À l'image des "cinq fruits et légumes par jour", l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de faire 10 000 pas quotidiens pour conserver la forme. Débattu par certains experts, cet objectif est particulièrement difficile à tenir : entre 2012 et 2016, seuls 25% des Français l'atteignaient, selon une étude de l'association Attitude Prévention. En effet, il représente entre 7 et 8 kilomètres, selon la longueur de ses pas. Afin de vous aider à parcourir une telle distance tout en faisant le plein d'anecdotes historiques, Pourquoi docteur vous a concocté une promenade dans le 18e arrondissement de Paris, dont émerge l'emblématique Butte Montmartre. Vous en êtes actuellement au pied, à la station de métro Blanche.
Initialement une commune du département de la Seine – créé en 1790 et supprimé en 1868 – Montmartre est annexée à Paris en 1860, avec la loi d'extension de la capitale. Elle intègre ainsi ce qui devient le 18e arrondissement, baptisé "des Buttes-Montmartre". Nous allons faire un bond dans le temps pour nous intéresser plus particulièrement aux décennies suivantes, puisqu'elles ont profondément marqué l'Histoire du quartier. Arrêtons-nous d'abord sur la Commune de Paris, une période insurrectionnelle qui s'étendra du 18 mars 1871 au 28 mai de la même année. Elle trouve ses origines sur la Butte. Pour comprendre les évènements qui y ont mené, revenons sur le contexte mouvementé, fragile, que connaît la France dans les mois précédents.
Sous l'impulsion de Napoléon III (1808-1873), qui a instauré le Second Empire en 1852, le pays se lance dans une guerre mal préparée contre la Prusse, en juillet 1870. Elle se conclut le 1er septembre avec la défaite de Sedan, pendant laquelle le monarque est capturé. Trois jours plus tard, au terme d'une journée d'émeutes parisiennes, le Second Empire est renversé et remplacé par le gouvernement de la Défense nationale, dont fait notamment partie Léon Gambetta (1838-1882). Il proclame le retour de la République, ce qui n'empêche pas les troupes prussiennes d'encercler la capitale dès le 20 septembre, et de mettre en place le siège de la ville. Il prendra fin quatre mois plus tard, le 28 janvier 1871.
Derrière la Commune de Paris, la Butte Montmartre
Entre la famine, la difficulté à reconnaître la défaite, puis l'armistice, la tension monte au sein du peuple. Elle est renforcée en février avec l'élection d'une Assemblée nationale à majorité monarchiste, dans une ville pourtant républicaine, et favorable à la démocratie directe. Le chef du pouvoir de l'exécutif, Adolphe Thiers (1797-1877), perçoit la situation comme délicate et envoie dans la nuit du 17 au 18 mars des soldats chercher les canons de la Garde nationale, entreposés sur la Butte Montmartre. Le problème : ils ne parviennent pas à transporter les armes car ils manquent de chevaux. Alors qu'ils attendent du renfort au petit matin, les habitantes sont les premières à s'interposer. Elles parlementent avec les troupes, et… Fraternisent. C'est ainsi que débute le soulèvement.
Le Conseil de la Commune est formé le 26 mars, après des élections organisées à Paris par le Comité central de la Garde nationale. Pendant deux mois enfiévrés, les insurgés tentent de mettre en place un gouvernement qui balaie tout privilège, favorise l'émancipation des femmes et réaffirme la liberté de la presse. Période synonyme d'avancées sociales, marquante pour le mouvement libertaire comme les mouvances de gauche, elle se conclut violemment dans la Semaine sanglante, la répression organisée par le gouvernement d'Adolphe Thiers. Elle s'étalera du 21 au 28 mai. Si son bilan fait débat aujourd'hui encore, il est certain que les communards déplorent plus de pertes que les troupes versaillaises. Selon le dernier décompte de l'historien Robert Tombs, entre 5 700 et 7 400 insurgés auraient péri, contre environ 400 soldats et officiers.
Le Moulin Rouge, symbole de la Belle Époque
Intéressons-nous maintenant à la Belle Époque, cette période riche en progrès sociaux et économiques, qui s'étend des années 1880 au début de la Première Guerre mondiale, en 1914. Elle est particulièrement présente à Montmartre. À la fin du XIXe siècle, le quartier arbore deux visages : celui des artistes en quête de hauteur et de loyers modérés, et celui des fêtes. Ces deux mondes partagent les valeurs que sont le plaisir et la beauté. Quand Paris brasse de plus en plus d'individus et se dépersonnalise, la Butte cultive son esprit village. Symbole d'une vie bohème, elle devient un lieu phare de la peinture, et regorge d'artistes que nous évoquerons au fur et à mesure de cette promenade, au détour des rues que nous emprunterons. Voici pour le contexte historique. Désormais, mettons-nous en route !
