Toutes les pilules n’ont pas le même impact, on le sait. Cette affirmation n’est pas seulement valable pour les effets secondaires. La contraception orale est associée à un léger surrisque de cancer du sein, mais il varie fortement selon la composition, établit une recherche parue dans Cancer Research.
Un risque très léger
Dans le cadre de cette étude, 23 000 femmes âgées de 20 à 49 ans ont été suivies entre 1990 et 2009. Parmi elles, 1 100 ont développé un cancer du sein. En comparant leur contraception à celle des participantes du groupe de contrôle, les chercheurs ont pu déterminer une tendance. Le recours à une contraception orale augmente légèrement le risque de cancer du sein (50 %) par rapport à celles qui n’en prennent pas ou plus. Parmi les compositions qui augmentent le plus le risque, la noréthistérone, un progestatif de synthèse, et les fortes doses d’oestrogènes, qui ne concernent qu’1 % de la population de l’étude.
Les pilules faiblement dosées en oestrogènes, utilisées par une femme sur quatre, ne sont pas associées à un risque accru de cancer du sein. Celles modérément dosées, prescrites à la majorité des femmes, est associé à un risque faiblement élevé.
Des bienfaits qui priment
Ces résultats sont à considérer avec la plus grande prudence : l’étude a été réalisée sur une faible population, restreinte à l’Ouest de l’Etat de Washington (Etats-Unis), et sur une durée considérée comme courte. « Nos résultats demandent à être confirmés, et devraient être interprétés avec prudence. Le cancer du sein est rare chez les jeunes femmes, et de nombreux bienfaits sanitaires associés à la contraception orale doivent être pris en compte », tempère le Dr Elisabeth Beaber, auteur de l’étude. Comme le précise l’étude en conclusion, « les bienfaits pour la santé associés à la contraception orale - planification de la grossesse, régulation des règles, réduction des dysménorrhées, risque réduit de maladies du sein - doivent aussi être envisagés au moment de prendre une décision. »
Peu de risque pour la HAS
En mai dernier, la Haute Autorité de Santé a réévalué les facteurs de risque de cancer du sein nécessitant un dépistage avant 50 ans. Elle a alors établi que la contraception hormonale ne suffit pas pour augmenter le risque de développer un cancer jeune, et qu’elle n’est qu’un facteur de risque modéré passé la cinquantaine. Sans oublier que les études sur le sujet sont pour le moins contradictoires : là où certaines évoquent un risque associé aux pilules modérément et fortement dosées en oestrogènes, d’autres ne concluent à aucun surrisque. Rien ne vaut donc un entretien approfondi avec un médecin qui, au vu du passé médical et familial de la patiente, saura proposer la contraception la plus appropriée.