d’une femme sur l’asthme. Il ressort des présentations que quatre périodes sont à surveiller avec attention : l’adolescence, la semaine prémenstruelle, la grossesse et la ménopause. Ce sont en effet des moments de grands changements sur le plan des hormones. Ils peuvent être propices aux aggravations.
Un risque en période prémenstruelle
Dans l’ensemble, les femmes sont davantage touchées par l’asthme que les hommes. Mais avant la puberté, ce rapport est inversé. Comme le rappelle le Dr Anne Prud’homme, pneumologue au Centre hospitalier de Bigorre (Tarbes, Hautes-Pyrénées), les idées reçues ne sont pas rares concernant ce moment de la vie. « Des idées de grand-mère veulent que l’asthme passe à ce moment, explique-t-elle. C’est une énorme bêtise : il ne s’agit pas d’une maladie qu’on guérit, mais qu’on contrôle. »
Avec la puberté surviennent les premières règles. Chez les jeunes filles, la période prémenstruelle peut favoriser une aggravation des symptômes. Jusqu’à 40 % des asthmatiques de sexe féminin sont touchées, selon les études. « Il faut rechercher cette information, non parce qu’on peut la traiter parce qu’on comprend mal les mécanismes, mais parce que ces patientes doivent être suivies », alerte le Dr Prud’homme. En effet, l’aggravation de l’asthme – appelée exacerbation – se produit souvent le premier jour des menstruations.
Mais les travaux sont rares à ce sujet, et les pneumologues ont encore peu d’informations sur les causes de cet asthme prémenstruel. Les variations des hormones sexuelles pourraient entrer en ligne de compte : des récepteurs aux œstrogènes, à la progestérone et aux androgènes sont présents dans les poumons.
La grossesse à surveiller
Plus tard dans la vie d’une femme peut survenir une grossesse. Lors de cette période, l’asthme est la maladie chronique la plus fréquente, avec 3 à 12 % de personnes touchées. Les complications sont elles aussi régulières puisque une sur cinq consulte un médecin à cause d’une exacerbation. Et pour cause : la grossesse est une période de haute instabilité durant laquelle ce risque est doublé.
Dans ces conditions, poursuivre le traitement est incontournable. « On ne dit pas d’une patiente qu’elle est enceinte mais qu’elle est asthmatique. La grossesse est un événement physiologique naturel », souligne Anne Prud’homme. Mais de nombreuses futures mamans interrompent leur traitement avec de lourdes conséquences pour le fœtus : lorsque les bronches s’obstruent, le taux d’oxygène chute immédiatement chez lui. « Cela crée des complications de la grossesse, des petits poids de naissance et des prématurités, énumère la pneumologue. Le premier objectif est donc que la mère n’ait jamais de manque d’oxygène. » D’autant que les traitements n’ont pas de toxicité lors de la gestation, comme le précise le Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT).
Le flou autour de la ménopause
Même lorsque les taux d’hormones s’effondrent, elles continuent d’avoir un effet sur la santé des poumons. L’asthme périménopausique touche 1,15 femmes pour 1 000 chaque année. Le plus souvent, ces cas ne sont pas associés à un risque d’allergie. C’est à peu près la seule information certaine dans ce domaine. « On sait que les choses bougent, mais c’est le flou total concernant les causes de cet asthme »
Le plus souvent non atopique (sans susceptibilité de développer des allergies) et associé à une obésité. Le THS pourrait augmenter le risque, mais les données sont disparates à ce sujet. « On sait que les variations hormonales font évoluer l’asthme, des patientes deviennent asthmatiques au moment de la ménopause, explique Anne Prud’homme. On suppose donc, de façon assez solide, que les variations peuvent influencer cela. »
Mais sur le plan thérapeutique, ces données ne peuvent se traduire par aucune adaptation de la prise en charge. Le doute persiste notamment sur l’effet des traitements hormonaux de la ménopause, utilisés pour réduire les effets secondaires tels les bouffées de chaleurs ou les sueurs nocturnes.