En sortant de la station Blanche, vous tomberez nez à nez avec le Moulin Rouge, le célèbre cabaret inauguré en 1859 que l'on retrouve dans quantité de films, livres, et chansons. Les deux hommes d'affaires qui en sont à l'origine, Joseph Oller et Charles Zidler, nourrissent le projet de voir des personnes fortunées s'encanailler dans le quartier à la mode qu'est Montmartre. Des "petits employés" aux femmes "élégantes", en passant par les bourgeois et les artistes, ce lieu atypique attire les foules et connaît un franc succès. Il devient l'emblème d'un Paris festif, où le French cancan règne, grâce à des danseuses vedettes comme Louise Weber (1866-1929), dite La Goulue, et Jeanne Louise Beaudon (1868-1943), qui se fait appeler Jane Avril.
Une maison néo-gothique au détour d'une impasse
Dépassez l'établissement et contournez-le par la droite, en vous rendant dans la cité Véron. L'écrivain Boris Vian (1920-1959) s'y installe en 1953, au numéro 6 bis, dans l'atelier du troisième étage, qu'il réarrange en appartement. Un an plus tard, son ami et poète Jacques Prévert (1900-1977) emménage sur le même palier et partage avec lui une terrasse dont la vue surplombe les toits du Moulin Rouge. Revenez sur vos pas, jusqu'à la station de métro, pour emprunter la rue Lepic, sur votre gauche, cette fois. Au numéro 15, vous verrez le Café des Deux Moulins, que les cinéphiles reconnaîtront du film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (2001), de Jean-Pierre Jeunet. C'est ici que le personnage principal travaille, en tant que serveuse.
Prenez à gauche, dans la rue Cauchois, puis à droite. Sur votre gauche, vous verrez l'impasse Marie-Blanche. Au numéro 7 se dresse la maison Eymonaud. Admirez sa façade, de style néo-gothique. Inscrite au titre des monuments historiques, sa construction s'est étalée de 1892 à 1897, avant des travaux d'allongement en 1900 et l'ajout d'une aile en 1910. Elle se trouve sur l'emplacement de l'ancien hôtel de l'Escalopier, édifié en 1835 pour le comte éponyme, un historien et collectionneur passionné d'archéologie. De style troubadour, sa demeure abritait une bibliothèque de 5 000 livres, ainsi qu'un petit musée d'orfèvrerie médiéval. Revenez sur vos pas et suivez la rue Constance. Tournez à gauche, sur la rue Lepic, puis à droite, rue Joseph-de-Maistre.
La première église en béton armé de Paris
Continuez tout droit, jusqu'à tomber sur la rue des Abbesses – il s'agit du terme employé pour désigner les supérieures d'une abbaye, élues par leurs consœurs. Elle tient son nom de celles de l'abbaye de Montmartre, fondée en 1134 par Louis VI (1081-1137), et dont le seul vestige depuis sa démolition, à la fin du XVIIIe siècle, est l'église. Descendez la rue intégralement. Au numéro 19, vous pourrez voir Saint-Jean de Montmartre. Construite entre 1894 et 1904, elle est la première église moderne de la capitale. Son décor orientaliste, en "modern-style", tranche avec son plan traditionnel, réalisé sur deux niveaux en raison de l'escarpement de la colline. Par ailleurs, c'est surtout dans le choix des matériaux que réside sa particularité : de la fonte de fer et du béton armé.
Rejoignez la place des Abbesses, essentiellement caractérisée par son carrousel, ses réverbères et sa fontaine Wallace. À l'étranger, ces points d'eau potable publics sont souvent associés à l'image de Paris, puisqu'ils s'y implantent d'abord, en 1872, et car la France est le pays qui en détient le plus grand nombre. Après la Commune, nombre d'aqueducs sont détruits, entraînant une hausse considérable du prix de l'eau, déjà élevé. Ayant hérité d'une grande fortune en 1870, le philanthrope Richard Wallace (1818-1890) décide de financer l'édification de ces fontaines, nécessaires à beaucoup de personnes démunies.
Notez aussi que vous vous tenez sur la station de métro la plus profonde de la ville, dont les quais sont situés à 36 mètres sous terre. Rendez-vous au square Jehan-Rictus, qui abrite le célèbre Mur des je t'aime, une œuvre de 40 m2 inaugurée en 2000. Constituée de 612 carreaux de lave émaillée, elle représente le mot "je t'aime", écrit 311 fois, en 250 langues et dialectes rares ou oubliés. Parmi eux se cachent les morceaux d'un cœur brisé, symbolisés par des éclats de couleur rouge. Ressortez du parc, longez la rue des Abbesses quelques instants par la droite, puis empruntez le passage du même nom. Tout au bout, montez les escaliers pour atteindre la rue des Trois-Frères.
