Une femme sur dix consomme un peu d’alcool pendant le deuxième trimestre de sa grossesse selon une étude norvégienne. Elles sont 16% à avoir une telle consommation au 1er trimestre. Il leur est pourtant recommandé de ne pas boire une goutte d'alcool pendant toute la durée de la grossesse. L’Institut national de Santé publique d’Oslo a suivi 66 111 femmes enceintes et leurs partenaires pour savoir si cette recommandation est suivie. Les résultats sont parus le 15 octobre dans le journal de la Fédération nordique d’obstétrique et de gynécologie, Acta Obstetricia et Gynecologia Scandinavia. Ils concluent qu'une majorité de femmes enceintes évitent l'alcool, mais elles sont encore trop nombreuses à continuer de boire régulièrement.
Le binge drinking concerne 12% des femmes enceintes
Globalement, la consommation d'alcool diminue à mesure que la grossesse évolue. L’alcoolisation légère concerne une femme sur cinq au deuxième trimestre de la grossesse contre plus d'une sur six au premier. Mais l’analyse du nombre de femmes s’adonnant au binge drinking – alcoolisation massive et rapide – témoigne d'une mauvaise perception des risques de l’alcool sur le fœtus. 12% des femmes enceintes avouent avoir connu un épisode d’alcoolisation massive au cours du premier trimestre de grossesse. Ce taux s’effondre à 0,5% pendant le deuxième trimestre. Pourtant, les dommages de l’alcool existent dès le début de la grossesse.
Pour distinguer la consommation légère (entre 0.5 et 2 unités d’alcool par mois) et le binge drinking (5 unités ou plus lors de l’alcoolisation), les chercheurs ont utilisé une échelle. En Norvège comme en France, une unité d’alcool correspond à 33cl d’alcool non fermenté, un verre de vin ou un shot de spiritueux. Les femmes enceintes qui consomment de l’alcool ont le plus souvent un niveau de revenu bas, un partenaire qui consomme de l’alcool et en ont consommé avant le début de leur grossesse.
Les émotions négatives incitent à l'alcoolisation
La consommation d'alcool n'est pas anodine chez la femme enceinte. Elle témoigne d'un état d'esprit particulier, selon l'étude. Les spécialistes ont établi un lien entre l'alcoolisation et une perception négative de leur grossesse, qui se traduit par de l’anxiété ou de la dépression. Et plus elles sont déprimées, plus la consommation d'alcool augmente. La probabilité de binge drinking explose à chaque unité d’émotion négative supplémentaire chez la mère : +55% au 1e trimestre, +114% au 2e trimestre.
Les femmes peu à l'aise avec leur grossesse ont davantage de conduites à risque lors des trois premiers mois. Mais la plupart cessent de boire ensuite. L’étude ne précise pas pour quelle raison certaines femmes enceintes continuent à consommer de l’alcool en dépit des préconisations contraires.
L'alcool entraîne de nombreux risques pour le fœtus
Les mères qui consomment de l’alcool au cours de leur grossesse exposent le fœtus à de nombreux risques qui vont de la naissance prématurée à la mort fœtale. Au-delà de 2 verres par jour ou d’une ivresse épisodique, le développement cérébrale du fœtus est perturbé (troubles du comportement, retard intellectuel). Cela peut aussi entraîner un faible poids de naissance, des malformations, voire un syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Il se manifeste par un retard de croissance et de développement intellectuel, des anomalies faciales et cérébrales ou encore des troubles du comportement. Les dommages causés sont irréversibles et concernent entre 0.5 et 3 naissances sur 1000.
Ces risques sérieux ont amené les médecins à déconseiller toute consommation d’alcool au cours d’une grossesse. En France, c’est environ une femme enceinte sur quatre qui boit de l’alcool au cours de sa grossesse. Parmi elles, 17% avouent être ivres une fois par mois ou moins. Les chiffres ont poussé les autorités de santé à mettre en place la campagne « Zéro alcool pendant la grossesse » en 2007.