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Enquête de l'ASEF

Perturbateurs endocriniens : les femmes enceintes ignorent les risques

Par Anne-Laure Lebrun

Les femmes enceintes semblent peu informées sur les dangers des perturbateurs endocriniens et les moyens de les éviter. Les professionnels de santé sont concernés. 

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Pesticides, bisphénol A, phtalates… Ces perturbateurs endocriniens présents dans l’air, l’eau ou dans notre assiette sont de plus en plus pointés du doigt. En agissant sur le métabolisme hormonal, ces substances sons suspectées d’entraîner des troubles de la reproduction, des malformations, la puberté précoce ou le diabète chez les personnes exposées ou la descendance.
Et il semblerait que les fœtus y soient les plus sensibles. La grossesse est donc une phase critique, alerte l’Association Santé Environnement France (ASEF) à l’occasion de la publication de son enquête réalisée auprès de femmes enceintes.

« Par peur de faire peur, par méconnaissance, par manque de temps : les femmes enceintes sont peu informées de ces questions durant les consultations médicales », explique le Dr Patrice Halimi, chirurgien-pédiatre et secrétaire général de l’association. 


Le poids des inégalités sociales

Entre juin et juillet 2016, 502 futures mamans prises en charge dans deux maternités des Bouches-du-Rhône (la maternité de l’Etoile à Aix-en-Provence et la maternité Almaviva à Vitrolles) ont accepté de remplir un questionnaire sur les perturbateurs. La grande majorité des sondées ont plus de 25 ans, et plus de la moitié d’entre elles attendaient leur premier enfant.

L’analyse des questionnaires montre que la quasi-totalité des volontaires ont déjà entendu parler des perturbateurs endocriniens. Mais la perception de ces substances diffère entre les femmes enceintes ayant fait des études supérieures (plus de 60 % de l’échantillon) et celles qui ont obtenu le BAC, un BEP ou un CAP, voire aucun diplôme. 
L’association de médecins révèle en effet que deux tiers des plus instruites ont plus peur de ces produits depuis qu’elles sont enceintes. Alors que moins de la moitié de comparses moins diplômées craignent ces menaces invisibles.


Apprendre à les éviter

De ce fait, les plus diplômées sont plus enclines à éviter ces polluants au quotidien. Elles aèrent plus souvent leur domicile, privilégient les produits sanitaires biologiques... Neuf sur dix déclarent faire plus attention, dont un tiers se dit prêt à se compliquer la vie pour les éliminer de la maison.

Une tendance complètement différente du côté des moins diplômées : un tiers indique avoir fait des changements, et moins de 15 % essayent de les limiter au maximum. « L’exemple le plus frappant – mais ça n’est pas le seul – est peut-être celui de la consommation de tabac – qui contient de nombreux perturbateurs endocriniens. Chez les sondées ayant fait des études supérieures, on compte seulement 7 % de fumeuses. Alors, que ce taux grimpe à 30 % chez les sondées ayant le bac ou moins ! Il y a donc une vraie carence cognitive qu’il est de notre devoir de combler », souligne le Dr Patrice Halimi.

De nombreux efforts restent également à faire du côté des cosmétiques ou des habitudes culinaires, notamment le chauffage des plats en plastique au four à micro-ondes. Pour sensibiliser les femmes enceintes, l’ASEF insiste sur le rôle central des gynécologues-obstétriciens et des sages-femmes. Elle compte développer des programmes de formation dans les deux maternités partenaires, et offrira aux patientes de ces établissements des guides de prévention. Elle espère pouvoir toucher 4 000 futures mamans.