« J'ai subi une double mastectomie ». L'actrice américaine Angelina Jolie âgée de 37 ans a déclaré avoir subi cette opération visant à enlever ses deux seins. La star hollywoodienne a expliqué dans une tribune intitulée « Mon choix médical » publiée mardi dans le New York Times être porteuse d'un gène défectueux qui accroît le risque de cancer du sein et de l'ovaire. Mais pourquoi ce choix si radical ?
L'actrice est en réalité porteuse d'une mutation du gène BRCA1 ou BRCA2. « Ces deux gènes participent à la réparation des lésions que l’ADN subit régulièrement », explique un document de l’Institut national du cancer (INCA). La présence de mutations dans l’un de ces deux gènes perturbe cette fonction et fait augmenter fortement le risque de cancer du sein et de l’ovaire.
Pour le sein, le risque de développer un cancer varie de 40 % à 80% au cours de la vie, selon les études, le type de gène concerné, l'histoire familiale de cancer du sein, et l'âge. On estime que 2 femmes sur 1000 sont porteuses de cette mutation. La maman d'Angelina Jolie est morte il y a six ans d'un cancer du sein à l'âge de 56 ans. Le choix de l'actrice est donc à titre préventif.
Ainsi, le 27 avril, l'actrice américaine a terminé les trois mois de protocole médical liés à l'opération. Et a procédé à une reconstruction mammaire. Désormais, ses risques de développer un cancer du sein sont inférieurs à 5%. L'actrice et Brad Pitt ont eu trois enfants et en ont adopté trois autres. « Je peux dire à mes enfants qu'ils n'ont plus besoin d'avoir peur de me perdre en raison d'un cancer du sein », écrit-elle désormais soulagée.
Pourtant, Angelina Jolie regrette que le test de dépistage du gène BRCA1 et de l'autre gène défectueux BRCA2, coûte plus de 3.000 dollars aux États-Unis et que cela « reste un obstacle pour beaucoup de femmes ».
Elle espère que les femmes qui vivent sous la menace de cancer seront en mesure de se faire tester. « Si j'écris aujourd'hui à ce sujet, c'est parce que j'espère que d'autres femmes puissent bénéficier de mon expérience. La vie est pleine de nombreux défis. Ceux qui ne doivent pas nous faire peur sont ceux que nous pouvons affronter et contrôler », conclut-elle.
Aux Etats-Unis, des milliers de jeunes filles porteuses de cette anomalie génétique procèdent à cette ablation préventive des deux seins . Cette technique fait partie des recommandations médicales. Le bénéfice est maximal si l’intervention est réalisée avant 40 ans.
En France, s’il n’existe pas de recommandation officielle, les solutions proposées sont moins radicales que de l’autre côté de l’Atlantique. La prise en charge est organisée, coordonnée et conduite par un médecin référent travaillant dans une équipe multidisciplinaire prenant en charge les formes héréditaires de cancer. Les spécialistes préconisent une surveillance régulière dès l’âge de 20 ans et un suivi radiologique mammaire dès l’âge de 30 ans. Il consiste en la réalisation, sur une période n’excédant pas 2 mois, d’une mammographie, d’une échographie en cas de seins denses, et d’un examen par IRM. il n’y a pas de limitation dans le temps de ce suivi clinique. Il en est de même pour le dépistage par imagerie. Mais « toutes les femmes porteuses de ces mutations génétiques ne développeront pas systématiquement un jour un cancer du sein », précise l’Inca. Pour rappel, 5 à 10% des cancers du sein sont héréditaires.