Un étron souriant, une aubergine… et une culotte tachée de sang ? Les emojis pourraient un jour voir apparaître un petit nouveau dans leur famille déjà bien développée. L’organisation caritative Plan International a décidé de lever le tabou autour des menstruations. Pour y parvenir, sa branche britannique a décidé de miser sur le langage des jeunes.
Jusqu’au 2 juin, les internautes peuvent choisir entre 5 illustrations qui seront soumises à l’Unicode Consortium, qui uniformise les emojis. Si certaines images sont plutôt subtiles – comme le calendrier – d’autres jouent la transparence totale – avec une serviette hygiénique tachée de sang.
We don’t talk about periods enough. It’s time this changed. Period. Vote for your favourite #periodemoji > https://t.co/ekZXkQBqx5 #Friday pic.twitter.com/hOiWzpniOh
— PlanInternational UK (@PlanUK) 26 mai 2017
La gêne persiste
Ces emojis répondent à une vraie demande de la part des jeunes femmes consultées pour l’occasion. Ambrin, 14 ans et résidente de Londres, explique ainsi qu’un tel dessin « pourrait vraiment aider à ne plus voir les règles comme quelque chose qu’il faut cacher ». Car si les femmes nées dans les pays industrialisés sont plutôt favorisées, la gêne persiste.
Un sondage réalisé par Plan International montre que deux tiers des Britanniques ne seraient pas suffisamment à l’aise pour parler de leurs menstruations avec des amis. Mais la moitié reconnaît que, si un emoji existait, il serait utilisé.
Cette chape de plomb relève du surréaliste aux yeux de Caitlin Figueiredo, ambassadrice de l’organisation caritative. « Il s’agit d’un phénomène naturel avec lequel une femme lambda vivra des milliers de jours dans sa vie », souligne la jeune Australienne dans une tribune parue sur le site du Guardian. En effet, une femme passera 3 000 jours de son existence en période menstruelle. Soit l’équivalent de 8 ans.
Des préjugés mortels
Le phénomène est naturel mais toujours aussi peu accepté. C’est encore pire dans les pays en développement, où les préjugés s’éternisent. Et les jeunes filles en sont les premières victimes.
Sur le continent africain, 10 % d’entre elles ne se rendent pas à l’école quand elles ont leurs règles. Les vêtements souillés sont, dans certains pays, traités comme des objets maudits, tandis que les femmes se voient interdire certains actes du quotidien.
« Nous savons que ces tabous peuvent avoir un effet délétère sur la vie des jeunes filles du monde entier, souligne Lucy Russel, gérante de la campagne pour les droits des filles. Nombre d’entre elles ratent l’école par peur du harcèlement, de la maltraitance, souffrent d’infections à cause d’un manque d’éducation et de produits. »
L’ostracisation peut atteindre des extrêmes, comme au Népal. Une adolescente est morte d’asphyxie après avoir été forcée à vivre dans un abri lors de ses règles. « Il est temps de faire face aux règles, tranche Caitlin Figueiredo. Elles sentent fort, elles sont compliquées et elles donnent parfois l’impression d’avoir été heurtées par un camion. Est-ce que cela signifie qu’il faut faire honte aux femmes ? » Il appartient maintenant aux femmes de montrer que non.