En France, le dépistage du diabète gestationnel suit un mode sélectif en fonction de plusieurs critères. Il s'adresse aux femmes ayant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 25 kg/m2, un âge supérieur ou égal à 35 ans, des antécédents familiaux de diabète, des antécédents personnels de diabète gestationnel ou ayant donné naissance à un enfant macrosome. Mais ce dépistage sélectif laisserait passer des femmes entre les mailles du filet... Près d’un tiers des cas selon une équipe française de l’hôpital Jean Verdier à Bondy.
Les médecins ont évalué les critères de sélection sur plus de 18 000 femmes qui ont accouché entre 2002 et 2010 et qui avaient eu systématiquement un dépistage dans leur service. Or, ils se sont aperçus qu’un nombre significatif de femmes qui ne présentaient pas les critères prédictifs comme un IMC supérieur à 25 kg/m2, pouvaient présenter des complications pendant leur grossesse comme la pré-éclampsie, la macrosomie et la dystocie des épaules.
« La fréquence de ces événements atteignait 8,8% en l'absence de diabète gestationnel et de facteurs de risque, 11,1% en l'absence de diabète gestationnel mais en présence d'un facteur de risque, 16,7% en présence d'un diabète gestationnel et en l'absence de facteurs de risque et 18,2% en présence des deux », souligne le Pr Emmanuel Cosson, diabétologue à l’hôpital Jean Verdier à Bondy.
« De même, les femmes présentant un diabète gestationnel et au moins un facteur de risque présentaient de plus forts taux d'hospitalisation avant accouchement, sans qu'il y ait d'interaction entre le facteur de risque et le diabète gestationnel. »
Cette étude confirme que le dépistage sélectif pratiqué en France permet de sélectionner les patientes à haut risque de diabète gestationnel et celles qui présenteront le plus d'événements associés au diabète gestationnel. Cependant, le Pr Cosson et ses confrères jugent ces facteurs diagnostiques et pronostiques "inappropriés" puisqu'ils passent à côté de 34,7% de femmes atteintes de diabète gestationnel malgré l'absence de facteur de risque.
En outre, ces femmes, pourtant traitées, ont présenté elles aussi davantage d'événements liés au diabète gestationnel que les femmes non diabétiques. « Elles auraient peut-être développé davantage de complications si elles n'avaient été ni diagnostiquées, ni traitées », jugent les auteurs.
Les spécialistes plaident ainsi pour l'adoption d'un dépistage universel. A défaut, ils proposent de revoir les critères de risque. Ils suggèrent ainsi de prendre en compte l'origine ethnique car comparées aux femmes d'origine européenne, les femmes originaires d'Afrique du Nord, du Pakistan, d'Inde ou du Sri Lanka sont apparues plus à risque de diabète gestationnel. Et ils préconisent aussi de revoir à la baisse les seuils de risque à la fois pour l'âge et pour l'IMC.
Mathias Germain
Le diabète gestationnel
Prise de poids excessive pendant la grossesse, sucre dans les urines, glycémie à jeun supérieure à la normale, ces signes peuvent annoncer un diabète gestationnel, facteur de risque de diabète de type 2 pour les mamans. Les études montrent que la maladie doit être traitée à sa juste valeur pour éviter les complications.
Ce diabète gestationnel peut être temporaire et régresser après l'accouchement ou bien il peut révéler un diabète de type 2. Cette maladie concernerait 3 à 9% des femmes attendant un enfant. Des statistiques peu précises qui soulignent une prise en charge disparate de ce diabète.
Pendant la grossesse, les besoins en insuline et en glucides sont plus importants. Or les femmes présentant déjà une petite insulinorésistance ou un risque élevé de diabète de type 2, peuvent développer un diabète en étant enceinte. Une maladie qui est encore insuffisamment décelée et prise en charge dans les maternités. Pourtant, elle fait courir des risques au bébé et à sa mère pendant et après l'accouchement.
Le surpoids du nouveau-né (plus de 4 kg à la naissance) peut tout d'abord provoquer des complications lors de l'accouchement : césarienne, fracture de la clavicule ou déplacement de l'épaule du bébé. Le nombre de « jaunisses » et de décès périnataux est également plus élevé que la moyenne, enfin les gros nouveaux-nés ont un risque supplémentaire de développer un diabète de type 2 ou une obésité dans leur vie future.
Les femmes concernées bénéficiant d'un traitement adapté avec conseils diététiques personnalisés, injections d'insuline si besoin, et surveillance trois fois par jour de la glycémie, ont moins de risque de donner naissance à un gros bébé.
Par ailleurs, trois mois après l'accouchement, elles souffrent moins de dépression ou d'anxiété et leur qualité de vie générale est bien meilleure que celle des mamans qui n'avaient pas reçu de soins spécifiques à leur diabète gestationnel.
Le traitement du diabète gestationnel permet donc de réduire efficacement les complications périnatales. Il pourrait être également très utile dans la prévention du diabète de type 2 pour les mamans et leurs enfants.
La pré-éclampsie
La pré-éclampsie se définit par des chiffres tensionnels supérieurs à 140/90 mmHg et une protéinurie supérieure à 300 mg/24 h ou une croix à la bandelette, survenant après 20 SA. En déterminer le plus précocement possible le risque de pré-éclampsie, le médecins peut établir un programme de consultations prénatales adapté. Chaque fois que la pression artérielle est mesurée pendant la grossesse, un échantillon d'urine devrait être recueilli à la recherche d'une protéinurie .
Chez les femmes à risque et en l'absence d'un antécédent personnel de prééclampsie, aucune mesure préventive ne se révèle efficace. Les femmes enceintes doivent être informées des symptômes de pré-éclampsie et pouvoir les reconnaître : maux de tête, troubles visuels à type de vision floue ou sensation d'éclairs, acouphènes, douleurs épigastriques, vomissements, oedème soudain du visage, des mains et des pieds, prise de poids brutale .