L'allaitement maternel pendant une période de temps prolongée protégerait-il les femmes contre le cancer du sein ? C'est en tout cas ce que semble démontrer une étude espagnole publiée jeudi sur le site Medpage Today. Toutefois, petit bémol, ce bénéfice serait en partie annulé lorsque la femme néglige certains facteurs de risque.
Pour arriver à cette conclusion, Emilio González-Jiménez de l'Université de Grenade et ses collèges ont analysé rétrospectivement les dossiers médicaux de 504 femmes de cette province espagnole, qui avaient eu un diagnostic de cancer du sein entre 19 et 91 ans durant la période 2004-2009. Et les résultats rapportés par ces chercheurs sont surprenants ! Car les femmes ayant allaité pendant plus de 6 mois avaient tendance à avoir un cancer du sein plus tard dans leur vie que celles qui avaient allaité pendant une durée plus courte ou pas du tout. Cette différence était en moyenne de 10 ans.
Ainsi, l'âge moyen au moment du diagnostic de la maladie était de 56,7 ans pour les 364 femmes qui avaient allaité pendant moins de 3 mois.
En comparaison, les 31 femmes qui avaient allaité pendant plus de 6 mois avaient en moyenne 65,4 ans au moment où leur cancer était diagnostiqué.
Par ailleurs, une analyse encore plus poussée a cependant révélé que l'allaitement maternel n'était bénéfique contre le cancer du sein que chez les non-fumeuses.
En effet, pour les femmes ayant allaité moins de moins de 3 mois, les fumeuses étaient en moyenne de 7,3 années plus jeunes au moment du diagnostic que les non-fumeuses. Enfin, chez les femmes ayant plus de 6 mois d'allaitement, celles qui fumaient étaient en moyenne âgées de 21,3 ans de moins au moment du diagnostic que celles qui ne fumaient pas.
« Ces résultats ne sont qu'un élément de preuve soutenant que l'allaitement maternel sur des périodes de plus de 6 mois en plus de fournir des enfants avec de nombreux avantages santé, protège également la mère de maladies graves telles que le cancer du sein », soutiennent les chercheurs.
Parmi les explications avancées pour expliquer ce lien: « l'élimination par le fluide mammaire de l'excrétion des agents cancérigènes à travers le tissu du sein au cours du processus d'allaitement. Ces changements physiques dans les cellules épithéliales mammaires auraient tendance à retarder le cancer de sein ».
En conclusion, ils rappellent que les infirmières à l'hôpital sont dans une excellente position pour mettre en garde les femmes sur les facteurs de risque spécifiques pour le cancer du sein, tels que le tabagisme, ou la consommation d'alcool. Ces dernières doivent donc participer à l'effort de prévention, « en encourageant les nouvelles mères à allaiter leurs enfants », concluent-ils.