Les antibiotiques, ce n’est pas automatique. Surtout chez la femme enceinte. Quand la force des choses l’impose, les médecins feraient mieux de prêter attention aux molécules qu’ils prescrivent. Car certaines classes sont associées à un risque accru de fausse-couche, les quinolones par exemple. Une étude menée par l’université de Montréal (Canada) met en évidence un lien inquiétant dans le CMAJ.
Jusqu'à deux fois plus de risque
Avant de parvenir à ces conclusions, les chercheurs du Québec ont analysé les dossiers de 8 700 femmes qui ont subi une fausse-couche. Ils ont été comparés à ceux de 87 000 femmes dont la grossesse s’est bien déroulée. Parmi ces participantes, près de 12 500 ont reçu des antibiotiques alors qu’elles étaient enceintes. Ce paramètre favorise fortement les avortements spontanés lors des premiers mois de gestation. En moyenne, l’incident survenait à 14 semaines de grossesse.
Les antibiotiques les plus courants sont concernés par ce constat. Azithromycine et métronidazole, par exemple, sont liés à un risque augmenté de 70 %. La probabilité d’une interruption de grossesse est encore plus élevée avec d’autres familles d’antibiotiques. Quinolones et tétracyclines multiplient par 2,5 le danger pour le fœtus.
Deux classes innocentées
Seules l’érythromycine et la nitrofurantoïne passent l’examen avec succès. Un soulagement pour les chercheurs, car ils sont très utilisés pour traiter les infections urinaires chez la femme enceinte. « Partant du principe que la fausse-couche peut atteindre jusqu’à 30 % des grossesses, ce résultat est significatif », estime le Dr Anick Bérard, co-auteur de cette étude.
De son côté, le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT) se montre plutôt rassurant. La majorité des antibiotiques sont autorisés au cours de la grossesse. Le CRAT a élaboré une échelle destinée à aider les prescripteurs dans l’établissement des ordonnances. Les pénicillines, hors de tout soupçon, sont largement privilégiées.
La tâche s’avère toutefois complexe pour les médecins suivant les femmes enceintes. Fin 2015, la même équipe québécoise a conclu que les macrolides n’augmentent pas le risque de malformation fœtale. Ces mêmes macrolides qui favorisent les fausses-couches, à l’exception notable de l’érythromycine.