Les déodorants anti-transpirants contenant des sels d’aluminium favoriseraient-ils le développement du cancer du sein ? Sans être affirmatifs, deux chercheurs suisses suggèrent que le risque existe. Chez la souris, ils ont montré que l’exposition de cellules mammaires à des sels d’aluminium entre 4 et 6 mois provoque des tumeurs et des métastases. Des résultats publiés dans la revue International Journal of Cancer qui confortent les mesures de précaution adoptées par les autorités sanitaires françaises.
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s’est penchée sur les dangers des produits anti-transpirants à base d’aluminium en 2011. « Plus de 25 composés de l’aluminium figurent parmi les substances susceptibles d’être utilisés dans les produits cosmétiques. Le chlorohydrate d’aluminium est l’un des plus utilisés, en particulier en tant qu’anti-transpirant », rappelait à cette occasion les experts de l’ANSM.
Une absorption cutanée peu étudiée
Du fait de son utilisation, l’absorption par voie orale de cette substance est limitée. Les études sont portant nombreuses à montrer qu’une fois dans l’organisme, elle peut atteindre le cerveau et franchir la barrière placentaire.
En revanche, en ce qui concerne le devenir de l’aluminium lorsqu’il est absorbé par la peau, la question reste sans réponse. « Les études publiées sont de qualité insuffisante et ne répondent pas aux exigences actuelles », ont estimé les experts de l’ANSM en 2011.
Des travaux réalisés en laboratoire sur de la peau humaine – et examinés par l’ANSM - ont montré que l’absorption cutané était d’environ 0,5 % (soit 2,1 µg d’aluminium par kilo et par jour) lorsqu’un anti-transpirant contenant 20 % de chlorohydrate d’aluminium est utilisé tous les jours. Sur peau lésée, comme cela peut être le cas après le rasage ou l’épilation, le taux d’absorption grimpe jusqu’à 18 % (75 µg d’aluminium par kilo et par jour).
Une concentration inférieure à 0,6 %
En considérant que la marge de sécurité est de 10,5 µg d’aluminium par kilo et par jour, l’ANSM a jugé « que l’exposition à des produits anti-transpirants avec des concentrations de 20 % de chlorohydrate d’aluminium ne permet pas d’assurer la sécurité sanitaire des consommateurs dans les conditions normale d’utilisation ». Les experts soulignaient par ailleurs que cette évaluation ne prenait pas en compte l’exposition totale à l’aluminium contenu dans les différents produits cosmétiques et de consommation courante.
L’agence sanitaire a alors recommandé de restreindre la concentration en aluminium à 0,6 % dans les produits anti-transpirants ou déodorants, et de ne pas utiliser ces produits si la peau est lésée.
En 2014, c’était au tour de l’Europe de se prononcer mais le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs n’a pas rendu un avis aussi tranché que l’ANSM. Malgré « le manque de données adéquat », les experts ont estimé que « l’aluminium, aux niveaux atteints via l’utilisation de cosmétiques, est peu susceptible d’être cancérogène » ou « d’augmenter le risque de cancer du sein, de la maladie d’Alzheimer, de la maladie de Parkinson ou autres maladies dégénératives ».
Résultat : la France n’a pas été entendu et la plupart des anti-transpirants vendus dans le commerce contiennent plus de 0,6 % d’aluminium.