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Sevrage tabagique

Grossesse : associer les patchs à la nicotine avec les substituts oraux

Une étude a remis en question l’efficacité des patchs à la nicotine chez les femmes enceintes qui arrêtent de fumer. Le protocole adopté ne reflète pas la réalité selon deux tabacologues.

Grossesse : associer les patchs à la nicotine avec les substituts oraux BONY/WPA/SIPA

  • Publié le 13.03.2014 à 15h47
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Les patchs à la nicotine, peu efficaces chez la femme enceinte ? Une étude, parue ce 11 mars dans le British Medical Journal, a fait état de résultats « décevants » sur l’efficacité de ces substituts nicotiniques dans le sevrage total chez ce public.
Cette publication a fait bondir des tabacologues, qui pointent un décalage entre l’étude et leur expérience sur le terrain. « Pour prendre position sur une telle étude, il faut s’interroger sur ses limites », a affirmé le Dr Philippe Presles, tabacologue et coordinateur de l’appel des 100 médecins en faveur de la cigarette électronique, dans un communiqué. « Personnellement, je constate qu’elle comporte des défauts majeurs qui peuvent nous faire douter des conclusions. » pourquoidocteur fait le point sur les limites et les forces de cette étude, avec le Dr Marion Adler, médecin généraliste tabacologue à Paris.

 

Un décalage avec la réalité

L’étude, menée par le Dr Yvan Berlin (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris/INSERM), a enrôlé 402 femmes enceintes fumant au moins 5 cigarettes par jour. Un traitement de sevrage a été entrepris à partir du deuxième trimestre de grossesse. Chaque participante a reçu des patchs délivrant de la nicotine pendant 16 heures, allant jusqu’à une dose quotidienne de 30 mg. Le Dr Philippe Presles dénonce le délai d’attente avant le traitement « alors que les femmes sont hypermotivées lors de la découverte de leur grossesse. » Selon lui, le protocole de l’étude, uniquement des patchs, ne reflète pas les pratiques réelles et le traitement a été abandonné par la moitié des participantes. « Ce n’est pas tant les patchs qui sont à mettre en cause, mais l’étude et son protocole », estime le Dr Presles.

Cet avis est partagé par le Dr Marion Adler : « En clinique, on s’aperçoit que c’est un peu différent des résultats de cette étude. Elle est scientifiquement bien menée, mais ce n’est pas obligatoirement ce qui est le mieux adapté. »

 

Dr Marion Adler, médecin généraliste et tabacologue à Paris : « Les patchs apportent aux femmes enceintes un soulagement de la douleur du manque, mais n'aident pas toujours à parvenir à zéro cigarette. »

 

Le patch uniquement ou la combinaison ?

Principal défaut de cette étude, selon ses détracteurs : le recours au patch à la nicotine uniquement. « Considérons une fois pour toutes que le tabac est une horreur et que toutes les solutions d’aujourd’hui sont bonnes, pourvu qu’on les combine pour aboutir au résultat recherché », martèle le Dr Philippe Presles.
Dans la pratique, c’est souvent le cas, comme l’explique le Dr Marion Adler. Elle compare le sevrage tabagique aux douleurs chroniques : le patch serait alors le traitement de fond, qui ne soigne pas les douleurs ponctuelles. Les substituts oraux viennent alors soulager les « crises. » « Je privilégie d’emblée l’association des deux, qui marche mieux que l’un ou l’autre », explique-t-elle.

 

Dr Marion Adler, tabacologue : « Quand je mets en place un traitement, j'associe en général le patch aux formes orales. »

 

Un fort taux d’abandon

Au cours de l’étude, la moitié des femmes n’est pas parvenue à poursuivre le traitement. Dans cette situation, l’utilisation du patch uniquement pourrait l’expliquer. Sur le terrain, les motifs financiers motivent souvent un abandon ou un échec, explique le Dr Adler. Leur remboursement, élevé un forfait de 150€ pour les femmes enceintes, permet de résoudre en partie ces préoccupations. Les problèmes personnels ou professionnels, qui ont tendance à influencer négativement la motivation de la femme enceinte, sont aussi assez fréquents. Une seule solution à cela, estime la tabacologue : associer le suivi tabagique à un suivi spécialisé auprès d’un psychologue, d’un psychiatre ou d’une assistante sociale.

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