L’allaitement maternel n’est pas suffisamment protégé et encouragé dans la plupart des pays du monde, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l’UNICEF et le Réseau international des groupes d’action pour l’alimentation infantile (IBFAN).
Ces agences internationales recommandent que les nourrissons soient nourris exclusivement au sein pendant leur 6 premiers mois de vie. Une préconisation loin d’être suivie puisque seulement 40 % des bébés du monde entier sont exclusivement allaités avant 6 mois. Un taux stable depuis deux décennies. Pourtant, si l’allaitement devenait universel, plus de 820 000 enfants de moins de 5 ans seraient sauvés chaque année ainsi que 20 000 femmes.
Pour promouvoir l’allaitement au sein et réduire le recours au lait artificiel, l’OMS a rédigé et fait voter le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel en 1981. Il demande aux pays d’interdire toute forme de publicité pour des laits industriels, des tétines ou biberons auprès du public, ainsi que la distribution d’échantillons gratuits. Il exige également que les étiquettes de produits de substitution affiche clairement la supériorité de l’allaitement en matière nutritionnel et santé.
Un marché en pleine expansion
Sur les 194 pays analysés, 135 disposent de lois destinées à faire appliquer le Code. Depuis 2011, date du dernier rapport, 32 pays supplémentaires se sont engagés dans la protection de l’allaitement. Mais seulement 39 états ont mis en place des lois intégrant l’ensemble des dispositions du Code. Les pays disposant d’une politique complète en accord avec le texte sont dans la Région de l’Asie du Sud-Est de l’OMS, suivie de la Région africaine et Méditerranée orientale. Dans l’ensemble, les pays les plus riches accusent un retard important par rapport aux pays les plus pauvres.
« Il est encourageant de voir davantage de pays adopter des lois destinées à protéger et à promouvoir l’allaitement au sein mais il y a toujours un trop grand nombre d’endroits où les mères sont inondées d’informations incorrectes et tronquées par l’intermédiaire de la publicité ou l’allégation de bénéfices pour la santé non confirmés, déplore le Dr Francesco Branca, Directeur du Département Nutrition pour la santé et le développement à l’OMS. Ceci peut fausser le point de vue des parents et éroder leur confiance dans l’allaitement au sein avec pour résultat que beaucoup trop d’enfants ne reçoivent pas ses nombreux bienfaits ».
Résultat : le secteur du lait industriel est en pleine expansion. Les ventes annuelles mondiales s’élèvent à près de 45 milliards de dollars américains. D’ici 2019, elles passeront à 70 milliards, soit une hausse de plus de 55 %. « La bataille pour augmenter les taux d’allaitement exclusif sera rude mais en vaut la peine, affirme Werner Schultink, responsable de la nutrition à l’UNICEF. Les mères méritent de disposer d’informations justes et d’avoir les moyens de protéger la santé et le bien-être de leurs enfants. Des pratiques commerciales habiles ne devraient pas être autorisées pour déformer les faits : le lait maternel n’a pas d’égal ».