L'étude Global Burden of Disease a montré que la lombalgie est la principale cause d'invalidité dans presque tous les pays à revenu élevé, en Europe, en Europe de l'Est, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et en Amérique latine. Chaque année, un total de 1 million d'années de vie au travail est perdu au Royaume-Uni en raison d'une incapacité due à une lombalgie ; 3 millions aux Etats-Unis ; et 300 000 en Australie.
L’incapacité au travail lié à la lombalgie a augmenté de plus de 50% depuis 1990 et devrait encore croître au cours des prochaines décennies avec le vieillissement de la population. Une nouvelle série d'articles dans The Lancet met en évidence le faible intérêt des traitements reçus, souvent même à l’encontre des recommandations de bonnes pratiques médicales.
La lombalgie commune est la plus fréquente
Le mal de dos, ou lombalgie, affecte principalement les adultes en âge de travailler. Une cause spécifique pour la lombalgie peut rarement être identifiée et la plupart des maux de dos correspondent à ce que l’on appelle une lombalgie non spécifique ou « lombalgie commune ».
De nombreuses études suggèrent que les facteurs psychologiques et économiques sont importants dans la persistance de la lombalgie. La majorité des épisodes de lombalgie sont de courte durée avec peu ou pas de conséquences, mais les récidives sont fréquentes (environ une personne sur trois aura une récidive dans l'année suivant la reprise après un épisode de lombalgie aiguë) et la lombalgie est de plus en plus comprise comme maladie chronique.
Des traitements inadaptés
Toutes les recommandations basées sur les preuves conseillent une prise en charge de la lombalgie en médecine générale, la première ligne de traitement reposant sur l'éducation sur la maladie et les conseils pour rester actif.
Dans la réalité, une proportion élevée de malades sont traités dans les services d'urgence, sont encouragés à se reposer et à arrêter de travailler, ont souvent des prescriptions de scanners inutiles et d’analgésiques opioïdes excessives ou des interventions chirurgicales.
« La majorité des lombalgie répondent à des traitements basés sur la physiothérapie, la rééducation et un soutien psychologique simple visant à garder les gens actifs et à leur permettre de rester au travail», explique le professeur Rachelle Buchbinder de l'Université Monash, en Australie. « Souvent, cependant, ce sont des traitements plus agressifs et dont l’efficacité est improbable qui sont promus et remboursés ».
Un coût croissant
La lombalgie est à l’origine de 2,6 millions de visites aux urgences chaque année aux États-Unis, avec de très fréquentes prescriptions d'antalgiques opioïdes. Une étude réalisée en 2009 a révélé que les opioïdes étaient prescrits au cours de 60% environ des visites aux urgences pour lombalgie aux États-Unis. En outre, seulement environ la moitié des personnes souffrant de lombalgies chroniques aux États-Unis ont eu une prescription de rééducation.
En Inde, des études suggèrent que le repos au lit est fréquemment recommandé, alors qu’il s’agit d’un facteur de risque de passage à la chronicité de la lombalgie. Une étude en Afrique du Sud a révélé que 90% des patients recevaient un analgésique comme seule forme de traitement.
« Dans de nombreux pays, les analgésiques qui ont un effet positif limité dans la lombalgie sont couramment prescrits, avec très peu de prescriptions de traitements validés dans les essais randomisés tels que la rééducation », ajoute le professeur Nadine Foster, Université Keele, Royaume-Uni.
Low back pain: a major global challenge — Lancet editors Stephanie Clark and @richardhorton1 introduce new series on #LowBackPainhttps://t.co/9RRvExNLoF pic.twitter.com/NpmqFxKGOn
— The Lancet (@TheLancet) March 23, 2018
Le mal de dos ne doit pas empêcher le mouvement
En France, la campagne de l’Assurance Maladie s’inscrit dans ce mouvement et vise à casser les fausses croyances sur le bénéfice allégué du repos au lit ou la gravité de la lombalgie aiguë. Elle cherche à encourager le plus possible le maintien d’une activité physique, quel que soit le moyen qui le permette.
Il ne s’agit pas en effet d’une maladie grave, et le médecin traitant éliminera tout risque en l’absence de signe de gravité lors d’un simple examen clinique : point n’est besoin de radiographie. Et encore moins de scanner en l’absence de ces signes d’alerte car les « anomalies » que l’on pourraient y déceler sont le plus souvent sans rapport avec la douleur actuelle et elles ne modifieront en rien la stratégie thérapeutique.
Le traitement vise à soulager la douleur par des médicaments, mais pas seulement (applications de chaleur, auto-étirement), à maintenir une activité physique en évitant le plus possible le repos au lit et en limitant la durée des arrêt de travail (en tenant compte du type de travail et de la longueur des trajets pour y aller), quitte à aménager transitoirement le poste de travail lors du retour au sein de l’entreprise.
Le maintien d’une activité physique est primordial
Après la guérison de l’épisode douloureux, il faudra maintenir une activité. Marche rapide, monter les escaliers, nage sur le dos… font partie des activités possibles. Pas besoin de faire du sport (gymnastique, natation…), d’autres activités plus ludiques sont possibles : Taï Chi, Yoga, danse de salon…
Une « appli » gratuite, « Activ’dos » est mise à disposition par l’Assurance Maladie afin d'avoir des conseils pratiques sur une série d'exercices, de postures…et il y a même la possibilité de suivre l'évolution de son mal de dos.
A disposition également une page Facebook : « Maldedos.lebonmouvement » et sur son site (ameli.fr), l'Assurance maladie donne également des conseils pour soulager son dos et éviter la récidive.
Contre la chronicisation et le passage à la lombalgie chronique, le message est simple : « En cas de mal de dos, le maintien de l'activité physique est la meilleure voie vers la guérison ».