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Etude sur 15000 jumelles

Un asthme mal contrôlé nuit à la fécondité

Par Mathias Germain

Selon une étude danoise sur plus de 15 000 jumelles, les femmes asthmatiques mettent plus de temps à être enceinte que les autres, surtout lorsque leur maladie est mal contrôlée.

Nigel R. Barklie / Rex /REX/SIPA
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L'asthme mal contrôlé chez une femme ralentit la mise en route d’une grossesse. Le pourcentage de femmes ayant attendu plus d’un an avant de concevoir un bébé est plus élevé chez les asthmatiques, 27 % contre 21 % chez les non-asthmatiques. Ce constat a été fait par des chercheurs de l'hôpital universitaire Bispebjerg au Danemark.

Un risque mal connu d'un asthme mal contrôlé
Ils ont analysé les données de santé issues d’une cohorte de plus de 15 000 jumelles vivant au Danemark. Entre l’âge de 12 à 41 ans, ces femmes ont dû remplir des questionnaires sur leur état de santé qui comprenaient notamment des questions sur la présence de l'asthme et sur ​​la fertilité. Dans cette cohorte, 955 participantes ont déclaré des antécédents d’asthme. Les chercheurs ont ainsi pu constater que cette maladie respiratoire chronique pouvait ralentir la conception d’un enfant. Et le risque d' un retard dans la conception est plus élevé chez les femmes atteintes d'asthme non traité (30,5 %) par rapport aux asthmatiques qui suivent un traitement (23,8%).


Bébés de petit poids, prématurés, retard au développement...

L’âge est aussi un facteur aggravant chez les asthmatiques. Les femmes âgées de plus de 30 ans, souffrant d'asthme, sont encore plus nombreuses à attendre plus d’un an avant de pouvoir être enceinte (32,2 % contre 24,9% des femmes de moins de 30 ans). Néanmoins, une nouvelle rassurante : les femmes atteintes d'asthme ont finalement donné naissance à un même nombre moyen d'enfants que les femmes sans asthme.« Nos résultats mettent en lumière les interactions complexes entre la fécondité et l'asthme », a déclaré l'auteur principal, le Dr Elisabeth Juul Gade.


Mais, nos résultats suggèrent que si les femmes prennent leurs médicaments et contrôlent leur asthme, elles peuvent réduire ce délai ». Un point de vue partagé par le Dr Anne Prudhomme, pneumologue à l’hôpital de Tarbes. Il est essentiel de ne pas arrêter son traitement. Car un asthme non contrôlé peut entraîner des problèmes majeurs pour l'enfant : petit poids de naissance, prématurité, voire hypoxie pouvant entraîner des retards de développement. Les femmes asthmatiques doivent donc impérativement se faire suivre par leur médecin généraliste et pneumologue pendant leur grossesse et suivre à la lettre leur traitement ».


Ecouter le Dr Anne Prudhomme, chef du service de pneumologie à l’hôpital de Tarbes. « Le phénomène inflammatoire retarde l’implantation de l’œuf dans l’utérus. »


Des médicaments sans danger pour la grossesse

« Comme l'effet négatif de l'asthme sur la fertilité est réduit par un traitement, nous pouvons supposer que l'inflammation systémique caractérisée par l'asthme peut expliquer l'effet de retarder la fertilité », ont conclu les auteurs de l’étude danoise. Pour le Dr Anne Prudhomme, ces travaux plaident en faveur d’une bonne observance des traitements. La pneumologue rappelle aux femmes inquiètes par la prise de médicaments au cours de la grossesse, que la balance bénéfices / risques de la plupart des traitements est favorable (consulter le site du centre de référence sur les agents tératogènes). En outre, « même les petites crises d’asthmes, qui ne paraissent pas très gênantes pour la maman, peuvent affecter le développement du fœtus, souligne le Dr Anne Prudhomme.


Ecouter le Dr Anne Prudhomme, chef du service de pneumologie à l’hôpital de Tarbes. « Une asthmatique enceinte, il faut que la maladie soit en contrôle optimal tout le temps. A cette condition, la grossesse ne présente pas plus de risque que pour les autres femmes. »