La première réaction face au cancer est d’en sortir et de sauver sa vie, le sexe paraît être une préoccupation déplacée, incongrue, voire dérisoire… Alors on n’ose pas en parler au médecin et parfois même au sein du couple (1) . Le plaisir est pourtant un antidote magnifique à la douleur ou à la maladie.
Mais, en cette circonstance, le plaisir est-il encore possible ? Le couple lui-même n’est-il pas menacé ? Pour le gynécologue Sylvain Mimoun, très souvent amené à intervenir auprès de patientes souffrant de cancer du sein, « la sécheresse vaginale consécutive aux chimiothérapies (notamment les anti-arômatases) entraîne des douleurs qui diminuent le plaisir, voire le désir. Cette spirale négative pousse souvent à réduire ou arrêter la sexualité si on ne décide pas de créer un cercle vertueux et d’inverser la tendance ».
Un détonateur dans le couple
Et le couple, il est vraiment menacé lui aussi ? Pour Catherine Adler-Tal, psycho-oncologue et sexologue, vice-présidente de l’association Etincelle, «le cancer ne rapproche ni ne brise le couple, il sert de révélateur dans la relation. Si celle-ci était bonne, fluide et complice, elle continuera sans doute de l’être, malgré les difficultés rencontrées. La peur de perdre l’autre pourra même balayer la tranquille indifférence d’une certaine routine, elle éveillera la conscience que l’on a d’aimer l’autre, elle réveillera la tendresse voire la complicité sexuelle. La pulsion de vie sera plus forte. En revanche, si la relation était médiocre et bloquée auparavant, la maladie n’arrangera rien, bien au contraire, elle sera un poids supplémentaire, voire l’occasion d’une séparation ».
Réveiller son imaginaire
En cas d’ablation du sein et/ou de reconstruction mammaire, la question du plaisir se pose parfois plus cruellement encore. Même avec un nouveau sein, la femme perd la sensibilité mammaire et l’excitabilité des seins. Il lui faut donc réapprendre à aimer autrement. « Le premier organe sexuel de la femme est le cerveau, rappelle Catherine Adler-Tal. Certaines patientes finissent par retrouver du plaisir. Pas celui d’avant, mais du plaisir quand même. Elles mettent en route leur imaginaire érotique. Elles peuvent érotiser les autres parties de leur corps ».
Lâcher-prise
Comme dans n’importe quel couple, pour que « ça marche », le lâcher-prise est indispensable. Mais c’est difficile quand on est parasitée par trop d’idées ou d’images négatives, comme le sentiment d’avoir perdu désormais toute séduction et féminité. Les seins sont chargés d’une symbolique très forte. « Il ne faut pas penser à la place de son compagnon, conseille Catherine Adler-Tal. S’il a du désir et s’il l’exprime d’une manière ou d’une autre, il ne faut pas se poser la question de savoir comment c’est possible. Ce n’est pas parce qu’on ne s’aime plus soi-même que l’on n’est pas désirable dans le regard de l’autre ».
En parler à un soignant
Le médecin (gynécologue, oncologue, sexologue…) peut proposer des solutions adaptées qui amélioreront les muqueuses plus sèches : des hydratants locaux sans hormones (Paloma Care pour le dernier en date, mais aussi des ovules d’acide hyaluronique, des compléments alimentaires hydratants à base de plantes, etc). « En cas de ménopause (consécutive aux traitements ou due à l’âge), il faudra monter d’un cran pour rétablir l’hydratation vaginale, conseille le Dr Sylvain Mimoun.
Le laser pulsé vaginal obtient des résultats très significatifs en trois ou quatre séances étalées sur un an. Certaines patientes reconnaissent même retrouver leur sexualité d’avant le cancer et leur désir intact ». Compter environ 300 euros la séance non remboursée.
(1) Sur Ressources et vous, des émissions sont spécifiquement destinées aux femmes atteintes d’un cancer du sein. On y parle de tout et même de sexualité. Un lien : http://www.prochedemalade.com/ressources-et-vous