Sages-femmes et obstétriciens peuvent se réjouir : la mortalité par hémorragie postpartum a baissé entre 2004-06 et 2007-09. C’est ce qu’annonce l’Institut de la Recherche médicale (Inserm) ce 28 novembre avec la publication de son étude dans le Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. L’hémorragie est la première cause de mortalité chez les femmes enceintes en France.
Une bonne statistique
La mortalité maternelle est un événement rare en France. Entre 2007 et 2009, 254 décès maternels sont survenus. Ce taux de mortalité baisse pour la première fois depuis 10 ans concernant les hémorragies. Celles qui ont lieu après l'accouchement ont diminué de moitié. Une « bonne nouvelle » selon les auteurs du rapport. En effet, dans l’immense majorité des cas (80%), ces hémorragies ont lieu après une césarienne. Leur diminution signifie que les médecins prennent mieux en charge ces opérations.
L'effort qui mérite d’être salué, mais il trouve ses limites : la mortalité maternelle toutes causes confondues stagne par rapport à la période précédente. Ce sont les hémorragies obstétricales qui tuent le plus (18% de cas) suivies de deux causes qualifiées de « nouvelles » par l’Inserm : les embolies pulmonaires et les complications liées à l’hypertension.
Objectif non atteint
Le rapport pointe de graves défauts dans les pratiques, qui expliquent ce nombre encore élevé de décès maternels. Dans 6 cas sur 10, les soins n’étaient pas conformes aux recommandations de pratique ou de suivi. C’est certes moins que la période précédente, mais d’autant plus insuffisant que ces décès étaient le plus souvent évitables. En effet, 80% des erreurs de pratique ont entraîné une hémorragie. Les auteurs du rapport ne veulent pas verser dans l’autosatisfaction. Tous bons que ces chiffres soient, cela reste un échec par rapport aux objectifs fixés, tranche Marie-Hélène Bouvier Colle, Directeur de recherche émérite à l’Inserm : « Quelle que soit la source des données considérées, le taux visé de cinq pour 100 000, en 2008, par les objectifs de la loi de santé publique de 2004, n’a pas été atteint. »
Il est pourtant possible de diminuer ce taux de mortalité. Le rapport conclut en apportant une série de 20 recommandations. Elles concernent la vigilance après l’accouchement, qu’il faut améliorer, mais aussi la prise en charge des complications et l’évaluation des risques, deux volets qui laissent à désirer. Les chercheurs ont identifié l’âge, la nationalité maternelle et la région du décès comme les facteurs de risques principaux.
Aussi bien qu’en Europe
Mais le tableau est loin d’être noir. Si l’on compare les chiffres de la France par rapport à ses voisins d’Europe, le retard a été rattrapé. Cette carte d'Index Mundi, qui utilise les données de la CIA, situe la France dans la moyenne avec un taux de 8 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2012. C’est aussi bien que la Belgique et la Suisse. L’Allemagne, l’Espagne et l’Italie font un peu mieux (7/100 000). Le Royaume-Uni, lui, est moins bien classé (12/100 000).