Rassurant… jusqu’à un certain point. Les autorités françaises ont analysé la composition des produits d’hygiène féminine. Aucun danger « grave et immédiat » ne ressort des examens. Mais tampons, serviettes et autres coupes menstruelles contiennent tous des polluants controversés. Sans exception, ou presque.
Les enquêteurs de la DGCCRF (1) ont passé au crible la majorité des produits d’hygiène féminine disponibles sur le marché. 27 références ont fait l’objet d’une analyse approfondie, destinée à rechercher des polluants connus – comme le formaldéhyde, le glyphosate ou encore les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Phtalates, HAP et dioxines
Si les niveaux d’exposition sont très faibles, ils sont bel et bien réels. Dans la quasi totalité des échantillons, des traces de polluants émergent. Ainsi, l’intégralité des tampons contient des dioxines et des furanes, ainsi que des composés organiques halogénés extractibles (EOX).
Ces produits sont notamment suspectés d’interférer avec la procréation, les systèmes immunitaire et hormonal. Des traces de phtalates ont même été détectées dans une marque.
Au rayon des protections hygiéniques, les serviettes ne font guère mieux. Toutes les références analysées contiennent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), impliqués dans plusieurs cancers. L’exposition professionnelle à ces composés est reconnue comme à risque pour les carcinomes de la peau et les tumeurs des voies urinaires. Le même composant est détecté dans les protège-slips.
La législation trop souple
Un échantillon de serviette hygiénique abrite également des phtalates. Une marque bio se distingue par la présence d’AMPA, un produit de dégradation… du glyphosate ! Un détail qui n’est pas sans rappeler la détection de ce pesticide bien connu par 60 Millions de consommateurs.
Les protège-slips font encore mieux : ceux qui proposent un délicat parfum expose les parties intimes de leurs clientes à des allergènes et des résidus d’un pesticide aujourd’hui interdit, le lindane.
Rien d’illégal dans ces résultats. La DGCCRF le rappelle, aucune réglementation n’impose de seuil à respecter pour ces différentes substances. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a été saisie afin de clarifier la situation.
En attendant, le département du ministère de l’Economie appelle les fabricants à faire preuve de bonne volonté. Il leur rappelle que, même en l’absence d’une réglementation spécifique, l’obligation générale de sécurité s’impose. Elle permet d’assurer la sécurité du consommateur.
Le choc toxique clairement expliqué
Outre les produits eux-mêmes, la DGCCRF a analysé la qualité des emballages qui abritent les produits d’hygiène féminine. Les résultats sont plutôt rassurants : tous les conditionnements affichent de manière « visible, lisible et explicitée » le risque de syndrome de choc toxique.
Trois marques ont même fait un effort supplémentaire, en indiquant la composition des produits, alors que cela n’est toujours pas obligatoire. Une quatrième devrait bientôt s’ajouter à la liste : le fabricant Tampax s’est engagé à lister ses composants.
Mention spéciale aux fabricants de coupes menstruelles, qui mentionnent systématiquement leur composition. Les notices de ces dispositifs devront toutefois évoluer : les autorités français exigent que le risque de syndrome du choc toxique soit clairement inscrit, après la survenue d’un cas en France.
(1) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.