Des ballons montés pour fuir la capitale assiégée
Vous tomberez nez à nez avec la Maison Collignon, l'épicerie dans laquelle sont tournées des scènes du Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Prenez à droite. Au numéro 23, vous verrez l'emplacement du dispensaire ouvert par Georges Clemenceau (1841-1929), après qu'il ait été élu maire du 18e arrondissement, en 1870. Malgré ses activités politiques croissantes, il exercera dans ce petit deux-pièces jusqu'en 1906. Précurseur de la médecine du travail, il lutte contre l'utilisation industrielle de produits toxiques pour les ouvriers, comme la céruse, et s'intéresse particulièrement aux questions sociales ainsi qu'à l'hygiène, également ses domaines de prédilection au Conseil municipal de Paris.
Lorsque vous croiserez la rue Tardieu, sur votre gauche, longez-la jusqu'à la place Saint-Pierre. Félicitations, vous avez fait un quart de la promenade, soit marché près de 2 500 pas ! Pour l'anecdote, durant le siège de Paris de 1870, c'est près de l'endroit où vous vous tenez que quatre ballons montés se sont échappés. Parmi eux, L'Armand-Barbès s'est envolé le 7 octobre, avec Léon Gambetta à son bord. Outre ce cas de force majeur, ces ballons à gaz avec nacelle étaient notamment utilisés pour transporter du courrier et des pigeons voyageurs face aux barrages des troupes prussiennes.
La basilique au cœur des polémiques
Maintenant, entrez dans le square Louise-Michel. Il est nommé ainsi d'après une figure majeure de la Commune de Paris. Louise Michel (1830-1905) est l'une des premières à empêcher l'enlèvement des canons de la Butte. Ensuite, elle se livre aux autorités à la fin de la Semaine sanglante pour faire libérer sa mère. Elle est déportée en Nouvelle-Calédonie, où elle devient anarchiste, puis rentre à la capitale afin de poursuivre son activité révolutionnaire, qui la fera emprisonner à plusieurs reprises. Cette poète dans l'âme devient finalement institutrice, un métier dans lequel elle s'illustre pour ses idées féministes, notamment en réclamant une éducation équivalente pour les filles et les garçons.
Optez pour le côté qui vous inspire davantage, et montez les marches extérieures, plus larges et attirant moins les foules que les escaliers droits. Vous vous trouvez devant la fontaine monumentale de style néo-classique réalisée par le sculpteur Paul Gasq (1860-1944), en 1932. Approchez-vous pour discerner les piédouches des vasques, sculptés de personnages marins, comme les tritons. Prenez le petit escalier sur votre gauche. Vous voilà avec une vue superbe de la ville ! N'hésitez pas à vous avancer vers la table d'orientation de la Butte, afin de situer les quartiers alentours. À présent, seules quelques rangées de marches vous séparent du parvis du Sacré-Cœur.
Arrêtez-vous devant la basilique, le temps de revenir sur son Histoire. Déclarée d'utilité publique, son édification est décidée en 1873 et s'inscrit dans le cadre de la recherche d'un nouvel "ordre moral", comme pour expier le péché de révolte de la Commune. Elle se termine officiellement en 1923, mais elle n'est véritablement achevée qu'après la Seconde Guerre mondiale, dont les bombardements ont détruit les vitraux. Elle perpétue la tradition qui consiste à établir un lieu de culte sur la colline de Montmartre, d'abord le témoin de temples gallo-romains, puis de l'église Saint-Pierre (XVe siècle), ou encore de l'abbaye royale. Bien qu'un des emblèmes de Paris aujourd'hui, sa construction fut vivement critiquée par des artistes et écrivains, comme Émile Zola (1840-1902), qui dénonce un symbole d'obscurantisme.
L'emblématique affaire "La Barre"
Dirigez-vous sur votre droite et descendez les escaliers pour rejoindre la rue Lamarck. Remontez-la jusqu'à arriver au croisement avec celle du Chevalier-de-La-Barre, nommée d'après Jean-François Lefèvre (1745-1766). Appesantissons-nous sur ce qui a rendu "l'affaire La Barre" emblématique. Elle débute le 9 août 1765, quand deux actes de profanation sont découverts à Abbeville, dans le nord-ouest d'Amiens. Des membres de la jeunesse aisée de la ville sont soupçonnés, dont le chevalier de La Barre, soit Jean-François Lefèvre, qui s'est déjà fait remarquer pour des chansons peu respectueuses de la religion et pour ne pas s'être découvert en passant devant la procession du Saint-Sacrement.
