Traiter ou non les symptômes de la ménopause ? Parmi les femmes qui traversent cette période, plus d’une sur deux se plaint de troubles liés à la chute des hormones sexuelles. Des traitements existent afin d’en limiter l’ampleur. Les risques d’AVC et de cancer du sein associés à leur utilisation ont toutefois poussé les médecins à restreindre leur usage.
Une décision censée réduire le danger pour les femmes. Mais malgré cette décision, le débat continue d’agiter les spécialistes. Une étude parue dans le Journal of the American Medical Association pourrait bien le relancer. Réalisée par l’Ecole de médecine de Harvard (Etats-Unis), elle suggère qu’une prescription limitée dans le temps n’augmente pas le risque de mortalité.
Pas de différence
Aux Etats-Unis, une large étude a suivi pendant 18 ans l’évolution de 27 000 femmes ménopausées. 8 500 ont pris une association œstrogènes/progestérone pendant 5 ans et 5 300 ont pris seulement des œstrogènes durant 7 ans. Jusqu’en 2014, leur état de santé a été comparé à celui de 13 500 volontaires ayant pris un placebo.
Les conclusions sont plutôt encourageantes. Au cours du suivi, 7 500 participantes ont trouvé la mort – dont 1 100 pendant la phase d’intervention. Mais aucune différence n’émerge entre les différents groupes. La mortalité, toutes causes confondues, s’élève à 27 % chez les femmes qui ont pris un traitement hormonal. Le bras placebo, lui, accuse une mortalité de 27,5 %.
En ne s’intéressant qu’aux décès liés à des cancers ou des causes cardiovasculaires, le même constat émerge : rien ne permet de distinguer les volontaires qui ont pris des hormones des autres.
Des symptômes lourds
En l’absence de contre-indications claires – comme un cancer du sein ou un antécédent de thrombose –, rien ne semble donc s’opposer à la prescription temporaire de traitements hormonaux de la ménopause. Voilà qui devrait soulager les femmes souffrant de symptômes handicapants liés à cette période de la vie.
Et celles-ci sont nombreuses. Selon l’Inserm, plus de 50 % des personnes ménopausées souffrent de bouffées de chaleurs, sueurs excessives, troubles urinaires ou génitaux. Un quart en souffrent toujours 10 ans après la fin des menstruations. Les désagréments ne s’arrêtent pas là.
Outre ces symptômes classiques, « entre 30 et 50 % des femmes se plaignent de troubles moins spécifiques de l’arrêt des sécrétions ovariennes comme les troubles du sommeil, de l’humeur et des fonctions cognitives », explique l’Inserm.
Peu remboursés
Pour autant, les chercheurs appellent à la prudence. La prise d’hormones a été interrompue prématurément en raison d’un risque accru de cancer du sein et d’AVC dans les deux groupes de l’étude. Ces résultats ne s’appliquent donc qu’à une durée limitée, martèlent-ils.
Par ailleurs, rien ne confirme l’intérêt de cette stratégie thérapeutique en prévention des maladies favorisées par la ménopause. Les risques cardiovasculaires et d’ostéoporose ne sont pas affectés par la prise de traitements hormonaux de la ménopause.
De quoi justifier le faible taux de remboursement de ces médicaments. En France, ils sont pris en charge à hauteur de 30 % pour la plupart – les complémentaire santé assurant le reste.