Alors que 23% des Françaises enceintes en 2010 déclaraient avoir bu de l’alcool pendant leur grossesse selon l’enquête nationale périnatale publiée par l’Invs, une étude publiée ce lundi montre une nouvelle fois du doigt l’impact négatif de l’alcool chez les femmes enceintes. Publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health, cette analyse qui est la dernière d’un débat ancestral, révèle que même une consommation modérée pendant les premiers mois de la grossesse peut être parfois gravement dommageable. Alors que certains médecins eux-mêmes sont parfois encore sceptiques sur la nécessité de faire passer aux femmes enceintes le message strict « Zero alcool pendant la grossesse », le travail de cette équipe encourage les spécialistes à soutenir davantage les messages de santé publique diffusés actuellement.
4 verres par semaine pendant le 1er trimestre
Dans cette analyse récente, les auteurs ont donc demandé à 1264 femmes enceintes à faible risque de complications à la naissance de remplir des questionnaires de fréquence alimentaire portant sur toute la durée de leur grossesse et même sur leurs habitudes de consommation 4 semaines avant la conception. Au final en moyenne, les auteurs rapportent que ces femmes buvaient 11 verres par semaine avant leur grossesse, 4 au cours des trois premiers mois et un peu moins de deux unités alcool par semaine au 2ème et 3ème trimestre de grossesse. Par ailleurs, les femmes qui déclaraient boire plus de deux unités d’alcool par semaine avaient tendance à être plus âgés, plus diplômées, d’origine ethnique blanche, et plus susceptibles de vivre dans des zones géographique aisées. Résultats : d’après cette analyse, chez les mères qui buvaient plus de 2 unités d’alcool par semaine, environ 13% des bébés ont eu un faible poids à la naissance, soit inférieur à 2,5kg, 4% d’entre eux sont nés avec un retard de croissance par rapport à leur âge gestationnel réel et enfin 4,4% sont nés prématurément. La conclusion des auteurs est donc qu’une consommation d’alcool même modérée au début de la grossesse peut doubler le risque de prématurité par rapport aux femmes qui ne boivent pas d’alcool du tout.
"Il ne faut pas s'affoler"
Mais les résultats de cette étude vont même plus loin. D’après ces chercheurs, la consommation d’alcool dans le mois précédant la conception serait également liée à un risque plus élevé de retard de croissance intra-utérin. Pour les auteurs de ce travail, il est donc primordial que les femmes qui tentent de procréer limitent elles-aussi leur consommation. Cependant le Dr Camilla Nykjaer, principal auteur de cette étude a souligné que les femmes enceintes ne doivent pas non plus s’affoler vis à vis de ces résultats. « Les femmes de notre étude peuvent avoir sous-estimées volontairement leur consommation en raison du tabou entourant l'alcool et la grossesse. En conséquence, l'effet sur ??la prématurité et la croissance pourrait en réalité provenir de plus importantes doses d'alcool par rapport à ce que l'étude suggère ».
Alors qu’en France, 7500 à 8000 enfants naissent chaque année avec un cerveau lésé par la prise d’alcool pendant la grossesse et des conséquences très variées, ces résultats récents mettent en évidence la nécessité de véhiculer davantage le message de l’abstinence. Même si d’après ces scientifiques, concernant l’alcool, le 1er trimestre serait la période la plus vulnérable, d’autres spécialistes continuent de rappeler les risques d’une telle exposition tout au long de la grossesse. La forme la plus sévère du syndrome d’alcoolisation fœtale est la 1e cause de retard mental non génétique en France. A des degrés moindres, les enfants présentent des troubles de l’attention, des difficultés de concentration, de mémorisation à court terme ou encore d’apprentissage du calcul.