Plus d’une Française sur six souffre d’obésité et nombre d’entre elles sont en âge de se reproduire. Or la surcharge pondérale peut être lourde de conséquences lors d’une grossesse, notamment pour l’enfant. Il est en effet plus à risque de troubles de santé, plus particulièrement d’obésité. S’il est né par césarienne, la situation est encore plus problématique, comme l’a montré une étude présentée au congrès de l’American Heart Association, qui se tient du 12 au 16 novembre à la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis).
Ces travaux se sont penchés sur l’état de santé de 1 441 bébés nés à Boston (Etats-Unis). Parmi les femmes recrutées, plus de la moitié souffraient d’obésité. Elles étaient plus nombreuses dans le groupe « césarienne » par rapport au groupe « accouchement vaginal ». De fait, une surcharge pondérale marquée figure parmi les indications d’une approche chirurgicale fixées par la Haute Autorité de Santé (HAS).
Eviter la transmission
Mais l’accouchement par voie basse a ses avantages pour le fœtus. S’il passe par les voies naturelles, il est moins à risque de souffrir lui-même de surpoids si sa mère en présente un. Par rapport à une mise au monde vaginale, la césarienne accroît le risque d’excès de poids de 40 %. Le principal auteur, Noel Mueller, salue l’impact positif du microbiote vaginal, auquel est exposé l’enfant lorsqu’il sort par le vagin. « Nous soupçonnons que ces microbes sont bénéfiques à la santé de l’enfant, en améliorant le métabolisme et en entraînant le système immunitaire », avance-t-il.
La transmission intergénérationnelle de l’obésité pourrait donc être évitée en réduisant le recours aux césariennes. C’est en tout cas ce que suggèrent les auteurs à la lumière de ces résultats. Ils appellent aussi de leurs vœux des études plus détaillées sur les mécanismes qui disqualifient l’accouchement chirurgical.
Anticiper la grossesse
En France aussi, les autorités sanitaires tentent de réduire la part de césariennes pratiquées. Un lent recul s’est amorcé, mais certains facteurs de risque continuent de favoriser ce choix. L’obésité en fait partie. La HAS le note d’ailleurs dans un document dédié aux grossesses à risque. La surcharge pondérale favorise le diabète et l’hypertension artérielle gestationnels. Les césariennes et les extractions instrumentales sont aussi plus fréquentes dans cette population.
C’est pour ces raisons que les femmes obèses sont encouragées à entamer une modification de leur mode de vie lorsqu’elles prévoient une grossesse ou la découvrent. La HAS recommande par exemple d’encourager l’activité physique et de souligner l’impact positif d’une perte de poids pour la santé de l’enfant. C’est également le message de Mary Ann Bauman, porte parole de l’AHA qui commente ces résultats. « Pour la santé de la mère, atteindre le meilleur poids possible est très bénéfique pendant la grossesse. Intégrer un programme d’exercice régulier, pas en ajoutant des exercices mais en assurant de la régularité, est aussi très important », souligne-t-elle. Des conseils de bon sens qui peuvent être difficiles à appliquer en vie réelle.