L’alcoolisation fœtale est un fléau dans le monde. En France, 400 à 1 200 naissances sont touchées chaque année. Retard de croissance, malformations physiques, troubles neuro-développementaux… Le prix à payer pour les enfants exposés est lourd.
Le repérage précoce de ces victimes pose également problème dans les formes partielles du syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Une équipe américaine a développé un test sanguin qui permettrait de résoudre en partie ce problème. Les chercheurs publient leurs résultats dans la revue en ligne PLOS One.
Des symptômes disparates
68 femmes enceintes ont été recrutées en Ukraine, toutes en lien avec le Programme de prévention des malformations fœtales Omni-Net. Le dossier médical complet de ces volontaires a été analysé, ainsi que leur consommation d’alcool. Elles ont fourni des échantillons de sang à intervalles réguliers durant les deuxième et troisième trimestres de gestation.
Le test sanguin mis au point aux Etats-Unis s’intéresse à un élément précis : le micro-ARN circulant, hautement sensible à l’alcool. Des altérations spécifiques se produisent dans le cadre d’une alcoolisation durant la grossesse. Ainsi, une consommation modérée ou élevée se traduit par des modifications marquées de ce micro-ARN.
La différence est particulièrement prononcée lorsque le nouveau-né présente des séquelles physiques ou neurocomportementales au cours de sa première année de vie.
« En général, il est vrai que le binge-drinking durant la grossesse expose au risque le plus élevé, mais toutes les femmes enceintes qui consomment beaucoup d’alcool n’auront pas un enfant qui est touché de manière évidente », indique Christina Chambers, premier auteur de l’étude. De fait, il est actuellement difficile de repérer les troubles liés à l’alcoolisation fœtale. Sa manifestation la plus connue, le SAF, n’est pas la plus fréquente. En France, elle touche une naissance sur 1 000.
Une intervention précoce
Les formes dites partielles représentent 5 naissances pour 1 000. Le panel des symptômes est varié : malformations physiques – comme une petite tête –, troubles neuro-développementaux… « C’est un vrai problème, mais nous n’en mesurons probablement pas toute l’ampleur car les enfants qui naissent avec des capacités physiques normales peuvent être oubliés, ce qui rend les cas difficiles à diagnostiquer tôt », souligne Rajesh Miranda, co-auteur de ces travaux. Résultat : plusieurs années peuvent s’écouler avant que les séquelles ne soient prises en charge.
Un test sanguin pourrait améliorer le repérage de ces victimes avant la naissance. Un élément précieux pour développer les stratégies adaptées qui limitent les dégâts. Il est impossible, actuellement, de guérir les troubles qui découlent d’une consommation d’alcool durant la grossesse. Mais une nutrition adaptée, des soins périnataux spécifiques et une éducation dédiée peuvent en réduire la gravité.