Pour maîtriser ses dépenses, la Sécurité sociale propose sa recette dans un rapport qui doit être examiné ce jeudi par son conseil d’administration. Parmi les mesures envisagées, limiter le recours aux IRM trop fréquents en France, ou dépister mieux le cancer du sein qui a coûté 2,3 milliards d'euros de dépenses en 2012 à l’Assurance maladie, dont un peu plus de la moitié pour les soins hospitaliers. Mais parmi les mesures qui font déjà polémique, la Sécu envisage de raccourcir d'une journée en moyenne la durée d'hospitalisation à l'occasion d'une naissance. Avec à la clé, 280 millions d'euros d'économies sur les 10 milliards attendus pour cette période. D'après Le Figaro qui révèle l'information, cette mesure a été imaginée car « une femme est hospitalisée en moyenne en France 1,2 jour de plus que dans les autres pays développés pour un accouchement par voie basse, soit 4,2 jours contre 3 jours » et que « réduire la durée de séjour en maternité est possible » à condition d'améliorer l'accompagnement du retour à domicile. Une réflexion « un peu inquiétante » pour Thierry Vidor, directeur général de l'association Familles de France. « On se pose la question pour la santé des nouveaux nés et des mamans qui sont amenées à s'occuper ensuite de leur enfant à la maison. Une femme, il lui faut plus de trois jours pour se remettre », a-t-il réagi ce jeudi sur BFMTV. Mais au fait, que veulent vraiment les femmes françaises ?
Une durée de séjour jugée souvent trop longue
En 2012, le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) a réalisé une enquête sur le thème du séjour en maternité et du retour à la maison. L’analyse a été conduite sur 5417 naissances, dont 66 % de primipares (1ère grossesse) et 9,2 % de césariennes. 67 % des réponses concernaient des accouchements ayant eu lieu depuis 2009, et 93 % depuis 2005.
Tout d'abord, il faut souligner que les durées de séjour déclarées par les femmes étaient différenciées en fonction de la parité et du mode d’accouchement : les femmes césarisées restent en moyenne entre 5 et 6 jours, soit un jour de plus que les primipares ayant accouché par voie basse qui, elles mêmes, restent un jour de plus que les multipares.
Côté ressentiment, une majorité de femmes (56 %) ont trouvé la durée de séjour adaptée. Mais elles étaient tout de même 38 % à préférer rentrer plus tôt chez elles. Toutefois, selon elles, cette demande n’est pas toujours prise en compte par le personnel médical. Enfin, seuls 6 % auraient souhaité rester davantage à la maternité.
Un accompagnement après l'accouchement insuffisant
Dans son projet, l'assurance maladie indique néanmoins que raccourcir les séjours en maternité ne peut se faire qu'à condition d'améliorer l'accompagnement du retour à domicile. Une condition essentielle sachant que l'enquête du CIANE révélait déjà en 2012 qu'une primipare sur six et une femme césarisée sur quatre disent s’être senties désemparées ou angoissées dans les premiers jours à la maison.
Même constat dans une étude de la drees (1) parue en 2008 où les femmes à la sortie de la maternité étaient nombreuses à exprimer des réticences. Elles étaient ainsi entre 15 et 35 % à être plutôt pas ou pas du tout satisfaites des informations et conseils médicaux qui leur sont prodigués afin d’assurer les soins de suites de couches, 22 % pour les soins conséquents à une épisiotomie et 33 % pour ce qui est de la rééducation du périnée. Pas mieux, près de quatre femmes sur dix déplorent avoir été mal préparées aux éventuels troubles post-partum (pertes vaginales, retour de couches, poids, fatigue, sommeil, etc.).
Cependant, ici, ces reproches dans la préparation à la sortie de la maternité n'étaient pas directement imputés à la durée de leur hospitalisation puisque les trois quarts des femmes jugeaient la durée de séjour à la maternité adéquate. Seulement 21 % d'entre elles l'ont estimé trop longue contre 7 % qui estimaient dans cette étude leur sortie prématurée.
(1) Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques