Lire un livre, décider du prochain déjeuner, imaginer sa prochaine réunion… A chacune de ces pensées, nous faisons appel à notre voix intérieure. Selon une étude publiée dans le journal eLife, nous passons même un quart de notre temps éveillé à l’écouter.
Les scientifiques se sont donc penchés sur cette question : comment le cerveau est-il capable de faire la différence entre notre voix intérieure et celle que nous utilisons pour parler aux autres ? C’est la réponse qui pourrait aider les médecins à soigner des pathologies où le patient « entend des voix », comme par exemple la schizophrénie.
Le cerveau envoie des copies d’efférence
Selon l’Inserm, 600 000 personnes sont atteintes de schizophrénie en France, et la maladie se déclare le plus souvent entre 15 et 25 ans. Cette pathologie trouble les pensées, les émotions, les perceptions et les comportements des malades. Et les hallucinations qui font partie des symptômes de cette maladie seraient en fait dues à un problème avec la voix intérieure du patient.
Explications. Lorsque nous parlons à voix haute, notre cerveau envoie des instructions à nos cordes vocales, notre langue et nos lèvres pour leur dire comment bouger et produire un son. A ce moment-là, le cerveau produit une copie de ces instructions, nommées « copies d’efférence ». Ces copies permettent à des régions du cerveau d’anticiper les informations qu’elles vont recevoir. Si les informations envoyées correspondent au son qui sort de notre bouche, alors c’est que le processus est maîtrisé.
« Nous entendons tous des voix dans notre tête »
Durant leurs recherches, les scientifiques ont remarqué qu’un certain type de réponse envoyé par le cerveau est comme « atténué » quand la voix intérieure est similaire à celle extérieure. Cependant, quand les deux voix diffèrent, cette « atténuation » n’a pas lieu et la réponse envoyée par le cerveau est alors beaucoup plus importante.
Cela signifierait donc que le cerveau produit aussi une « copie d’efférence » pour la voix intérieure, comme il le fait pour la voix extérieure. Pour les chercheurs, cela indiquerait que la méthode qu’ils ont utilisée pourrait servir à comprendre les mécanismes du cerveau quand celui-ci entend des voix.
Pour le professeur Thomas Whitford, un des auteurs de l’étude et professeur à l’école de psychologie à l’université australienne de New South Wales, « nous entendons tous des voix dans notre tête. Peut-être que le problème nait quand le cerveau devient incapable de nous dire que c’est nous qui produisons les voix que nous entendons. »