Les gènes BRCA 1 et 2 sont aujourd’hui connus du grand public. Surtout depuis la médiatisation de la mastectomie d’Angelina Jolie. Mais, la dangerosité d’une autre mutation génétique de susceptibilité au cancer du sein vient d’être évaluée par des chercheurs de l’Université de Cambridge. Une étude parue dans le New England Journal of Medicine permet de dresser le portrait de cette variante du gène PALB2.
Quel est le risque de développer un cancer du sein pour les porteuses de la mutation ?
L’analyse de 154 familles non porteuses des mutations BRCA 1 et 2, comprenant 362 personnes porteuses de PALB2 révèle que ces dernières ont un risque d’environ 35% de développer un cancer du sein aux alentours de 70 ans. Elles sont donc trois fois plus à risque de cancer du sein à 70 ans que la population générale. Par comparaison, celles qui sont porteuses de BRCA1 ont un risque de l’ordre de 65%.
Le risque est-il augmenté en fonction de l’histoire familiale ?
Oui, plus de membres de la famille souffrent ou ont souffert du cancer du sein, plus le surrisque des porteuses de PALB2 est important. Chez les femmes ayant au moins deux membres de sa famille du 1er degré (mère ou sœur) affectées, le risque monte à 58%. Cependant, « cette mutation particulière ne signifie pas avec certitude que quelqu’un développera un cancer du sein, mais c’est un autre indice pour les femmes, qui peuvent prendre des choix éclairés sur comment réduire leur propre risque », précise le Pr Peter Johnson, médecin en chef pour Cancer Research UK.
La mutation génétique PALB2 est-elle fréquente ?
Non, seulement un petit pourcentage de femmes dans le monde en sont porteuses. Les auteurs de cette découverte estiment que des recherches doivent être menées afin de d’obtenir des estimations précises de la fréquence de cette mutation dans la population générale.
Que doit faire une femme porteuse de cette mutation ?
Cette découverte constitue clairement un nouvel outil qui devrait améliorer la surveillance du cancer du sein. « Maintenant que nous avons identifié ce gène, nous sommes dans une position qui nous permet de délivrer des conseils génétiques. Si une femme est porteuse de cette mutation, nous lui recommandons d’avoir une surveillance rapprochée, avec notamment un dépistage par IRM », estime le Dr Marc Tischkowitz, du département de génétique médicale à l’université de Cambridge.
Pour le moment, il n’existe pas d’examen spécifique mais les chercheurs de l’hôpital Addenbrooke, qui dépend de l’université de Cambridge, sont en train de développer un test clinique pour le PALB2, qui devrait bientôt être disponible.
Existe-t-il un traitement pour minorer ce sur-risque de cancer du sein ?
Les cellules porteuses de la mutation PALB2 seraient sensibles aux inhibiteurs de la PARP, des médicaments qui sont actuellement testés contre le cancer du sein lié aux mutations BRCA1 et 2.
Les résultats de ces recherches sont donc d’une grande importance. « Depuis qu’on a découvert les mutations BRCA1 et BRCA2, à la moitié des années 1990, aucun autre gène d’importance comparable n’a été révélé », souligne le Dr Marc Tischkowitz. « La communauté scientifique était d’accord pour dire que, s’il en existait d’autres, nous les aurions déjà trouvés. Mais PALB2 est potentiellement un "BRCA3". »