Une femme sur 14 dans le monde a été agressée sexuellement par quelqu’un d’autre que son partenaire. Une revue d’études, publiée ce 11 février dans The Lancet, souligne que cette proportion varie fortement selon les régions et atteint des pics là où ne s’y attend pas toujours. Loin des zones de conflits, des régions riches figurent en tête de ce classement.
11,5% d’agressions en Europe de l’Ouest
Cette étude est le fruit du travail conjoint du Conseil sud-africain de Recherche Médicale, de l’Ecole d’Hygiène et de Médecine tropicale de Londres (Royaume-Uni) et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) entre 1998 et 2011. Sans réelle surprise, la région d’Afrique subsaharienne connaît les plus forts taux de violences sexuelles commises par des non-partenaires : 1 femme sur cinq en est victime en République Démocratique du Congo (RDC), et presque autant en Afrique du Sud ou en Namibie. Australie et Nouvelle-Zélande figurent en troisième position avec un taux d’agression de 16,4%.
L’Europe de l’Ouest ne s’érige pas non plus en exemple. Selon les données fournies par la Suisse, l’Espagne, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne, les agressions sexuelles commises par un non-partenaire atteignent 11,5%... loin derrière les pays de l’Est (6,9%). Dans un commentaire associé à l’article, Dr Kathryn Yount fait part de l’importance de ces résultats : « Une prévalence estimée de 5,2 ou même 1% est inacceptable pour les fondements de la santé publique et les droits de l’homme (…) Ces données confirment que les violences sexuelles commises par quelqu’un d’autre que le partenaire ne sont ni rares, ni isolées géographiquement et donc, que les lois et les systèmes de prise en charge restent inadaptés. »
Des pays où les agressions sexuelles sont endémiques
L’Inde, où de nombreux cas de viols collectifs ont fait l’actualité en 2013, fait partie des pays où les femmes sont le moins agressées par quelqu’un d’autre que leur partenaire. Il en va de même en Afrique du Nord – Moyen-Orient où seule la Turquie a été prise en compte. « Nous avons découvert que les violences sexuelles envers les femmes sont courantes dans le monde entier, et endémiques dans certaines régions, au point d’atteindre 15% dans 4 régions. Malgré tout, les variations régionales doivent être considérées avec prudence en raison de la différence dans l’accès aux données et les niveaux de divulgation », souligne le Pr Naeemah Abrahams, chercheuse en Afrique du Sud.
Les chercheurs soulignent par ailleurs que ces résultats sont très certainement sous-estimées : de nombreuses victimes gardent le silence après une agression. Par ailleurs, dans 8 régions, les données n’ont émané que d’un pays et nombreux sont ceux qui n’en ont pas fourni. C’est notamment le cas de la France. Le Pr Abrahams souligne la nécessité de développer des statistiques plus fiables : « Les pays ont besoin d’avoir leurs propres données nationales sur les niveaux de violence sexuelle de la part de différents agresseurs, pour améliorer notre compréhension de l’amplitude du problème, ainsi que des principaux facteurs de risques, puis de développer des politiques et des réponses appropriées. »