En parallèle, le hasard fait que la cousine du jeune homme de 20 ans avait éconduit le lieutenant du tribunal discal de la ville, Dumaisniel de Belleval, qui aurait décidé de le faire payer au chevalier. Malgré des témoignages plus qu'imprécis, Jean-François Lefèvre est arrêté le 1er octobre et détenu au secret dans la prison d'Abbeville. On retrouvera chez lui le Dictionnaire philosophique de Voltaire (1694-1778), ce qui aggrave les soupçons aux yeux de l'accusation, bien qu'il nie les faits. Il est condamné le 28 février 1766 par le tribunal de justice de la ville – alors appelé "présidial" – pour "impiété, blasphèmes, sacrilèges exécrables et abominables". Sa peine : reconnaître publiquement sa faute – "faire amende honorable", sous l'Ancien Régime – avoir la langue tranchée, être torturé, décapité, et, enfin, brûlé (oui, tout ça).
Mettant en évidence la légèreté du dossier d'accusation et l'illégalité de la peine prononcée – le blasphème n'étant plus puni de mort depuis 1666 – plusieurs personnalités interviennent auprès de Louis XV (1710-1774) pour obtenir la grâce du condamné. Rien n'y fait. Pire : en même temps que son corps, un exemplaire du Dictionnaire philosophique est jeté au bûcher. Il faudra attendre quelques mois pour que Voltaire établisse les motivations réelles des juges d'Abbeville et démasque Dumaisniel de Belleval, ainsi que ses faux témoins. À l'image de l'affaire Calas (1761-1765) et de l'affaire Sirven (1760), l'affaire La Barre constitue une nouvelle occasion pour les philosophes des Lumières de lutter contre le système judiciaire arbitraire de l'époque. Jean-François Lefèvre est réhabilité en 1793, par la Convention nationale.
La place du Tertre, le rendez-vous des artistes
Prenez les escaliers sur votre gauche et remontez la rue du Chevalier-de-La-Barre, afin d'avoir une autre vue du Sacré-Cœur. Continuez votre chemin jusqu'au croisement avec la rue du Mont-Cenis, une ancienne voie du village, puis de la commune de Montmartre. Tournez à gauche, et poursuivez pour atteindre la rue Norvins. Sur votre gauche se dresse Saint-Pierre de Montmartre. Consacrée en 1147, elle est la plus ancienne église paroissiale de Paris, après celle de Saint-Germain-des-Prés. Allez à droite pour gagner la place du Tertre. Vous vous tenez à 130 mètres d'altitude, sur la place principale de l'ancien village. Un monticule signalé dès 1336 est à l'origine du lieu-dit "le Tertre", qui devient "place du Tertre", avec l'usage.
Ce n'est que vers le milieu du XVIIe siècle qu'elle revêt l'aspect d'une véritable place publique. Les abbesses de Montmartre y plantent leurs fourches patibulaires, sur lesquelles les condamnés à mort sont pendus. Réputée dans le monde entier, elle est désormais un haut lieu touristique dédié au commerce de la peinture et du dessin, en souvenir de l'époque où le quartier était le cœur de l'art moderne. Nous tenons cette tradition – forgée entre 1890 et 1940 – de peintres tels que Pablo Picasso (1881-1973), Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901), Georges Braque (1882-1963), Amedeo Modigliani (1884-1920), Suzanne Valadon (1865-1938), Maurice Utrillo (1883-1955) ou encore Eugène Paul (1895-1975), dit Gen Paul – par ailleurs, ces deux derniers font partie des rares peintres célèbres de la Butte à y être nés.
Chaque année, près de 140 emplacements d'un mètre carré sont attribués par les autorités municipales à deux artistes travaillant en alternance. Repavée en 1992, la place est bordée de maisons de deux à trois étages datant du XVIIIe siècle. Elle a été le théâtre de plusieurs conflits, notamment celui opposant artistes et restaurateurs, ces premiers reprochant à ces derniers de trop empiéter sur l'espace disponible. Restons quelques instants supplémentaires. Le siège de la première mairie de Montmartre, installée en 1790 au domicile du premier maire, Félix Desportes (1763-1849), se trouvait sur votre gauche, au numéro 3. Le peintre et sculpteur Maurice Drouard (1886-1915) s'établit au numéro 7, face à vous, en 1912. Il quitte son domicile deux années plus tard, mobilisé à l'entrée en guerre. Tué par un obus alors qu'il soignait des blessés, il est déclaré mort pour la France.
Développement du "traitement moral" à la Folie Sandrin
Derrière vous, au numéro 6, se tient le restaurant de La Mère Catherine, ouvert par Catherine Lamotte en 1793. Il s'agissait initialement du presbytère du curé de l'église de Saint-Pierre de Montmartre. Prenez la rue Norvins. Arrêtez-vous devant le numéro 22 bis, à la Folie Sandrin. C'est ici que "le sieur Sandrin" achète une propriété en 1774, afin de se faire construire une luxueuse maison de campagne, dite "folie". Elle sera transformée en 1806 par le docteur Pierre-Antoine Prost, spécialisé dans les maladies mentales. En rupture avec la tradition du maintien des aliénés enchaînés dans les asiles, il expérimente des techniques novatrices. C'est ce qu'il appelle le "traitement moral", qui repose sur une "douce bienveillance".
