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Dr Emmanuelle Piet

Violences faites aux femmes : "Libérez la parole !"

Par le Dr Sophie Lemonier

VIDEO - Le nombre de femmes victimes de violence reste élevé en France. Le Dr Emmanuelle Piet explique la nécessité de les aider à briser le silence.

lofilolo/Epictura
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En France, toutes les 7 minutes une femme est violée. Tous les deux jours et demi, une autre meurt sous les coups de son compagnon, ou ex-conjoint. Tous les ans, plus de 220 000 femmes sont victimes de violences dans leur couple. Un constat insoutenable et inacceptable qui n’a pourtant pas assez évolué malgré les plans de lutte successifs des 10 dernières années.

Comment expliquer que ces femmes n’arrivent pas à parler de ce qu’elles vivent ? Parce que l’agresseur les tient sous le secret. Il a dit en cognant « Si tu parles je te tue, si tu pars je te retrouverai », donc elles se taisent. L'entourage a un rôle fort à jouer pour es aider à rompre le silence. En cas de doute, il faut que les amis, la famille mais aussi les professionnels de santé posent tout simplement la question : « est ce que vous subissez des violences ?». Bien souvent alors, selon le Dr Emmanuelle Piet, présidente du Collectif Féministe Contre le Viol, les victimes se confient.

 

La grossesse, moment de vulnérabilité

La stratégie de mise sous le secret est toujours la même. Tout d’abord le futur agresseur choisit sa victime : en général plus « petite » symboliquement, comme par exemple une infirmière pour un médecin, ou une personne fragile qui sort d’un divorce difficile et se dit : « Quelle chance j’ai que ce gars s’intéresse à moi ! »

Puis il va l’isoler, l’empêcher de voir ses amies, regarder dans son téléphone portable… Et l’abaisser, lui répéter que sans lui, elle n’arriverait à rien ; ce qui fait que petit à petit la victime va s’enfoncer dans la solitude et dans l’idée que c’est vrai sans lui elle ne pourrait pas arriver à grand chose. Cette situation peut durer un certain temps et dans 40% des cas le 1er geste de violence physique survient au moment de la 1ère grossesse.

 

Le poids du passé 

Les violents ne sont pas des « générations spontanées » : la meilleure école, c’est la famille et l’adulte va reproduire ce qu’il a vu et/ou subi enfant. Les garçons violents ont souvent vu leur père taper leur mère. Le schéma est similaire pour les victimes, mais avec une autre conséquence : quand on a été tapée petite, on a trois fois plus de risque de trouver un compagnon violent ; en cas de viol dans l'enfance, ce risque est multiplié par 5. Les victimes de violence ont aussi plus de risques de frapper leurs propres enfants.

Retrouvez l'interview du Dr Emmanuelle PIET, présidente du Collectif Féministe Contre le Viol dans l'émission La Médecine au Féminin :