Le nombre de morts attribuables au cancer de l’ovaire a chuté partout dans le monde entre 2002 et 2012. Une tendance qui devrait se poursuivre dans les 5 ans à venir aux Etats-Unis et en Europe, ainsi qu’au Japon dans une moindre mesure, suggère une étude publiée dans The Annals of Oncology.
Pour les chercheurs de la faculté de médecine de l’université de Milan (Italie), cette diminution du taux de mortalité a été permise par la prise de contraceptifs oraux qui apporte une protection durable contre le cancer de l’ovaire. Des études ont en effet montré que le risque de développer ce cancer est réduit de 40 à 50 % grâce à la pilule, surtout si celle-ci est utilisée cinq ans ou plus. A l’échelle mondiale, 200 000 nouveaux cas et 100 000 décès auraient ainsi été évités.
En outre, le faible recours aux traitements hormonaux substitutifs au cours de la ménopause, suspectés d’accroitre le risque de cancer de l’ovaire de 40 %, concourt à cette évolution de la mortalité. L’amélioration du diagnostic et des traitements y a également contribué.
Une baisse inégale en Europe
En analysant les taux de mortalité en Europe depuis 1970, les scientifiques italiens ont calculé que le taux de mortalité a diminué de 10 % dans 28 pays européens entre 2002 et 2012. Toutefois, des inégalités existent sur le vieux continent.
Alors que le taux de mortalité a considérablement diminué en Estonie (28 %), au Danemark (24 %), au Royaume-Uni (22 %), et en France (13,2 %), la Hongrie ne semble pas autant bénéficier de la protection de la pilule (seulement 0,6 % de baisse). Plus inquiétant, la Bulgarie est le seul pays à afficher une augmentation de la mortalité (27,7 %). Selon le Pr Carlo La Vecchia, responsable des travaux, ces variations sont dues à une utilisation hétérogène de la pilule contraceptive : les pays d’Europe du Nord prescrivent la pilule plus tôt que les pays de l’Est ou du Sud de l’Europe.
Du côté des Etats-Unis, la baisse est encore plus marquée avec une réduction de 16 % en une décennie. Les Canadiens enregistrent une diminution de 8 % tandis que les Australiens et la Nouvelle-Zélande ont vu la mortalité baisser de 12 %.
Mais là encore, les bienfaits de la pilule ne sont pas visibles partout. « Le Japon, un pays où l’incidence du cancer de l’ovaire est traditionnellement faible, recense aujourd’hui un plus grand nombre de jeunes femmes touchées par cette maladie que les Etats-Unis ou l’Europe. Ceci reflète encore une fois une utilisation peu fréquente de la pilule », souligne le chercheur italien.
Par ailleurs, certains pays d’Amérique latine, continent lui aussi connu pour sa faible incidence de cancer de l’ovaire, présentent aujourd’hui une augmentation du nombre de cas et de décès. Il s’agit notamment du Brésil, de la Colombie, de Cuba, du Mexique et du Venezuela. Mais il est envisageable que cette tendance s’inverse dans les années à venir si ces pays améliorent l’accès à une contraception orale, ou recommandent son utilisation.
Encore moins de décès en 2020
Pour les pays qui l’utilisent déjà chez un grand nombre de jeunes filles, la mortalité liée au cancer de l’ovaire va continuer à baisser. Une projection réalisée par les chercheurs pour 6 pays d’Europe (la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, l’Espagne, le Royaume-Uni), les Etats-Unis et le Japon montre qu’une baisse de 15 % peut être attendue en Europe ainsi qu’une diminution de 10 % aux Etats-Unis et au Japon.