La consommation par les femmes françaises de substances nocives pour le foetus inquiète les médecins. D'après une étude réalisée dans les maternités de Rouen, la prévalence de la consommation d'alcool et de tabac reste élevée chez les femmes enceintes. Ces résultats ont été présentés récemment au Congrès français de psychiatrie qui se tenait en fin de semaine dernière à Marseille.
1 femme sur 5 déclare fumer pendant sa grossesse
Réalisée dans le cadre d'un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) interrégional et coordonnée par le CHU de Rouen, cette étude relayée par l'Agence presse médicale a été menée dans les trois maternités de Rouen en août 2010 et août 2011. Les chercheurs l'ont proposée à toutes les femmes ayant accouché au cours de ces périodes. Parmi les 993 accouchements qui ont eu lieu, 724 couples mères/enfants ont été inclus dans ces travaux.
Résultat : les participantes, âgées de 30 ans en moyenne, ont été 21 % à déclarer fumer pendant leur grossesse, 15 % à déclarer boire (0,4 % d'intoxication alcoolique) et 1 % à déclarer consommer du cannabis.
Pour le Dr Sandrine Lamy du CHU de Fort-de-France, principale auteure de l'étude, « ces données suggèrent que le tabagisme pendant la grossesse semble augmenter et que beaucoup de femmes encore continuent à boire l'alcool malgré les campagnes d'information et de prévention. Il faut poursuivre ces campagnes. » Et cette dernière de poursuivre en indiquant que « la prévalence des femmes enceintes qui consomment des substances psycho-actives reste mal connue en France, estimée le plus souvent par extrapolation de données issues de la population générale. »
Quoi qu'il en soit, ces chiffres continuent d'étonner les chercheurs tant les risques de la consommation d'alcool pendant la grossesse sont importants pour le foetus.
Pas de dose dénuée de risques
L’alcool est, en effet, une substance particulièrement tératogène, c’est-à-dire responsable de malformations chez le fœtus. Chaque verre expose donc potentiellement l’enfant à naître à un risque, sans qu’il soit possible de définir une dose ou une période moins dangereuse qu’une autre.
Et les conséquences pour les 7500 à 8000 enfants concernés chaque année en France sont très variables. Différents organes peuvent être atteints, le coeur ou le palais par exemple mais c'est particulièrement délétère pour le cerveau. La forme la plus sévère du syndrome d’alcoolisation fœtale est la 1e cause de retard mental non génétique en France. A des degrés moindres, les enfants présentent des troubles de l’attention, des difficultés de concentration, de mémorisation à court terme ou encore d’apprentissage du calcul.
Enfin, il y aussi un prix à payer pour la société : la prise en charge d'un enfant victime du syndrome d'alcoolisation foetale coûte 1,3 million d’euros, alors que son handicap était totalement évitable, s'inquiétait récemment dans pourquoidocteur le Dr Denis Lamblin, pédiatre à Saint-Denis de la Réunion et président de l’association Syndrome d’alcoolisation foetale France (SAF).
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