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Yogathérapie : comment ça marche ?

Par Floriane Valdayron

Employé pour la première fois en 1970, le terme de "yogathérapie" fait allusion à l'application des préceptes du yoga dans des thématiques de santé. En reposant sur la relaxation, les exercices respiratoires, la méditation, la visualisation, et les verbalisations, cette approche holistique peut aussi bien s'appliquer aux troubles physiques que psychiques. Mieux Vivre Santé fait le point.

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Originaire des années 1970, la yogathérapie est une approche holistique qui s'inscrit dans une recherche générale d’équilibre. "Elle se penche particulièrement sur les relations qui existent entre l'esprit et le corps : on ne les dissocie pas. Pour parler à psyché, on peut passer par soma, et inversement, explique Nicolas Dupouy*, professeur de yoga et yogathérapeute. Cela permet de trouver du soutien face aux difficultés de santé que tout un chacun peut rencontrer".

Ces dernières peuvent relever du domaine physique, avec les maux de dos, de tête, les problèmes articulaires, gynécologiques, cardiaques, digestifs, vasculaires, ou encore urinaires, mais aussi psychique, avec, entre autres, la dépression, les problèmes de gestion des émotions, et les attaques de panique. Par ailleurs, la yogathérapie vise à accompagner une personne dans son  processus de guérison, de rémission, ou pour vivre au mieux une période troublée. "C'est un art de la rencontre qui prend en considération l'histoire, la culture, la sensibilité et le contexte familial, social, professionnel, de l’individu afin de personnaliser la relation", précise Nicolas Dupouy. 

Objectif : développer un lien de "qualité" pour mobiliser les ressources du patient et avancer dans la direction du mieux-être, voire du bien-être. "C’est une médecine complémentaire qui s’inscrit dans un réseau de soins avec les médecins, les psychologues, les kinésithérapeutes, et toutes les sources de bien-être environnant la personne", assure le professeur de yoga. In fine, la yogathérapie fait office d'auxiliaire pour que le patient accède à une meilleure gestion de lui-même, par lui-même. "Comme on jouerait d'un instrument, on joue de son existence, de son corps, de ses émotions, de son psychisme, en étant le plus en accord possible", résume Nicolas Dupouy. 

Les techniques employées 

Concrètement, cette école met en pratique les préceptes du yoga dans des thématiques de santé. "Le yoga touche aussi bien le corps que l'esprit. C'est la recherche d'un équilibre psychosomatique, d'une meilleure hygiène de vie", rappelle le professionnel. De fait, la yogathérapie repose sur les techniques du yoga : la relaxation, les exercices respiratoires, la méditation, la visualisation, et les verbalisations. "Seulement, il s'agit de les adapter aux demandes de la personne venue consulter", précise Nicolas Dupouy.

Ainsi, si quelqu'un souffre de l'épaule, son yogathérapeute lui fera lever le bras en recourant à un mouvement qui ne provoquera pas de gêne. "Avant toute chose, on travaille dans le confort et on ménage le rapport à la douleur et celui à l'effort, insiste le professeur de yoga. Il s’agit d’engager le patient dans une démarche dynamique et apaisée".

Le public ciblé

Puisqu'elle possède un champ d'action étendu, la yogathérapie se destine au plus grand nombre. "Il n'est pas nécessaire de pratiquer le yoga au préalable : c'est l'individu qui est au cœur du processus, martèle Nicolas Dupouy. Ce qui compte, c'est le patient, son adhésion à la relation et aux exercices proposés". Par ailleurs, il est important qu'il s’en fasse le relais dans son quotidien. 

Le déroulé des séances

Les séances prennent la forme d'entretiens individuels. Elles débutent par un temps de parole pour faire le point avec le patient et cerner ses besoins. "On s'intéresse vraiment à lui dans sa globalité", souligne le professionnel. Vient ensuite la pratique, sur le tapis. Elle passe par des exercices ciblés : selon la problématique de la personne, ils ne seront pas les mêmes. Par exemple, le yogathérapeute entraînera quelqu'un qui souffre de troubles du sommeil à la myorelaxation, à la mise en place d'une respiration à la fois la plus douce et la plus ample possible, ainsi qu'à la visualisation et aux verbalisations. 

"Attention, il ne s'agit pas d'initier la personne au yoga, ni de lui faire faire pléthore d'exercices, insiste Nicolas Dupouy. Il vaut mieux qu'il n'y en ait qu'un seul, adapté et bénéfique, que plusieurs exercices généraux". Il va plus loin : il définit la yogathérapie comme étant "l'art" de cibler deux ou trois exercices très simples que le patient pourra s'approprier. "La recherche et la co-création qui s'opèrent pendant la consultation reposent sur le fait qu'il se connaît bien et se base sur ses propres sensations", reprend le professionnel.

Ainsi, il convient d'interroger à maintes reprises le patient sur son état général, sur ses sensations précises dans tel mouvement, dans tel exercice, ou encore au sortir de la relaxation. "La question clé est : 'Que ressentez-vous dans votre corps ?', indique Nicolas Dupouy. Ensuite, on invite la personne à reproduire chez elle les exercices que l'on a faits ensemble, et on décide du temps et de la fréquence à leur accorder au cours d'une semaine".

La durée de l'accompagnement

Le professionnel recommande d'effectuer les séances de yogathérapie de manière hebdomadaire, dans un premier temps. In fine, il s'agit de mener rapidement les patients à l'autonomie. "La durée de l'accompagnement est très variable en fonction des individus, reconnaît le professionnel. La yogathérapie ne passe pas forcément par des prises en charge au long cours". Tout dépend des troubles. S'il a déjà suivi des patients sur deux ans, et d'autres une fois uniquement, Nicolas Dupouy estime que l'on pourrait établir une moyenne autour d'un mois et demi, voire deux.

"Le principe est le même que lorsqu'un sportif exerce un muscle, reprend-il. Cela devient de plus en plus facile de retrouver le chemin qui nous permet la relaxation, l'apaisement, de nous sentir bien et d'être en paix, en harmonie avec ce que l'on est en train de vivre". Par ailleurs, à l'issue de l'accompagnement, la personne peut se tourner vers les cours collectifs de yoga. "À l'inverse, il est arrivé que des élèves me demandent une séance de yogathérapie de temps en temps, pour les soutenir face aux soucis de la vie, comme un divorce, un enfant qui va mal", ajoute Nicolas Dupouy.

* Professeur de yoga depuis près de 18 ans, Nicolas Dupouy considère la yogathérapie comme la suite logique de son enseignement et de sa pratique professionnelle. "Il s'agit d'allier l'approche rationnelle et scientifique propre à la médecine à la créativité de la discipline du yoga, qui envisage la personne dans son ensemble, estime-t-il. C'est la réunion de deux traditions : l'Occident et l'Orient".