Très vite, il se forge une renommée auprès d'écrivains et artistes fatigués ou dépressifs. Quand il reprend l'établissement en 1820, le psychiatre Esprit Blanche (1796-1852) poursuit sur cette lancée, en s'attachant particulièrement à faire mener une vie de famille paisible à ses pensionnaires. L'écrivain Gérard de Nerval (1808-1855) fut l'un d'entre eux, du 21 mars au 28 novembre 1841, après une crise de démence. Devenue propriétaire des lieux en 1972, la mairie de Paris fait rénover des corps de logis de la Folie et construire une trentaine d'ateliers d'artistes, au numéro 24.
La rue des Saules, véritable pépinière d'artistes
Revenez sur vos pas, et tournez à gauche, sur la rue des Saules. Célèbre de la bohème de Montmartre, Paul Cézanne (1839-1906) l'immortalise en 1867 dans un tableau sobrement intitulé La Rue des Saules, et Vincent van Gogh (1853-1890) dans La Guinguette, en 1886. Prenez la première à droite, rue Cortot. Le chansonnier Aristide Bruant (1851-1925) fut le locataire d'une maison au numéro 16. Faites quelques mètres, jusqu'au numéro 12. La longue bâtisse blanche qui s'étend sous vos yeux abrite le musée de Montmartre depuis 1960. À l'origine, c'est le lieu de villégiature du comédien du roi Claude La Roze (1640-1686), dit Rosimond, célèbre pour ses reprises des rôles de Molière, notamment celui du Malade imaginaire. Au XIXe siècle, le bâtiment se mue en véritable pépinière d'artistes.
C'est ici, dans un atelier et des écuries qu'il loue, qu'Auguste Renoir (1841-1919) remise sa toile de très grand format Le Moulin de la Galette – un monument dont nous parlerons lorsque la promenade sera plus avancée – à partir de 1876. Suzanne Valadon emménage au premier étage vingt ans plus tard, avec son mari et son fils, qui n'est autre que Maurice Utrillo. Elle qui pratiquait exclusivement le dessin à la mine de plomb se met à la peinture. Le peintre Émile Bernard (1868-1941) s'installe au deuxième étage, de 1906 à 1912. Juste après, de 1913 à 1926, le poète Pierre Reverdy (1889-1960) lui succède, mais pas dans le même appartement. C'est en réalité Suzanne Valadon, divorcée en 1909, qui reprend l'atelier d'Émile Bernard. Elle s'y établit avec son nouveau compagnon, le peintre André Utter (1886-1948), plus jeune qu'elle de 21 ans.
Continuez votre chemin. De 1890 à 1898, le numéro 6 a notamment abrité un musicien dont le nom vous est sûrement familier : le compositeur et pianiste Erik Satie (1866-1925). Il emménage "bien au-dessus de ses créanciers", dans une chambre du dernier étage, qu'il doit quitter en 1896 pour un réduit. Il le surnommera "le placard". Bernard Gorodesky (né en 1886, décédé à une date inconnue), l'un des membres de la Bande à Bonnot, un groupe anarchiste criminel qui a opéré de 1911 à 1912, a également séjourné à ce numéro, quand il était typographe, au tout début du XXe siècle. Au bout de la rue se trouve le château d'eau de Montmartre, dont les 660 m3 d'eau potable et les 200 m3 d'eau non potable alimentent le quartier depuis 1927.
Du "Lapin à Gill" au "Lapin Agile"
Descendez les escaliers de la rue du Mont-Cenis, sur votre gauche. De 1834 à 1836, le compositeur Hector Berlioz (1803-1869) et son épouse, l'actrice Harriet Smithson (1800-1854), louent une maison basse au numéro 22, démolie en 1926. Tournez à gauche, sur la rue Saint-Vincent. Au numéro 17 se profile le Jardin sauvage Saint-Vincent. En 1985, la Ville de Paris décide de laisser cet espace abandonné évoluer à son gré. Y poussent diverses plantes, telles que le pavot somnifère, la digitale pourpre et la menthe aquatique, tandis que des insectes, oiseaux et petits mammifères y élisent domicile. La mare, elle, regorge d'amphibiens, poissons et crevettes d'eau douce.
Sur votre droite, à l'angle de la rue des Saules, se trouve le cabaret Au Lapin Agile. Vers 1860, l'endroit s'appelait le Cabaret des Assassins, avant d'être transformé en auberge par l'ancienne danseuse de French cancan Adèle Decerf, en 1886. Parmi ses habitués, on compte le journaliste et écrivain Alphonse Allais (1854-1905), le dessinateur Caran d'Ache (1858-1909) – dont on retiendra le nom de plume Emmanuel Poiré – ou encore le caricaturiste Louis-Alexandre Gosset (1840-1885), plus connu sous le pseudonyme d'André Gill.
