« Un homme, un vrai ». Les expressions qui valorisent la virilité sont nombreuses. La publicité se fait elle aussi l’écho d’une masculinité exacerbée. Le rayon parfumerie masculine en est sans doute le meilleur exemple : Le Mâle, La Nuit de l’homme, Only the Brave… L’argument est censé rendre les produits plus attirants.
Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de sélectionner son partenaire ? Des chercheurs australiens se sont interrogés à ce sujet : qu’est-ce qui rend un homme attirant ? La barbe est une caractéristique qui compte, répondent les auteurs. Mais ils ont mis en lumière un paradoxe plutôt étonnant dans le Journal of Evolutionary Biology.
Des signes de bonne santé
8 520 femmes ont pris part à cette étude. Elles ont été placées face à plusieurs visages d’hommes et ont dû les classer en fonction de leur attractivité dans deux situations : une relation de courte durée et une plus longue. Les différents faciès présentaient des variations de pilosité, allant des joues fraîchement rasées à celles ornées d’une barbe soigneusement entretenue.
Les chercheurs ont aussi inclus des modifications des caractères masculins secondaires, comme une arcade sourcilière proéminente ou une mâchoire plus prononcée. « Les traits typiques de l’homme, comme une arcade sourcilière marquée, une mâchoire plus carrée sont les signes d’une bonne santé, tandis que la barbe peut indiquer l’âge d’un homme et une domination sociale masculine », soulignent-ils. Les légères variations peuvent donc rendre un visage plus ou moins viril.
Fertilité et survie
C’est là qu’émerge « le paradoxe de la masculinité » décrit en titre de l’étude. Lorsqu’il s’agit de sélectionner un partenaire pour une courte durée, les femmes privilégient des traits virils, comme une mâchoire carrée, ou une barbe de quelques jours. La barbe émerge comme une caractéristique attirante quand les femmes sélectionnent un potentiel partenaire de vie. Dans cette situation, elles privilégient nettement une pilosité faciale fournie. Et ce, quelle que soit la forme du visage, féminisée ou au contraire rendue plus masculine.
Le choix n’est pas anodin : la barbe serait le signe d’une virilité exacerbée. En l’affichant, les hommes montrent qu’ils sont très fertiles et capables de survivre longtemps. Deux paramètres importants pour la survie de l’espèce, plus en tout cas qu’une mâchoire carrée. D’ailleurs, les visages virilisés ou féminisés à l’extrême sont presque systématiquement écartés.
« Nos résultats suggèrent qu’être doté d’une barbe peut être attirant dans le cadre des relations à long terme, car elle est un signe de domination intrasexuelle », concluent les auteurs. Une terminologie bien complexe pour évoquer l’équivalent humain d’un mâle alpha. Car le choix d’un homme barbu pourrait plus relever du réflexe en tant qu’espèce que du simple choix esthétique, à en croire les chercheurs. « La sélection sexuelle par le choix de la femme a modelé l’évolution des ornements masculins dans de nombreuses espèces », rappellent-ils. La barbe serait donc le moyen de signaler aux femmes la forte présence d’hormones masculines.