Quel rôle joue le fonctionnement interne de la famille dans l'alimentation des jeunes ? Les repas en famille et notamment les dîners, ainsi que l'ambiance à la maison, améliorent-ils la qualité de l'apport nutritionnel des adolescents ?
Alors que près de 40% des Américains de plus de 20 ans étaient obèses en 2016, contre 34% en 2007, des chercheurs américains ont voulu examiner si le fonctionnement de la famille (c'est-à-dire la façon dont les membres gèrent les activités quotidiennes, communiquent et se connectent émotionnellement les uns avec les autres) était associé transversalement à la fréquence des dîners en famille et à la qualité de l'alimentation des adolescents. Leur étude menée sur 2728 jeunes âgés de 14 à 24 ans vivant chez leurs parents a été publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).
Fruits, légumes, boissons sucrées, fast food, plats à emporter
Plus précisément, les scientifiques ont examiné dans quelle mesure la fréquence des dîners familiaux était associée à la consommation de fruits et légumes, de boissons sucrées, de fast food et de plats à emporter chez les participants. Le tout en tenant compte du sexe et de l'âge des jeunes, de la fréquence des repas en famille chaque semaine, du niveau d'instruction du partenaire de la mère (père ou nouveau conjoint) et de la structure générale de la famille (recomposée, parents divorcés...) entre le 1er janvier 2017 et le 31 août 2018.
Résultat : les dîners familiaux plus fréquents étaient associés à un apport alimentaire de meilleure qualité, quel que soit le fonctionnement de la famille ou les interactions entre les membres. Les jeunes mangeaient plus de fruits et légumes, et moins de fast food.
Néanmoins, les repas en famille plus fréquents ont été associés à une consommation réduite de boissons sucrées chez les garçons, mais pas chez les filles. "Les résultats peuvent nous permettre de mieux comprendre le rôle joué par les dîners de famille dans l'amélioration de l'apport alimentaire et si cette association positive existe pour toutes les familles, quel que soit leur niveau de fonctionnement familial", expliquent les chercheurs.
Les repas en famille bonifient la qualité de l'alimentation des jeunes
L'adolescence et le début de l'âge adulte sont des périodes sensibles au développement de l'obésité. Notamment parce que les jeunes obtiennent plus de liberté pour sortir entre amis, avec des moyens financiers réduits, ce qui les poussent souvent vers les fast food et la mal-bouffe. La qualité de l'alimentation diminue donc souvent entre la fin de l'enfance et le début de l'âge adulte. D'où l'importance de maintenir des repas familiaux et ce, quel que soit les rapports entre les membres de la famille, même si une forte cohésion familiale a été associée à une consommation légèrement plus élevée de fruits et légumes.
Depuis 1975, le nombre de personnes obèses a quasiment été multiplié par trois d'après l'Organisation mondiale de la santé. En 2016, 13% des adultes dans le monde étaient obèses, 39% étaient en surpoids. En France, on estime que 30% de la population l'est. Chaque année, le nombre de personnes obèses augmente partout sur la planète. Une nouvelle étude renforce les inquiétudes quant à la progression de la maladie. D’après des chercheurs danois et britanniques, 22% de la population mondiale pourrait être obèse en 2045 si la situation ne change pas. Dans certains pays, ce taux pourrait être largement supérieur.