C'est lui qui décore la façade de l'établissement, en réalisant un lapin facétieux bondissant d'une casserole, le lapin sauté étant la spécialité de la patronne. Très vite, les clients commencent à appeler l'auberge le "Lapin à Gill", finalement déformé en "Lapin Agile". Aristide Bruant la rachète en 1902 et la confie au couple de gérants formé par Berthe et Frédé, réputés pour l'accueil généreux qu'ils réservent aux artistes désargentés, à l'image de Pablo Picasso, Amedeo Modigliani et Maurice Utrillo. Aujourd'hui, l'enseigne originale est conservée au musée de Montmartre.
"La petite maison rose" de Maurice Utrillo
Tournez à gauche, rue des Saules. Vous allez longer le Clos-Montmartre, la vigne du quartier, et la plus ancienne de la capitale. Plantée au XIIe siècle par les abbesses, elle est finalement vendue en raison de l'appauvrissement de l'abbaye. Après avoir donné lieu au vin de Montmartre au XVIIe siècle, la surface abrite une guinguette, puis une maison, se transforme en terrain vague, et est finalement rachetée par la Ville de Paris dans les années 1920. En 1933, celle-ci plante 2 000 pieds de vigne pour empêcher toute construction sur l'espace de 1 556 m2. Vendangé chaque année en octobre, le clos produit près de 800 bouteilles, ensuite vendues aux enchères.
Prenez la rue de l'Abreuvoir, sur votre droite. Ça y est, vous êtes à la moitié du parcours, vous avez marché environ 5 000 pas. Ne lâchez rien ! Au numéro 2 de la voie se dresse La Maison Rose, une ancienne cantine de quartier ouverte en 1908 et fréquentée par de nombreux artistes. Immortalisée à maintes reprises, elle fait la renommée de Maurice Utrillo, qui la représente dans son tableau intitulé La petite maison rose. Après son internement au centre hospitalier Sainte-Anne en 1900, sa mère, Suzanne Valadon, l'initie à la peinture sur les conseils des médecins. Le fils se prend de passion pour le décor urbain et place les rues de Montmartre au cœur de son œuvre.
Désormais, rendez-vous au numéro 18 de la rue, baptisé "place Dalida" en 1996 et orné d'un buste de la chanteuse éponyme, répondant au nom de Iolanda Gigliotti (1933-1987). Elle résidait près d'ici, dans la rue d'Orchampt, de 1962 à la fin de sa vie. Empruntez les escaliers de la rue Girardon pour rejoindre la place Constantin-Pecqueur et suivez l'avenue Junot. Jacques Prévert vécut avec sa seconde épouse, Janine Tricotet, au numéro 47. Une cinquantaine de mètres plus loin, au numéro 39, se trouvait l'hôtel Alsina. La chanteuse Édith Piaf (1915-1963) y habite en 1936, puis revient s'y installer en 1944, avec Yves Montand (1921-1991), son compagnon jusqu'en 1946. Prenez à gauche, sur la rue Simon Dereure.
Les poulbots de Montmartre
Continuez vers la place Casadesus et montez les quelques marches qui mènent à l'allée des Brouillards. Le peintre Auguste Renoir (1841-1919) réside avec son modèle et épouse Aline Charigot, au numéro 8, de 1889 à 1897. Cinq ans plus tard, c'est ici que naît leur fils, Jean (1894-1979), promis à un grand avenir de réalisateur et de scénariste. Tournez à droite, sur la rue Girardon. Au numéro 13, se dresse le château des Brouillards. Abandonné à la fin du XIXe siècle, le bâtiment devient le refuge d'artistes démunis, tels que le sculpteur Raymond Duchamp-Villon (1976-1918) et les peintres Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923), Kees Van Dongen (1877-1968) et Amedeo Modigliani. Délabré et menacé de démolition, l'édifice est restauré de 1922 à 1926.
La rue vous conduira à l'avenue Junot, sur votre droite. Empruntez-la. Le peintre expressionniste Gen Paul habite de 1917 à 1975 au numéro 2 de l'impasse Girardon, au niveau du numéro 2 de l'avenue dans laquelle vous évoluez. Il y brosse des portraits de marchands, de musiciens, de clowns, et reçoit ses amis chaque dimanche matin dans son atelier, à l'instar de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) et de l'illustrateur Ralph Soupault (1904-1962). Une centaine de mètres plus loin, vous passerez devant le numéro 11, où se trouve le Hameau des artistes. Maurice Utrillo vécut dans l'une des maisons abritées par l'enclave, de 1926 à 1937.
