Avec 16 % de jeunes filles vaccinées contre les papillomavirus, la France est un peu le mauvais élève dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus. Pour le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), cette mauvaise couverture vaccinale représente une perte de chances. L’Hexagone est loin d’être isolé en la matière. La majorité des pays n’a pas une couverture suffisante pour faire reculer ce cancer. Les experts du CIRC appellent à tirer les leçons de ce phénomène. Le frein majeur du prix doit, selon eux, être levé.
Chaque année, 250 000 femmes meurent des suites d’un cancer du col de l’utérus. L’immense majorité de ces décès survient dans des pays à revenus faibles ou moyens (85 %). Trois formes de prise en charge sont susceptibles d’améliorer ces mauvaises statistiques : un recours accru à la vaccination anti-HPV, un dépistage et un traitement des lésions précancéreuses. Selon le CIRC, la prévention primaire doit progresser de manière urgente.
Réduire les prix
« La lutte contre le cancer du col n’est souvent pas considérée comme une priorité pour des budgets de santé limités », souligne le Centre International de Recherche sur le Cancer. Le nerf de la guerre, c’est le prix des vaccins. Pour une dose de Gardasil, il faut compter 123 euros, et 111 euros pour une dose de Cervarix. En France, les jeunes filles éligibles bénéficient d’un remboursement à hauteur de 65 %. Mais tous les pays ne proposent pas ce système.
« Le coût des vaccins demeure un obstacle important, qui devra être surmonté pour permettre aux pays en développement d’élargir leur couverture vaccinale », juge le Dr Christopher Wild.
Le directeur du CIRC appelle à booster la concurrence entre les fabricants afin de tirer les prix vers le bas. Ce qui inciterait les Etats défavorisés à se lancer dans la bataille contre le cancer du col de l’utérus.
Plus de volonté politique
Mais investir est surtout le résultat d’une volonté politique. Or, celle-ci manque trop souvent. En guise d’encouragement, le CIRC distingue les initiatives efficaces de plusieurs pays d’Amérique latine, où l’accès aux vaccins atteint 80 % des jeunes filles. L’absence de politique volontariste affecte aussi le champ plus large de l’accès aux soins : les structures sanitaires manquent, les campagnes ne sont pas organisées… autant de freins qui s’ajoutent à celui du prix.
Les résultats sont pourtant là, lorsqu’un pays consent à des efforts de taille. En France, où deux tiers des femmes bénéficient d’un dépistage régulier, le taux de survie à cinq ans est de 66 %. La vaccination aussi commence à provoquer des retombées favorables.
En 10 ans de mise sur le marché, les vaccins HPV ont réduit de 90 % les infections par les souches oncogènes. En Australie, où la couverture vaccinale est élevée, les lésions précancéreuses de haut grade ont reculé de 40 %. Des bénéfices équivalents ont été observés au Danemark, en Suède ou encore au Nouveau-Mexique (Etats-Unis). La situation française fait alors figure de caprice de pays riche.
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