Entre la moitié et les deux tiers des femmes traitées pour un cancer du sein seront confrontées à une ménopause précoce à la suite de la chimiothérapie. Et pour la moitié d'entre elles, ce phénomène est malheureusement permanent. Pour toutes ces femmes, les résultats d’une étude qui vient d’être présentée à Chicago au congrès de la société américaine de cancérologie constituent un véritable espoir. Ces travaux révèlent qu’il existe désormais une option efficace pour préserver leur capacité à enfanter.
En effet, ces chercheurs ont constaté qu’un médicament déjà connu, appelé la goséréline, pourrait contribuer à préserver les femmes de moins de 50 ans, de ce risque de ménopause précoce particulièrement accru après un traitement pour cancer. Concrètement, la chimiothérapie augmente le risque que ces femmes souffrent par la suite d’une insuffisance ovarienne. Ce traitement diminue en effet bien souvent la quantité et la qualité des ovules stockés dans les ovaires. Aujourd’hui, la seule option pour ces femmes de mettre toutes les chances de leurs côtés pour espérer porter un jour leur enfant, est de recourir à la congélation d’ovules ou même d’embryons avant d’entamer leur traitement anticancéreux.
Un taux de grossesse multiplié par 2
« Les effets peuvent être dévastateurs sur la qualité de vie, d'autant plus que ces femmes se retrouvent ménopausées 10 ou 15 ans plus tôt que cela ne leur serait arrivé naturellement », expliquent ces scientifiques. Ainsi pour mener à bien cette expérience, cette équipe a donc inclus 257 femmes non-ménopausées atteintes par un cancer du sein non hormonaux-dépendant. Les 2/3 des volontaires étaient âgées de moins de 40 ans. Au hasard, 131 patientes ont reçu une chimiothérapie standard et 126 d’entre elles ont reçu une chimiothérapie associée à une injection mensuelle de goséréline.
Résultats, deux ans après le début de l’essai, 45% des femmes qui avaient eu le traitement habituel du cancer du sein étaient ménopausées contre 20% dans le groupe de celles qui avaient eu en plus le traitement hormonal. Enfin, les chercheurs ont surtout constaté qu’1 femme sur 5 qui avait reçu de la goséréline était enceinte contre 1 sur 10 dans l’autre groupe. « Préserver leur fertilité est un objectif et une préoccupation importante pour les jeunes femmes diagnostiquées d'un cancer du sein et les résultats de cet essai clinique offrent une option simple et nouvelle qui pourrait éventuellement s'appliquer à d'autres cancers », a souligné la Dr Halle Moore, de la Cleveland Clinic, principal auteur de l’étude.
Moins de récidive et une meilleure espérance de vie
Par ailleurs, l’autre bénéfice très important mis en avant par ces résultats est que ce nouveau traitement aurait également un impact sur l’espérance de vie des femmes atteintes par un cancer du sein. En effet, les auteurs ont constaté qu’en plus de réduire le risque de ménopause précoce, la goséréline permet d'améliorer la survie des patientes. Dans le groupe de femmes sous goséréline, la survie globale était supérieure, avec 92% de volontaires vivantes 4 ans après leur diagnostic, contre 82% dans le groupe standard.
Le risque de récidive est lui aussi apparu mois élevé. Pour les auteurs de cette essai clinique qui ont présenté leur résultat lors d’une conférence de presse vendredi à Chicago, il est évident que cette découverte va très prochainement changer la pratique clinique. « Les femmes non ménopausées commençant la chimiothérapie pour un cancer du sein précoce devraient examiner cette nouvelle option pour prévenir l'insuffisance ovarienne prématurée » concluent-ils. La goséréline est une hormone similaire à celles produites naturellement par l’organisme. Actuellement, ce traitement est approuvé par la FDA dans le cancer de la prostate, pour certains troubles gynécologiques bénins et certains cancers du sein.