Une fois au numéro 13, levez les yeux vers la frise qui orne le haut de la façade. Il s'agit des "poulbots" de Montmartre, un néologisme créé en référence aux nombreuses illustrations du dessinateur Francisque Poulbot (1879-1946). Elles représentent les "titis parisiens", ces enfants des rues de la capitale, dont l'archétype est le personnage de Gavroche, dans le roman Les Misérables (1862), de Victor Hugo (1802-1885). La maison devant laquelle vous vous tenez est celle commandée en 1925 par l'artiste. Il y meurt 21 ans plus tard. En plus de ses œuvres, on retiendra de lui l'ouverture et l'animation du dispensaire Les P'tits Poulbots, au 42 rue Lepic, dans le but d'aider les enfants nécessiteux du quartier.
"Le Passe-Muraille", de nouvelle à statue
Au 23 ter de l'avenue Junot, tournez à gauche dans le passage Villa Léandre, créé en 1926 et nommé ainsi dix années plus tard. Allez tout au fond pour admirer ses pavillons en brique, colorés en blanc ou en rose, puis revenez sur vos pas. Prenez à nouveau l'avenue Junot, en repassant devant les façades que vous avez déjà aperçues il y a quelques minutes. Continuez jusqu'à la place Marcel-Aymé, baptisée en la mémoire de l'écrivain éponyme (1880-1965). Les deux dernières années de sa vie, il habite dans l'immeuble qui se trouve à présent au numéro 2 de la place, auparavant domicilié au 26 rue Norvins.
Approchez-vous de la statue de bronze de 2m30 de hauteur, sur le mur. Réalisée par l'acteur – et potier – Jean Marais (1913-1998) en 1989, elle personnifie Le Passe-Muraille, la nouvelle de Marcel Aymé publiée en 1941. Elle raconte l'histoire d'"un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé". Un hommage à l'auteur qui avait vécu une grande partie de sa vie à Montmartre, résidant de 1933 à 1963 au 9 ter, rue Paul-Féval. La sculpture dans le dos, prenez à gauche, rue Girardon.
Le dernier moulin en état de marche de la Butte
Au croisement avec la rue Lepic se trouve le Moulin de la Galette. C'est le fameux établissement qui a été peint par Auguste Renoir – dont nous avons évoqué la toile plus haut – mais aussi par Vincent van Gogh en 1886, Henri de Toulouse-Lautrec trois années plus tard, ou encore Eugène Cicéri (1813-1890) en 1890. En réalité constitué de deux moulins, le Blute-fin et le Radet, il s'agit du seul de la douzaine de moulins à vent de la Butte à être encore en état de marche. Acquis entre 1809 et 1812 par une famille de meuniers, les Debray, pour y produire de la farine et y presser les vendanges, il se fait le théâtre d'une scène sanglante en 1814, lors du siège de Paris par les Cosaques.
Resté pour défendre Montmartre de l'arrivée de l'armée impériale russe, le plus jeune des quatre frères Debray finit dépecé et cloué sur les ailes de son moulin. Sous la Restauration (1814-1815), son fils transforme le bâtiment en bal public. Rapidement, ce dernier adopte le nom de Moulin de la Galette, en référence aux galettes que l'on y mange. Désormais, suivez l'étroite rue d'Orchampt. C'est au numéro 11 bis que Dalida passe les 25 dernières années de sa vie. Au croisement avec la rue Ravignan, prenez à droite, sur la place Émile-Goudeau.
Allez jusqu'au numéro 13, l'adresse du Bateau-Lavoir, une manufacture de pianos devenue cité d'artistes à la fin du XIXe siècle. Le premier à s'y installer est le peintre Maxime Maufra (1861-1918). Très vite, les lieux deviennent propices à la rencontre : on y croise notamment Paul Gauguin (1848-1903). Âgé de 19 ans, Pablo Picasso y demeure de 1904 à 1909, où il réalise les dernières œuvres de sa période bleue, puis celles de la période rose, et s'atèle au cubisme. Il y côtoie des habitants tels que Kees van Dongen, Amadeo Modigliani et le poète Max Jacob (1876-1944).
Avant le méridien de Greenwich, celui de Paris
Revenez sur vos pas, remontez la rue Ravignan et empruntez celle de la Mire, sur votre gauche. En 1736, c'est ici qu'est érigée la mire du Nord, qui marque le méridien de Paris, soit la référence horaire que la France compte imposer au monde. Elle est abandonnée en 1911, au profit du méridien de Greenwich. À présent, nous nous apprêtons à retourner progressivement à la station de métro Blanche. Prenez les escaliers du fond pour rejoindre la rue Lepic. Allez à droite, place Jean-Baptiste-Clément, afin de gagner la rue Norvins. Continuez à droite et tournez de nouveau à droite, rue Poulbot. Vous y êtes presque, plus que 2 500 pas et vous aurez atteint votre objectif !
