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Une étude sur 11000 mères britanniques

Alcool pendant la grossesse, bébés plus petits

Par Melanie Gomez

Une étude révèle qu’au second trimestre de grossesse,  le binge drinking augmente de 68% le risque d’avoir un bébé avec un retard de croissance.  

DURAND FLORENCE/SIPA

 40% des futures mères boivent de l’alcool pendant leur grossesse toutes quantités confondues. C’est ce qui ressort d’une étude britannique publiée récemment dans le Journal of Epidemiology and Community Health. Dans le cadre d’une large enquête menée auprès de 11000 mères de la ville de Bradford entre 2007 et 2011, ces médecins se sont penchés sur leurs habitudes de consommation au cours de leur grossesse.
Ce qui inquiète le plus les auteurs de cette étude, c’est que parmi ce large échantillon de femmes, 333 d’entre elles ont déclaré avoir pratiqué le binge drinking, c’est-à-dire une consommation excessive d’alcool sur une courte durée pendant leur grossesse. Une attitude qui engendre des conséquences inquiétantes sur les nouveau-nés.

 

Un risque de retard de croissance augmenté de 68%
Dans le cadre de cette étude, il ressort qu’un enfant sur 10 né dans la ville de Bradford aurait un plus petit poids de naissance que prévu à cause de la surconsommation d’alcool de sa mère pendant la grossesse. « Nos résultats fournissent la preuve qu’il y un lien entre la consommation d'alcool et le risque de retard de croissance fœtale. Ces bébés avec un retard de croissance ont un plus grand risque de souffrir de diverses complications néonatales, notamment des problèmes et des infections respiratoires, une hypothermie ou encore des problème de développement neurologique », explique Duncan Cooper, l’auteur principal de cette étude. Les femmes qui avait bu au moins cinq unités d'alcool par jour (équivalent d’une demi-bouteille de vin ou deux pintes de bière) entre le 3ème et le 6ème mois de leur grossesse avaient un risque accru de 68% d’accoucher d’un petit bébé.


Pas de lien entre « binge drinking » et prématurité
En revanche, les auteurs de l'étude n’ont pas mis en évidence de lien entre le « binge drinking » des futures mères et le risque de prématurité. De même, ils n’ont pas montré d’association entre une consommation faible ou modérée d’alcool et le risque de naissance prématurée ou même retard de croissance de l’enfant. « Nos résultats confirment la politique du gouvernement qui consiste a dire qu’il n’y pas de risque de boire de petites quantités d'alcool pendant la grossesse, en dehors des trois premiers mois. En revanche, les femmes enceintes ne doivent pas boire en excès »,  précise Duncan Cooper. 


23% des Françaises ont bu de l’alcool pendant leur grossesse 
En France, les recommandations en matière d’alcool pendant la grossesse sont bien différentes. Une campagne intitulée “Zéro alcool pendant la grossesse” a été menée par les pouvoirs publics en 2009. Un message qui semble avoir du mal à convaincre, puisque selon l’enquête nationale périnatale récemment publiée par l’InVs, 23% des Françaises enceintes en 2010 déclarent avoir bu de l’alcool pendant leur grossesse, 17% disent en avoir consommé une fois par mois et 2% déclarent avoir bu plus de 3 verres en une occasion. Des chiffres de consommation déclaratifs que les experts considèrent comme sous-estimés compte-tenu de la désapprobation générale vis-à-vis de la consommation d’alcool pendant la grossesse.

 

Le « Zéro alcool » reste la conduite la plus sûre

De récentes études européennes estiment qu'entre 30 et 70 % des femmes consomment de l'alcool pendant la grossesse, alors que le taux de celles qui pratiquent le  « binge drinking » varie lui entre 3 et 26%, selon les études. « La consommation d'alcool pendant la grossesse est un sujet de toute façon très controversé, mais cette étude montre un lien clair entre les beuveries pendant la grossesse et le risque d’avoir un petit bébé. Le message qui est de dire que les femmes devraient s'abstenir complètement de boire pendant la grossesse reste finalement la politique la plus sûre et d’ailleurs celle qui est adoptée par la plupart des pays », confie le Pr John Wright , directeur de l’étude Born in Bradford. D’autres spécialistes vont même plus loin dans cette politique de réduction des risques lié à la consommation d’alcool pendant la grossesse et considèrent que les femmes devraient même éviter de boire des produits alcoolisés dès qu’elles essayent de concevoir un bébé.