Encore trop de femmes meurent en couche ou au cours de leur grossesse. Chaque année en France, 85 parturientes perdent la vie. Un nombre stable depuis 10 ans mais encore largement insatisfaisant. Car parmi ces décès, un sur deux pourrait être évité, selon l’Inserm et Santé publique France. La qualité des soins, notamment, doit être améliorée selon les deux agences qui publient ce rapport.
Entre 2010 et 2015, plus de 250 femmes sont mortes d’une cause associée à leur grossesse. Cela représente 10 décès pour 100 000 naissances vivantes. Un taux qui se situe dans la moyenne européenne. Mais malgré les appels à réduire encore la mortalité maternelle, ce constat n’évolue pas depuis 10 ans.
Des facteurs de risque
Deux phénomènes expliquent cette stagnation. Le premier est de nature sociétale : le mode de vie actuelle a rendu plus présents les facteurs de risque de complications. Par exemple, la première grossesse survient de plus en plus tard. Selon l’Insee, l’âge moyen est de 28 ans. Comme en témoigne cette enquête, les mères « âgées » sont davantage touchées par la mortalité. 30 % des défuntes étaient âgées de 35 à 39 ans et 10 % de plus de 40 ans.
Surpoids et obésité, qui favorisent les incidents au cours de la grossesse et du travail, sont également plus prépondérants. Or, une surcharge pondérale double le risque de complications. De même, présenter une grossesse multiple ou avoir bénéficié d’une aide médicale à la procréation augmente le danger.
En parallèle, les causes de décès qui ne sont pas directement liées aux complications de l’accouchement ont augmenté. Infections, suicides ou morts subites maternels sont ainsi plus fréquents qu’auparavant.
Les inégalités se creusent
Si le bilan global est en demi-teinte, certains éléments alertent particulièrement les auteurs de ce rapport. De fait, les inégalités entre les femmes enceintes sont frappantes. 32 % des décès maternels concernent des parturientes nées à l’étranger… alors qu’elles représentent une moindre part des naissances vivantes.
Par rapport aux natives, les femmes migrante sont 2,5 fois plus touchées par la mortalité maternelle. Une estimation qui monte à 3,5 fois plus en s’intéressant uniquement aux femmes nées en Afrique subsaharienne. Parmi les hypothèses d’explication, la barrière linguistique est évoquée.
L’autre disparité de taille concerne les territoires. La métropole est nettement avantagée par rapport aux départements d’outre-mer. Un décès maternel sur sept survient dans un DOM. Le taux y est quatre fois plus élevé que sur le continent.
Des évolutions positives
Des nouvelles plus optimistes émergent toutefois. Même si 56 % des décès étaient évitables, et que 6 prises en charge sur 10 n’étaient pas optimales. Ainsi, la mortalité en post-partum recule, particulièrement lorsqu’une hémorragie est en cause. Le nombre de décès a été divisé par deux en dix ans. Cela témoigne d’une amélioration des soins.
Reste à améliorer le suivi 42 jours après l’accouchement et au cours de la grossesse. Car à ces périodes, la mortalité a légèrement augmenté. Améliorer ces résultats est crucial, rappellent les auteurs de ce rapport. En effet, le taux de mortalité maternelle est considéré comme un indicateur majeur de la qualité du système de soins.