Entre ulcère et accouchement, la distance est longue, et pourtant, un médicament semblait pouvoir faire les 2.
Mis sur le marché en 1987 pour traiter les ulcères à l’estomac, le Cytotec est en fait très peu prescrit dans son indication initiale. Il est en effet surtout utilisé aujourd’hui en obstétrique comme déclencheur artificiel d’accouchement à terme, ou encore pour des IVG médicamenteuses.
Des effets indésirables graves
Absorbé par voie orale dans l’indication première, il est donné par voie vaginale en obstétrique. Le problème dans ce cas est le risque de surdosage qui peut entraîner des contractions trop fortes, pouvant aller jusqu’à une rupture utérine, des hémorragies et une mauvaise oxygénation du fœtus avec anomalies du rythme cardiaque fœtal. Des effets liés au misoprostol, le principe actif du Cytotec, qui agit en accélérant les contractions. Il n’est pas le seul ayant ces propriétés, mais son grand avantage est d’être meilleur marché que les gels et tampons indiqués pour le déclenchement artificiel du travail.
Suite à ces effets indésirables graves rapportés en 2013 et 2015, l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) alertait déjà sur les risques potentiels liés à l'utilisation hors AMM, c'est-à-dire hors autorisation, du Cytotec dans le déclenchement de l’accouchement et dans toute autre utilisation gynécologique, une alerte qui faisait suite à des mises en garde en 2005 et 2008. Mais l’Agence avouait son impuissance pour interdire quelque chose qui n’était pas autorisé.
La situation n’évoluant pas, le laboratoire Pfizer, à qui appartient le Cytotec, a décidé le 18 octobre de retirer ce médicament du marché français dès le 1er mars 2018, a indiqué à l’AFP le Dr Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l'Agence du médicament (ANSM), à l'occasion des 6e états généraux organisés jeudi à Paris par l'association le Lien de défense des patients.