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Dépistage précoce

Détecter l'autisme dans... le placenta

Par Fabien Goubet

Des médecins américains ont mis au point une méthode pour dépister l’autisme chez le nouveau-né, à partir de l’observation du placenta de la mère. Il pourrait s’agir du premier marqueur biologique de cette maladie.

DURAND FLORENCE/SIPA
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Et si le placenta pouvait aider les médecins à identifier les futurs autistes ? Il ne s’agit pas d’une pratique divinatoire mais bien d’une nouvelle approche, présentée la semaine dernière dans la revue scientifique Biological Psychiatry.

C’est le professeur Harvey Kliman, de la faculté de médecine de Yale aux Etats-Unis qui l’a mise au point. Ce médecin s’intéresse depuis des années aux placentas et à leur rôle potentiel dans le développement de maladiescomportementales. Il a notamment analysé en 2006 le placenta de 13 enfants autistes. Une observation l’a intrigué : la surface de ces placentas est pleine de crevasses, comme s’ils étaient abîmés. Une idée lui vient alors : et si ces cavités pouvaient, dès la naissance, prédire l’apparition d’une forme d’autisme ? Mais face à la difficulté de se procurer des placentas (la maladie n’étant diagnostiquée qu’après plusieurs années), son expérience s’arrête.

Tout cela aurait pu en rester là, mais il apprend ensuite que d’autres médecins de l’université Davis en Californie étudient le placenta de mères dites à risque. Il s’agit surtout de femmes ayant déjà eu un enfant autiste, et venant de mettre au monde un deuxième enfant. Du pain bénit pour Harvey Kliman, qui peut alors reprendre ses observations sur 217 coupes de placenta (dont 117 sont à risque, et les autres des témoins).

Ses résultats sont sans appel : plus des deux tiers des placentas témoins ne présentent aucune cavité, et aucune coupe n’en contient plus de deux. A l’inverse, les deux tiers des placentas à risque ont bien une surface rugueuse et contenant jusqu'à une quinzaine d’aspérités. Autrement dit, un placenta à risque présente jusqu’à 8 fois plus de crevasses qu’un placenta sain, ce qui permet de distinguer facilement ces deux cas.

Ecoutez Danièle Langloys, présidente de l’association Autisme France « On ne connait pas de marqueur biologique de l’autisme. »



Alors que de nombreuses maladies peuvent être identifiées biologiquement, pour l’autisme, il n’existe donc toujours pas d’indice fiable. Les médecins doivent donc se fier à un diagnostic comportemental, sans pouvoir s’appuyer sur de quelconques données biologiques.

Ecoutez Danièle Langloys : « Plus on s'y prend tôt, plus on limite le surhandicap lié à l'autisme ».



L'autre avantage de cette méthode, si elle venait à être utilisée, c'est le gain de temps qu'elle autorise. On gagnerait en effet quelques précieux mois, ce qui peut être d’une importance cruciale. Même chez des parents à risque, chez qui la maladie est pourtant attendue, le diagnostic arrive parfois tardivement. 

Aussi encourageante soit-elle, cette étude soulève tout de même quelques interrogations. On ne sait pas, par exemple, dans quelle mesure ces inclusions placentaires sont spécifiques de l'autisme : elles peuvent aussi annoncer d'autres troubles comportementaux. Pour élucider cette question, d'autres études seront nécessaires.

Quoi qu'il en soit, l’enjeu de découvrir des outils biologiques fiables et précoces pour détecter l’autisme, qui touche près de 650 000 personnes en France, demeure intact. C’est d’ailleurs un des axes majeurs promis par le Ministère de la Santé, qui doit prochainement dévoiler le 3e plan autisme.