Suivez la voie jusqu'à la place du Calvaire, nommée ainsi en raison du calvaire édifié au sommet de la Butte en 1805, près de l'église Saint-Pierre de Montmartre. Descendez les escaliers de la rue du Calvaire, et allez à gauche, sur la rue Gabrielle. Vous l'avez peut-être aperçue dans le film Les Ripoux (1984), de Claude Zidi. Rendez-vous à son extrémité, puis prenez les marches qui mènent à la rue Foyatier, une série d'escaliers qui longent le square Louise-Michel. Descendez-les. Au numéro 11, sur votre gauche, se trouvait l'atelier de gravure Lacourière, fondé en 1929, où des artistes tels que Georges Braque, Marc Chagall (1887-1985), Joan Miró (1893-1983), Henri Matisse (1869-1954), Salvador Dalí (1904-1989), ou encore Pablo Picasso, venaient imprimer leurs œuvres.
L'origine du concept "cabaret-restaurant-spectacle"
Une fois en bas de la voie, tournez à droite, rue Tardieu. Prenez à gauche, sur la rue des Trois-Frères. Le monument de la chanson française qu'est Jacques Brel (1929-1978) loua une chambre au numéro 3. Au croisement avec la rue d'Orsel, rendez-vous à droite. Allez jusqu'au bout et tournez à gauche, rue des Martyrs, qui abrite des cabarets emblématiques, comme Chez Michou, au numéro 80. Son directeur, l'extravagant Michel Georges Alfred Cathy (1931-2020), y développe le concept de "cabaret-restaurant-spectacle", notamment avec ses shows de transformistes, lancés au début des années 1960.
Une cinquantaine de mètres plus bas, au numéro 75 bis, se dresse Madame Arthur, le premier cabaret travesti de Paris, ouvert en 1946. Des artistes transgenres de renom comme Coccinelle (1931-2006) – Jacqueline Charlotte Dufresnoy – et Bambi (1935-) – Marie-Pierre Pruvot – ont foulé ses planches. Tournez à droite, sur le boulevard de Clichy. Il a notamment été représenté par le peintre Paul Signac (1863-1935) en 1886 et par Vincent van Gogh en 1887. Épicentre de la pègre dans les années 1930, le quartier dans lequel vous vous enfoncez, Pigalle, voit peu à peu ses hôtels de passe fermer et son nombre de prostituées diminuer dans les années 1960.
La décennie suivante, les sex-shops et les cinémas pornographiques se multiplient, donnant au boulevard l'aspect qu'on lui connaît désormais. Nombre d'artistes ont vécu entre les murs qui bordent les trottoirs. Citons le peintre Edgar Degas (1834-1917), qui, ruiné, emménage dans un petit atelier-appartement au numéro 6 en 1912, que lui a trouvé Suzanne Valadon. Il y décède d'un anévrisme cérébral cinq années plus tard. À deux pas, au numéro 8, Boris Vian, lui aussi sans le sou, s'installe en 1948 dans un inconfort total avec sa conjointe d'alors, la danseuse Ursula Kübler (1928-2010).
Des locataires tels que Picasso et les Nicoïdksi
En face se tient le numéro 11. L'homme politique Théophile Delcassé (1852-1923), l'un des artisans du rapprochement de la France et du Royaume-Uni qui mena à la signature de l'Entente cordiale en 1904, en a longtemps été le propriétaire. Parmi ses locataires, on compte Pablo Picasso, de 1909 à 1912, et, des décennies plus tard, le couple formé par le peintre Robert Nicoïdksi (1931-1996) et l'écrivaine Clarisse Nicoïdksi (1938-1996). Pigalle derrière vous, prenez sur votre droite, rue Germain-Pilon. Remontez-la jusqu'à la cité du même nom, située un petit peu après le numéro 21. Elle fait partie des 998 sites parisiens insalubres référencés dans le Catalogue de la misère, réalisé par la mairie en 2002. Depuis, certains immeubles ont été réhabilités, mais d'autres sont encore murés.
Faites demi-tour pour regagner le boulevard de Clichy. Tournez à nouveau à droite et marchez quelques instants avant d'emprunter la cité du Midi, toujours sur votre droite. Allez au fond pour admirer la jolie maison en arc de cercle, puis revenez sur vos pas. Vous verrez ainsi la façade des anciens bains-douches de Pigalle. Prenez à droite, sur le boulevard. Au numéro 68 se trouve l'emblématique cabaret du Chat Noir, haut lieu de rencontre des personnalités en vue de la fin du XIXe siècle. Maintenant, dirigez-vous vers le métro Blanche. Vous avez atteint vos 10 000 pas quotidiens, félicitations !
Cet itinéraire a notamment été réalisé à l'aide de "Balades secrètes à Paris", "Le guide du promeneur de Paris" et "Le Matrimoine de Paris".