Les naissances de triplés dues à la fécondation in vitro ont diminué de près de 30 % depuis une dizaine d’années aux Etats-Unis. Ce résultat publié dans le New England Journal of Medicine (NEJM) est issu d’une recherche menée par une équipe chercheurs du centre de surveillance des maladies à Atlanta (CDC).
Ces chercheurs épidémiologistes ont analysé les statistiques de santé entre 1971 et 2013. Ils ont constaté qu’entre 1971 et 1998, les techniques de procréation médicalement assistée ont augmenté le nombre de grossesses multiples. Elles ont été multipliées par 6,7 pendant cette période.
Or si résoudre le problème d’infertilité d’un couple est une bonne nouvelle, une grossesse multiple n’est pas sans risque : elle est dangereuse à la fois pour la mère (pré-éclampsie, diabète gestationnel, hémorragie) et pour les enfants (prématurité, fausse couche).
Réduction du nombre d'embryons implantés
Pour ces raisons, les médecins ont affiné les techniques de procréation médicalement assistée (PMA) : contrôle plus précis de la stimulation ovarienne, réduction du nombre d’embryons implantés. La Société américaine de médecine reproductive avait fait des recommandations auprès des cliniciens pour qu'ils réduisent le nombre d'embryons implantés. C’est pour ces raisons que le CDC d’Atlanta note une baisse des naissances de triplés. Au cours des années 1998 à 2011, le nombre de procédures impliquant le transfert de trois embryons ou plus, a fortement diminué. Et les procédures utilisant seulement deux embryons ont augmenté de 16 % à 55 %, et de 6 % à 21 % pour un seul embryon.
Mais cela reste insuffisant, car cela n'a pas changé le taux de grossesse gémellaire, qui est au contraire passé de 27 % à 36 % en 2011, selon les données des CDC. Pour les auteurs de l'étude, il est nécessaire que les médecins américains améliorent encore leurs pratiques. Un avis partagé par le Pr Dominique Le Lannou, vice président de la Fédération des CECOS,( les centres habilités à pratiquer des PMA en France). Pour lui, ce taux élevé de grossesses gémellaires est dû au système de santé américain qui repose en grande partie sur les assureurs privés : les médecins ne prennent pas le risque de réduire le nombre d'embryons à implanter pour être certains de garantir un résultat aux patients.
Ecouter le Pr Dominique Le Lannou, directeur du CECOS du CHU de Rennes. « Aux USA, la compétition entre les centres pour avoir les meilleurs taux de réussite fait qu’ils ont peur de passer aux techniques de transfert d’un seul embryon. »
En France, environ 20 % des FIV sont désormais mono-embryonnaires et les grossesses gémellaires sont aussi de l’ordre de 20 à 25 %. Mais un autre problème subsiste. Ce sont les naissances multiples liées aux techniques de procréation médicalement assistée hors FIV, comme la stimulation ovarienne. En effet, les auteurs de l’étude américaine soulignent qu’il est beaucoup « plus difficile d'empêcher les naissances multiples résultant de l'induction d'ovulation et la stimulation ovarienne en raison du côté imprévisible de la dynamique de croissance folliculaire ».