- Qu'est-ce que la dynamique de réussite ?
Laurence Luyé-Tanet : Elle consiste à croître, grandir, et relève d'un équilibre dans tous les domaines de vie, à la fois personnels et professionnels. Elle pose la question suivante : "S'agit-il de réussir dans la vie ou de réussir sa vie ?". L'un n'exclut pas l'autre, mais, dans le premier cas, on pourrait se demander : "À quel prix ?". Par exemple, j'ai reçu des managers et des cadres en burn out, taillables et corvéables à merci, dans l'idée de ne pas perdre un poste, d'avoir un salaire satisfaisant, ou encore d'obtenir des promotions. Le risque est de laisser des plumes dans cette course à la "réussite" : elle peut mener à des escalades lourdes de conséquences, aussi bien du point de vue personnel que sur la santé.
- Quelles sont les clés pour obtenir une mentalité positive afin d'entreprendre ses projets ?
D'abord, lorsque l'on veut réussir, il est important d'interroger sa motivation. Cela passe par se poser ces questions : "Qu'est-ce qui me pousse en avant ?", "Dans ma vie, qu'est-ce que je considère comme étant la réussite ?" et "Qu'est-ce que je veux apporter dans le monde ?". Concrètement, au niveau professionnel, si l'on veut gagner beaucoup d'argent ou faire partie des leaders, il faut se demander pourquoi. S'agit-il de combler son égo, c'est-à-dire une faille narcissique ? Auquel cas, il y aura nécessairement une conséquence. Quand ses motivations sont fausses, on ne réussit pas, puis on se voit en échec alors que l'on n'est seulement pas parti sur les bonnes bases. Se poser les questions justes permet de revenir à soi, de se reconnecter à ce que l'on veut vraiment, à l'intérieur, d'identifier clairement ce à quoi on aspire réellement.
Cela se traduit par être à l'écoute de soi et se projeter dans ce que l'on souhaite, en se demandant quel sera l'impact sur les autres pans de sa vie. Dans mon livre Ne crains pas que ta vie prenne fin un jour mais plutôt qu'elle n'ait jamais commencé*, j'explique qu'entrer dans une dynamique de réussite positive consiste à revenir à ses rêves, car ce sont eux qui nous relient à ce que j'appelle notre "âme", c'est-à-dire à notre énergie de vie. Elle, elle ne nous trompe pas : elle nous reconnecte à ce que l'on sent juste. C'est se demander : "Comment est-ce que je vois ma vie ?". Prenons l'aspect relationnel. Il s'agit de se poser les questions suivantes, entre autres : "Est-ce que je désire être marié ?", "Est-ce que je veux des enfants ?", "Est-ce que je souhaite vivre à la campagne ?". Cette démarche consiste à se demander ce que l'on veut, ce qui nous correspond, à nous spécifiquement. Avant le "comment", on doit être le capitaine de son navire, se préoccuper de la direction dans laquelle on veut aller.
- Cela s'applique-t-il aussi bien au domaine professionnel que personnel, notamment dans les projets du quotidien ?
Bien sûr. De toute manière, on ne peut pas séparer le professionnel du personnel : c'est de la seule et même personne dont il est question. Ces deux domaines comportent nécessairement une part de relationnel, qui vient intrinsèquement de sa relation avec soi-même. Par exemple, j'ai déjà été confrontée à quelqu'un d'excessivement dur avec ses employés mais de très doux chez lui. Je pense qu'il n'était pas à sa place en tant que responsable. Il ne savait pas entretenir des relations dans le monde de l'entreprise et associait autorité à autoritarisme : il n'était pas en accord avec lui. Ainsi, plus on se connaît, plus on sait qui l'on est, plus on sera équilibré sur les différents domaines et on fera les bons choix pour sa vie.
- Comment mettre la dynamique de réussite à exécution ?
