Vigilance et suivi régulier, sont les mots d'ordre après la pose d'impants mammaires. Tout particulièrement depuis le scandale des prothèses PIP. D'autant que de nombreuses femmes en sont porteuses en France. 610 000 implants remplis de gel de silicone ont été vendus par huit sociétés différentes, depuis 2001. Et l'affaire PIP n’a pas découragé les Françaises. C'est le premier enseignement du rapport d'évaluation de l’Agence de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publié le 6 mai. En 10 ans, le nombre de femmes optant pour une augmentation mammaire a doublé, atteignant les 48 000 en 2013. Depuis 2001, pas moins de 610 000 implants mammaires remplis de gel de silicone ont été vendus par huit sociétés différentes.
Le marché des prothèses est sain
Depuis l'affaire PIP, toutes les prothèses sont étroitement surveillées par l’Agence de sécurité du médicament (ANSM), qui ne signale « aucune non-conformité susceptible d’engendrer un risque pour la santé des patients » depuis 2010. Les résultats de ces contrôles sont donc globalement positifs. Selon le Dr Brigitte Heultz, médecin et directrice en charge des dispositifs médicaux thérapeutique à l'ANSM, « le marché actuel des prothèses mammaires est sain aujourd'hui en France, les inspections ont pu montrer que les industriels travaillent correctement. Il n'y a plus du tout de gels frolatés dans les implants mammaires. Le PIP est une fraude isolée. »
Cependant, il est nécessaire qu'il y ait un suivi régulier par le médecin généraliste ou par le chirurgien qui les a implantées parce que la pose d'implants mammaires n'a rien d'anodin.
Surveiller le risque de rupture d'implant
La première chose que les femmes doivent savoir, c'est qu' "un implant mammaire n'a pas une durée de vie éternelle", souligne le Dr Brigitte Heultz. Censé durer une décennie, il se rompt en moyenne 7,6 ans après l’opération. S’il s’agit d’un événement attendu dans la « vie » d’un implant, cette précocité pose problème. « Les femmes doivent donc prendre leur décision d'implantation en toute connaissance de cause. Elles doivent avoir conscience que dans leur vie de femmes elles pourront avoir plusieurs implants, plusieurs interventions chirurgicales et donc des prises de risques à chaque fois. Elles doivent être conscientes qu'il peut y avoir des incidents. »
Le deuxième risque pour lequel les femmes doivent avoir une information précise, c'est celui de cancer. Sur ce point, l'ANSM est quand même rassurante : le risque de cancer du sein après implantation n’est pas plus élevé que dans la population générale. Entre 2001 et 2013, 22 cas d’adénocarcinome mammaire – la forme la plus fréquente – chez des porteuses d’implants ont été signalés à l’ANSM. Ce sont surtout les lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC) qui suscitent l’attention de l’Agence.
Selon le Dr Nathalie Bricout, chirurgien plasticien et esthétique, « le Lymphome malin sur le sein touche 3 femmes sur 1 million. 34 cas ont été décelés dans le monde et 6 en France. Ce sont donc des statistiques extrêmement faibles. Il peut survenir avec les deux sortes d'implants. On ne sait pas à quoi c'est dû, et on commence à être sensibilisé par l' INCA (Institut national du cancer). Mais, ce n'est pas une raison pour décourager les femmes.»
Une échographie tous les ans
Concrètement, même s'il s'agit d'une chirugie esthétique, les femmes ne doivent pas négliger leur suivi médical. Bien au contraire. Pour le Dr Nathalie Bricout, après la pose d'un implant,« il faut un surveillance annuelle, au moins par échographie à partir de la cinquième année. En effet, la qualité des gels s'est tellement amélioré qu'il n'existe aucun signe apparent d'une rupture. En clair, le sein ne change pas de volume et les femmes ne peuvent pas s'en rendre compte toutes seules, insiste le chirurgien. Et si on perçoit des signes de rupture à l'échographie, il faut changer l'implant car il y a des signes d'inflammation.» Le Dr Bricout précise néanmoins que le retrait d'un implant pour cause de rupture n'est pas une urgence chirurgicale.