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Octobre rose

Dépistage du cancer du sein : les femmes ont besoin d'être rassurées

Par Mathias Germain

Solitude, angoisse dans l'attente des résultats, deux enquêtes de l'Institut du cancer montrent que les femmes qui participent au dépistage organisé du cancer du sein ont besoin d'être plus soutenues. 

L'affiche de la campagne Octobre rose 2013

Neuf ans après le lancement du programme de dépistage organisé du cancer du sein, la participation des femmes de 50 à 74 ans ne progresse plus. Si l’existence de ce programme est connue du grand public, la participation s’est stabilisée autour de 53 %, alors que les experts de santé publique aimeraient atteindre un taux de 65 à 70 %. Quelles sont les questions ou les craintes des femmes concernées par le dépistage organisé du cancer du sein ?

D’après deux études menées par l’Institut national du cancer (INCa), les femmes s’inquiètent surtout des modalités pratiques du dépistage organisé. « Elles soulignent un manque d’informations avant leur premier examen, elles décrivent le stress et l’angoisse générés par l’attente des résultats, certaines évoquent aussi la douleur occasionnée par la mammographie », a constaté le Dr Frédéric de Bels, responsable du département dépistage à l’INCa à la suite d'une série d’entretiens qualitatifs auprès d’une cinquantaine de femmes.

La peur du cancer induit par les radiations des mammos
Elles évoquent aussi une certaine solitude ressentie entre la mammographie et les résultats. « Nous allons donc renforcer l’information et l’accompagnement des femmes pendant cette période, informer les centres de dépistage et faire en sorte que les professionnels de santé soient plus impliqués. Cela va dans le sens du troisième plan cancer », a souligné le Dr de Bels. Autre inquiétude des femmes : le risque de faire un cancer induit par les radiations de la mammographie. Sur ce sujet, Frédéric de Bels indique que les données actuelles sont largement en faveur du dépistage. Les cancers radio-induits sont estimés de 1 à 5 pour 100 000 femmes participant au dépistage pendant 10 ans alors que le dépistage organisé permet d’éviter 150 à 300 décès.

Ecouter le Dr Frédéric de Bels, responsable du département dépistage à l’INCa. « La balance bénéfice/risque est largement en faveur du dépistage organisé. »


Les femmes se demandent aussi si la mammographie est fiable, si le risque de passer à côté d’un cancer n’est pas trop important. « C’est pour limiter ce risque que le dépistage organisé prévoit systématiquement une seconde lecture de la mammographie par des radiologues spécialement formés », rappelle le Dr Frédéric de Bels. 6 à 7 % des cancers détectés dans le cadre du dépistage organisé le sont grâce à cette seconde lecture des clichés radiographiques.


Pas d'inquiétude concernant le surdiagnostic

La crainte du surdiagnostic ? « L’enquête qualitative montre que le concept de surdiagnostic n’est pas bien connu, et que c’est une préoccupation qui arrive bien après les modalités pratiques, souligne le responsable du département dépistage de l’INCa. Et une fois informées, leur réaction est de considérer le surdiagnostic et le surtraitement inhérent plus comme une précaution que comme une cause d’angoisse ». Selon les études, les estimations de surdiagnostic lié au dépistage du cancer du sein varient entre 10 et 20 % des cas de cancers diagnostiqués.

Les enquêtes de l’INCa indiquent que les femmes sont assez peu sensibles au débat sur l’élargissement du dépistage organisé à d’autres tranches d’âge, comme les femmes de 40-49 ans, ou de 70 à 75 ans. « Aucune question sur ces sujets n’est remontée dans nos enquêtes, remarque le Dr de Bels, mais cela ne signifie pas que le débat ne doit pas avoir lieu. La Haute Autorité de santé a été saisie de cette question. Elle devrait se prononcer sur les bénéfices ou les risques d’un élargissement des bornes d’âge du dépistage ou d’un ciblage plus spécifique de femmes à risque d’ici la fin de l’année. » Le spécialiste rappelle que le risque de cancer radio-induit augmente lorsque les mammographies sont réalisées à partir de 40 ans : le sein est à cet âge plus radiosensible et plus dense, ce qui nécessite une plus forte dose de rayons pour obtenir une image lisible.

Ecouter le Dr Frédéric de Bels, responsable du département dépistage à l’INCa. « On sait que plus on va faire des mammographies tôt dans la vie des femmes, plus on augmente le risque de cancer radio-induit. »


Autant d’informations qui seront débattues à l’occasion d’Octobre rose, la mobilisation nationale contre le cancer du sein. C’est aussi l’occasion de rappeler que le cancer du sein reste chez la femme le cancer le plus fréquent et la première cause de décès par cancer. Une femme sur 8 sera concernée dans sa vie par le cancer du sein. Détecté à un stade précoce, le cancer du sein peut non seulement être guéri dans plus de 90 % des cas mais aussi être soigné par des traitements moins agressifs entraînant moins de séquelles. 

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