Il faut commencer par avancer vers ce que l'on veut, c'est-à-dire par poser une action. Ce n'est pas le tout de se dire "je souhaiterais que" ; il n'y a pas de baguette magique. Par exemple, si l'on veut écrire un livre, il ne va pas se rédiger tout seul. On doit réfléchir à ce que l'on veut écrire, sous quelle forme, et s'y mettre. Une fois qu'il est terminé, si notre objectif est qu'il soit publié, il faut contacter les maisons d'édition, donc poser cette action. Autrement, le démarrage ne peut avoir lieu, même s'il demande de sortir de sa zone de confort.
- Quels sont les freins à la réussite ?
Une difficulté peut survenir en raison d'une étape mal évaluée. Mais, souvent, les freins à la réussite se trouvent en nous. On peut avoir peur de réussir parce que l'on se trouve dans des mécanismes d'autosabotage. Cela peut s'expliquer par des fidélités familiales inconscientes, car on ne veut pas dépasser un parent, ou par la crainte de gagner plus que son conjoint, de perdre ses amis, de devenir visible… Dans ce cas, plutôt que se dire que son projet n'est pas juste, il convient de se poser les bonnes questions : "Que se passerait-il, si je réussissais ?", "Que cela changerait-il à ma vie ?".
Lorsque je travaillais comme psychothérapeute, j'ai souvent vu des patientes qui n'arrivaient pas à avoir des relations affectives sérieuses : elles échouaient toutes, quelle que soit la raison. L'une d'elle ne tombait que sur des partenaires alcooliques, alors que ce n'était absolument pas ce qu'elle voulait. Un jour, elle a réalisé que sa croyance, c'était que, quand on était en couple, on perdait sa liberté. Ça lui faisait peur car c'était sa valeur première, donc elle ne se mettait que dans des relations qui ne pouvaient pas fonctionner. Aussi, inconsciemment elle conservait sa liberté.
Les autres freins à la réussite que j'ai le plus constatés sont les croyances limitantes, le manque de confiance en soi, ainsi que celui de persévérance et celui de vision sur ce que l'on veut. Nous pouvons également citer l'absence d'estime de soi. On la voit notamment chez certains managers, ceux qui sont particulièrement dans la compétition : une personne qui a confiance en elle est en capacité de reconnaître les talents des autres car ils ne lui font pas d'ombre. Au lieu d'être en "version compétition", elle entre en "version collaboration", dont émerge davantage de positif puisque l'on multiplie nos forces et que l'on avance dans le même sens.
- Comment rester dans une dynamique de réussite face aux difficultés éventuelles ?
En entretenant la vision de sa vie et de son projet. Il faut se réajuster par rapport à elle, en avançant, en posant les actions qui nous aideront à construire les étapes, un petit peu comme un pont que l'on érige. Lorsqu'on avance, on rencontre des doutes et des peurs ; c'est un processus normal. D'abord, il est important de le savoir pour ne pas les laisser nous freiner. Aucune difficulté n'est insurmontable, il existe nécessairement d'autres possibilités. Étant donné que la difficulté fait souvent partie du "comment", pas de la vision, peut-être qu'un obstacle demandera simplement de voir les choses avec une autre perspective. Comme disait Albert Einstein, "Un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu'il a été créé".
Prenons un nouvel exemple. Si son rêve est d'acheter une maison, sa vision sera la manière dont on la veut : le nombre de pièces, la taille du jardin, son emplacement géographique… Si la difficulté est de ne pas trouver de banque auprès de qui faire un prêt, il convient de poursuivre ses recherches, ce qui demande de persévérer et d'envisager peut-être les choses avec des perspectives différentes. Puis, à d'autres niveaux, je suis convaincue qu'il faut faire confiance à l'univers, que des choses que l'on n'aurait jamais imaginées peuvent se mettre en place : des rencontres, des moments qui font que… Néanmoins, cela ne peut se produire qu'avec ce que l'on appelle la synchronicité, ou la loi de l'attraction. En somme, cela revient à être connecté à sa vision, à ce que l'on veut. On ne doit jamais la perdre, que cela fasse un mois ou trente ans que l'on a entrepris un projet.
* Laurence Luyé-Tanet a écrit une quinzaine de livres, présentés sur son site.