Il existe un système de freinage naturel contre la suralimentation : le signal de satiété qui avertit le cerveau que l’estomac est plein. C’est malheureusement un signal trop tardif, ce qui pousse à se gaver. Il n’y a pas très longtemps encore, les Français passaient deux fois plus de temps à table que les Américains. Les nouvelles générations ont tendance à adopter le même rythme qu’eux… ainsi que leur épidémie d’obésité.
Pour limiter la prise d’aliments, la nature nous a donc tous dotés astucieusement de ce que l’on appelle le signal de "satiété". On pourrait employer des synonymes plus compréhensibles comme "signal de rassasiement, de satisfaction, ou de saturation", mais c’est un terme auquel vous serez souvent confrontés dans la plupart des articles sur le sujet. Le signal de satiété est un ordre du cerveau qui décide que l’on a trop mangé.
Si le signal de faim, qui dépend de notre niveau de sucre dans le sang, est assez précis, et surtout très rapide, celui qui décide de l’arrêt des festivités est assez lent et complexe. Il fonctionne plutôt bien dès la naissance, mais se perturbe en vieillissant. Conséquence : la satisfaction qui signale la fin d’un repas n’intervient que lorsqu’on a pris plus de nourriture qu’il ne le faudrait, probablement parce que ce signal est trop tardif. Peut-être un reste de notre adaptabilité archaïque à la famine ?
20 minutes, un délai pas suffisant
Ce délai, que l’on peut évaluer entre 10 et 20 minutes, est celui de tous les dangers, alors qu’il suffit d’attendre pour voir disparaître, comme par magie, l’envie irrépressible de se resservir. La gestion de ce signal de satiété milite aussi pour la composition du repas en trois parties : entrée, plat, dessert. Et non pas : plat principal unique, qui, en attendant sa préparation, est le meilleur allié de la prise de "pain-beurre", un grand classique des restaurants du midi.
Concrètement, avant de céder à la tentation de reprendre une part d’un plat, il faut attendre au moins 10 minutes. Si c’est impossible, les légumes ou la salade sont un pis-aller.
Manger lentement, c’est aider la digestion. Garder les aliments plus longtemps dans la bouche, c’est donner leur chance aux dents, qui ne sont pas là que pour rendre le sourire charmant mais pour déchirer, broyer et malaxer. Cela évitera à l’estomac de le faire alors que son véritable rôle est de bombarder, avec de l’acide, la bouillie envoyée par la bouche, les dents et la salive.
Mieux apprécier la nourriture
Manger lentement, c’est enfin mieux apprécier la nourriture, ce qui n’est pas un mince avantage lorsque l’on mange moins.
C’est une constatation qui n’a rien de médical, mais regardez bien autour de vous : la plupart des gens maigres sont désolants de lenteur à table. Le test des petits pois est éloquent. Mettez une assiette de petits pois devant des convives et regardez bien le premier geste. Le maigre prend la fourchette et le gros, s’il en a la possibilité, la cuillère ; sinon, il s’aide d’un morceau de pain. Le maigre mange ses petits pois presque un à un ; le gros les "pousse", en levant l’assiette.