Le dépistage du cancer du col de l’utérus permet de détecter les anomalies qui précèdent un cancer. La méthode la plus répandue est un test cytologique : un frottis est effectué. Les cellules prélevées sont ensuite observées au microscope afin de détecter des modifications éventuelles. Une étude publiée ce 2 novembre dans The Lancet suggère qu’un test HPV (Papillomavirus Humain) serait plus efficace et protégerait mieux les femmes du cancer.
Une étude comparée
Une équipe de chercheurs a analysé les données de quatre essais majeurs qui comparaient l’efficacité du test cytologique et du test HPV en Grande-Bretagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Suède. Lors d’un test HPV, les cellules sont analysées pour détecter la présence du papillomavirus, présent dans 99% des cancers du col de l’utérus. C’est ce virus qui altère les cellules du col de l’utérus. Si des modifications sont repérées, la patiente suit d’autres tests approfondis et un traitement si besoin.
« Jusqu’à aujourd’hui, il n’existait aucune estimation directe de l’efficacité du test HPV par rapport au test cytologique sur la prévention de cancers invasifs chez les femmes dépistées régulièrement, » explique l’auteur principal de l’étude, le Dr Guglielmo Ronco. En effet, un dépistage du papillomavirus permet de repérer le risque de cancer avant même l’altération des cellules du col de l’utérus.
70% de cancers en moins
175 000 femmes âgées de 20 à 64 ans ont participé à cette série d’études, sur une durée de 6 ans et demi. Certaines suivaient un dépistage traditionnel (examen cytologique), d’autres le test HPV. Pendant les deux premières années de l’étude, le nombre de cancers invasifs diagnostiqués était la même. Mais ensuite, moins de cancers ont été détectés dans les groupes dépistés au papillomavirus. 70% de femmes ont été protégées de la maladie par rapport à celles du groupe « examen cytologique. »
Cette protection accrue s'observe surtout chez les femmes de 30 à 35 ans. Selon les auteurs de l’étude, un dépistage du HPV tous les cinq ans est plus efficace qu’un examen cytologique tous les trois ans en prévention du cancer du col de l’utérus. « Nous recommandons la mise en œuvre de tests HPV avec triage dès l’âge de 30 ans et au moins tous les cinq ans. Le triage signifie que les femmes positives au papillomavirus devront subir un test cytologique, et que seules celles avec une cytologie anormale ou une infection au HPV persistante devront subir une colposcopie, » précise le Dr Ronco. La colposcopie est un examen du col de l’utérus à l’aide d’un instrument nommé colposcope. Cette sorte de loupe permet d’observer à l’œil nu la morphologie du col utérin, pour détecter d'éventuelles lésions.
L’avenir du dépistage ?
Les auteurs de l’étude recommandent une généralisation du test HPV en prévention du cancer du col de l’utérus. Mais une telle mesure suppose un coût non négligeable pour les Etats. Dans un commentaire à l’article, deux chercheurs de l’université McGill de Montréal (Canada), Sandra Isidean et Eduardo Franco y voient « l’avenir du dépistage du cancer du col de l’utérus » adapté à l'adoption généralisée du vaccin contre le papillomavirus.
« Avec des économies d’échelles qui incluent la mise en œuvre de tests HPV et l’allongement des intervalles, le dépistage du cancer du col de l’utérus devraient finir par coûter moins cher aux pays tout en fournissant une meilleure protection que les examens cytologiques traditionnels. Cependant, pour récolter les bénéfices de cette mise en œuvre, les nations doivent prendre en compte des défis logistiques. » Ces défis concernent toute la filière du dépistage. Il faudra non seulement déterminer quel type de test HPV est le mieux adapté, mais aussi établir les protocoles de dépistage (âge de départ et intervalles). En aval du dépistage, les agences sanitaires devront déterminer comment trier et gérer les femmes dépistées positives au HPV, et surtout s’assurer que les nouvelles politiques sont efficaces et adoptées par une majorité.