Les femmes sont victimes de la proverbiale double peine. Outre les symptômes lourds de la ménopause, celles qui souffrent de lombalgie risquent de voir leurs douleurs se multiplier. Une étude réalisée en Chine le confirme. Publiée dans Menopause, elle montre qu’à cette période, les dégénérescences discales ont tendance à s’aggraver. Ce qui n’est pas le cas chez les hommes.
Les auteurs de cette étude ont comparé l’évolution de 1 500 femmes et 1 300 hommes, tous traités pour une dégénérescence discale des lombaires, confirmée à l’IRM. C’est à l’aide de ces images que la progression de leur pathologie a été observée. Une véritable disparité selon le sexe s’esquisse.
Avant la ménopause, les femmes semblent plutôt avantagées. A âge égal, leurs pairs masculins sont plus souvent atteints de dégénérescence, et de manière plus sévère. Mais après cette période, qui se caractérise par une forte chute des taux d’hormones sexuelles, le rapport s’inverse.
Les participantes ménopausées présentent des dégénérescences plus prononcées que les hommes d’âge similaire. Celles-ci sont donc plus douloureuses. Ce désavantage se poursuit 15 ans après les premiers signes de la ménopause. Avant de s’estomper.
Cette aggravation brutale s’expliquerait justement par la disparition de certaines hormones chez la femme. Avec la déficience en œstrogènes, les troubles disquaires s’aggravent. Le phénomène est déjà connu dans certaines pathologies.
Des hormones de substitution
Les changements hormonaux lors de la ménopause aggravent le spondylolisthésis dégénératif, explique l’université de Strasbourg (Bas-Rhin). En cause, les modifications des tissus musculaires et ligamentaires induites par les variations hormonales.
Selon la directrice exécutive de la Société nord-américaine de la ménopause (NAMS), ces conclusions plaident en faveur d’un recours aux traitements hormonaux de la ménopause, lorsque leur prescription est justifiée. « La thérapie hormonale pourrait fournir un bénéfice supplémentaire pour les femmes qui souffrent des symptômes de la ménopause, en prévention de cette dégénérescence lombaire », estime le Dr JoAnn Pinkerton.
Une belle promesse qui risque d’être difficile à appliquer. Actuellement, le recours à ces traitements substitutifs est extrêmement restreint. En 2014, la Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé de limiter leur usage aux femmes les plus sévèrement atteintes et ce, pour une durée limitée.
Trois indications ont donc été retenues : la prise en charge des symptômes handicapants, la prévention de l'ostéoporose chez les femmes à risque, et en prévention du risque d'hyperplasie de l'endomètre. Un choix justifié par les risques associés à ces traitements. Plusieurs formes de cancers sont favorisés par cette prise en charge.