Et si le type de traitement hormonal de substitution (THS) influençait le déclenchement d’une démence ? Selon une récente étude de l’Ecole de Médecine de Stanford (Californie, Etats-Unis), c’est le cas chez les femmes ménopausées à risque d’en souffrir un jour. Les résultats, parus ce 12 mars dans PLOS ONE, suggèrent que toutes les hormones ne se valent pas quand il s’agit de protéger le cerveau.
L’hippocampe préservé par l’œstradiol
Les auteurs de l’étude ont suivi des femmes ménopausées, en bonne santé, mais à risque de démence – parce qu’elles avaient connu un épisode dépressif, parce qu’un proche (parents, frères, sœurs) était atteint de la maladie d’Alzheimer, ou parce qu’elles étaient porteuses du gène Apo4 qui augmente le risque de la maladie. Certaines ont pris de l’œstradiol, d’autres des œstrogènes combinés (Premarin). Les chercheurs ont ensuite observé certaines régions cérébrales qui se dégradent lors d’une démence.
La date du début du traitement hormonal et sa composition sont deux facteurs d’influence. Ainsi, selon les résultats, plus il est entamés tôt, plus ses bienfaits seront marqués. La prise d’œstradiol est bien plus bénéfique que les autres molécules pour lutter contre la démence. Ainsi, l’activité métabolique de l’hippocampe (région clé de la mémoire et de la fonction exécutive) est préservée lorsque les patientes sont sous œstradiol. En revanche, le déclin est significatif sans traitement et s’aggrave chez les femmes sous œstrogènes combinés. Même constat dans le cortex cingulaire postérieur, dont le déclin métabolique est prédicteur d’une démence.
Des risques à considérer
Selon les chercheurs, il serait possible, grâce à ces découvertes, de repérer plus tôt les signes d’une démence, donc d’entamer plus tôt un THS. « Les changements métaboliques dans ces régions du cerveau annoncent les symptômes apparents du déclin cognitif, parfois des dizaines d’années avant. Nous trouvons des modifications significatives chez des femmes toujours intactes sur le plan cognitif », explique le Dr Natalie Rasgon, auteur principal de l’étude.
Toutefois, il faut rester attentifs aux effets secondaires induits par un traitement à l’œstradiol, soulignent les chercheurs. « Les effets de l’œstradiol sur le corps ne sont pas bénins. Par exemple, l’exposition aux hormones augmente le risque de cancer du sein ou de l’utérus. Les femmes en périménopause à risque de démence devraient consulter leur médecin sur la nécessité d’un traitement hormonal à l’œstradiol », conclut le Dr Ragson. L’équipe se montre prudente : cette étude doit être menée auprès d’une population plus large pour que les données soient représentatives.