A deux mois de l'ouverture du procès contre Jean-Claude Mas, le fabricant français des prothèses mammaires frauduleuses PIP, les femmes victimes préfèrent toujours prévenir que guérir. En effet, selon le dernier bilan arrêté fin septembre par l'Agence de sécurité du médicament (ANSM), parmi les 17 135 femmes ayant subi une explantation d’une de leurs prothèses, 12 599 (74%) l’ont fait à titre préventif. Ainsi, depuis le dernier bilan de l'Agence publié fin mai, 505 nouvelles femmes se sont fait retirer leurs implants PIP, sans pour autant présenter de signes d’alerte. Ces chiffres incluent toutes les explantations réalisées entre 2001 (date de la mise sur le marché français de ces implants) et fin septembre 2013.
3 explantations sur 4 à titre préventif
Et cette mesure de prévention s'avère parfois judicieuse, car, dans 20 % des cas, lors de l’explantation préventive, « il y a eu découverte d'un dysfonctionnement de la prothèse (rupture, suintement…) et/ou un effet indésirable non détecté par les examens précédant cette intervention », indique l'Agence.
Concernant l'ensemble des dysfonctionnements relevés sur ces femmes explantées, le taux d'implants PIP défaillants constaté à ce jour est de 25,4 %, avec un total de 7.999 implants défectueux sur les 29 577 retirés, précise l'Ansm. Il s’agit notamment de ruptures du dispositif, de fuites, de retournements ou encore de changements de couleur de l'implant. Résultat, avec 7 186 implants défectueux retirés fin mai, ce sont près de 1000 nouveaux dysfonctionnements d'implants qui ont été rapportés par l'Ansm en l'espèce de quatre mois.
30 000 Françaises sont concernées
Enfin, 74 cas d’adénocarcinomes mammaires (tumeur maligne) ont été signalés à l’Agence, chez des femmes porteuses de prothèses en gel silicone PIP. Un cas de lymphome anaplasique à grandes cellules a également été enregistré en novembre 2011. C’est d’ailleurs son signalement qui a été à l’origine des recommandations d’explantation préventive. « Aucun autre cas de ce type de cancer n’a été signalé depuis », souligne l'Ansm. Cependant, « selon les avis formulés par l’Institut national du Cancer (INCa) et les experts de la Commission européenne, les tumeurs déclarées ne sont pas reliées aux particularités des prothèses PIP », conclut l’Ansm.
Le nombre de femmes porteuses de prothèses mammaires PIP en France est estimé à environ 30000.